Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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1906. Aan R. DescartesGa naar voetnoot1). (K.A.)Il y a aujourdhuy un mois, que je me mis en debvoir d'executer ce qu'il vous avoit pleu me commander à l'endroict de M. HeinsiusGa naar voetnoot2), par une vostre lettre sans dateGa naar voetnoot3), et ne me fut possible de m'y employer plus promptement, accablé que j'estoy d'affaires, au premier remuement de ceste armée. Depuis j'ay roulé dans le tonnerre, que vous n'avez ouy que de loing, mais il n'y a point eu de temps perdu par ma faulte. L'extrait de la response de M. Heinsius, datée du 18e, que je viens de recevoir presentement, vous en fera foy. Vous y trouverez d'abondant l'abus où il s'enlasse, s'imaginant que c'est encore le professeur ScionitaGa naar voetnoot4) qui luy demande ce prest. Quoy qu'il en soit, vous appercevrez, j'espere, qu'en eclarcissant le docteur redoutable, il y aura moyen d'obtenir ce que demande M. HardyGa naar voetnoot5), pourvu qu'il luy plaise d'y contribuer ce qu'on propose, nempe ut obiler id manu propriâ testetur, qui est, à mon advis, la forme de caution que les gens d'honneur ont à rendre en ces occurrences. En ce qui est de la querelle passée entre Mess.rs Heinsius en Balzac, je suis fort pour le dernier, mais ne donne pas tout le tort au premier. Iliacos intra muros et extra peccatum fuitGa naar voetnoot6). Il y en a cependant qui regrettent d'avoir veu si tost terminé le different. M. de CharnacéGa naar voetnoot7) estoit de ce nombre, et soustenoit qu'il importoit au bien des lettres de les agacer de plus en plus, pour ne cesser d'en veoir tous les jours de plus belles pieces. Mais dans ceste moderation je ne sçay comment j'apprehende d'avoir descendu de quelques degrés du siege que M. de Balzac m'avoit donné en son amitié. Peut estre que mes apprehensions soyent vaines, mais un grand argument m'inquiete, c'est de l'avoir veu se taire sur le subject de ma grande affliction domestique, qu'il n'a pas ignorée. Si vous trouvez ma crainte fondée et ma disgrace injuste, je vous demande le pouvoir de vostre entremise à me restablir d'où j'ose dire n'avoir jamais merité d'estre debouté. Vous voyez, Monsieur, par la prolixité dont je m'avance à vous entretenir, combien j'ay l'impression forte de ce que vous ayez pieça reussi dans l'invention de la vie alongéeGa naar voetnoot8). Et pour m'en mettre donques hors de peine, je vous supplie de me dire serieusement à quoy vous en estes; si voz contemplations voltigent encor, ou bien si vous en avez reduit quelque chose en art et par escrit, et quand viendra le temps que vous nous enseignerez le temps à vivre que nous doibt la nature moyennant voz adresses. Pour comble de ceste importunité je vous prie de sçavoir, de par le S.r van der StratenGa naar voetnoot9), philosophe extravagant dont vous aurez ouy parler, qu'il s'offre, à toutes les fois qu'il me plaira, de faire fondre dans la paulme de ma main un diamant oriental ou bien de l'or - qu'il dit se reduire en une sorte d'argent - vif jaune - ou quelqu' autre metal, hormis le plomb et le cuivre, si je ne me trompe, et ce dans l'espace qu'il fault à prononcer bien peu de patrenostres, au moyen d'une chose tres-facile à recouvrer et si peu corrosive qu' insensiblement on en supporte sur la langue. Il y a longtemps qu'il me presse de vous en asseurer, en ayant, ce dit-il, par deux fois faict espreuve dans la main du marquis Spinola, en presence du P. ScribaniusGa naar voetnoot10) et autres Jesuites, qui s'imaginoyent que la chose tendroit à quelqu' autre invention avantageuse, au contraire de ce que luy-mesme en suppose, desireux seulement d'entendre s'il vous plairoit l'instruire par raisons, de ce qu'il y peut avoir dans la nature de capable à ouvrir si aisement les compositions les plus solides et serrées. Je ne suis pas encore tesmoing de l'experience, mais | |
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tascheray de l'estre. Cela puis-je averer, qu'il a coupé en un quart d'heure une barre de fin acier, forgée exprès, d'une trenche si subtile qu'à peine un poil de cheval y eust entré, et dit que nous ne sommes jamais sans porter sur nous ce de quoy il faict ce miracle, au moyen duquel on sçait qu'il s'est souvent sauvé des plus fortes prisons des Archiduqs. Obligez-moy, s'il vous plaist, de m'en dire un peu vostre advis, au moins si vous estes en train de vivre plus que tous les hommes. A moins de ceste science j'abuse impudemment de voz heures precieuses et en tout cas vous en demande pardon, demeurant .....Au camp près de Berg op Zoom, le 30e de Juillet 1638. |
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