Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1811. R. DescartesGa naar voetnoot5).Vous avez sujet de trouver estrange que vostre CampanellaGa naar voetnoot6) ait tant tardé à retourner vers vous, mais il est desja vieil, et ne peut plus aller fort viste. En effet, bien que je ne sois | |
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pas éloigné de la Haye de cent lieuës, il a neantmoins esté plus de trois semaines à venir jusques ici, où m'ayant trouvé occupé à répondre à quelques objections qui m'estoient venuës de diverses parts, j'avouë que son langage, et celuy de l'Allemand qui a fait sa longue preface, m'a empesché d'oser converser avec eux avant que j'eusse achevé les dépesches que j'avois à faire, [par] crainte de prendre quelque chose de leur stile. Pour la doctrine, il y a quinze ans que j'ay vû le livre de Sensu rerumGa naar voetnoot1) du mesme autheur, avec quelques autres traittez, et peutestre que celuy-cy en estoit du nombre, mais j'avois trouvé dés-lors si peu de solidité en ses escrits, que je n'en avois rien du tout gardé en ma memoire, et maintenant je ne sçaurois en dire autre chose, sinon que ceux qui s'égarent en affectant de suivre des chemins extraordinaires, me semblent bien moins excusables que ceux qui ne faillent qu'en compagnie, et en suivant les traces de beaucoup d'autres. Pour mon livre, je ne sçay quelle opinion auront de luy les gens du monde; mais pour ceux de l'ecole, j'entens qu'ils se taisent, et que faschez de n'y trouver pas assez de prise pour exercer leurs argumens, ils se contentent de dire que, si ce qu'il contient estoit vray, il faudroit que toute leur philosophie fust fausse. Pour M. FromondusGa naar voetnoot2), le petit different qui a esté entre luy et moy ne meritoit pas que vous en eussiez connoissance, et il ne peut y avoir eu si peu de fautes dans la copie que vous en avez veuë, que ce n'ait esté assez pour défigurer entierement ce que vous y eussiez pû trouver de moins desagreable. Au reste, cette dispute s'est passée entre luy et moy comme un jeu d'échets; nous sommes demeurez bons amis aprés la partie achevée, et ne nous renvoyons plus l'un et l'autre que des complimens. Le docteur Plempius, professeur en medecine à LouvainGa naar voetnoot3), m'a fait aussi quelques objections contre le mouvement du coeur, mais comme amy, afin de mieux découvrir la verité, et je tâche à répondre à un chascun du mesme stile qu'il m'écritGa naar voetnoot4). Il y a un conseiller de Thoulouse qui a un peu disputé contre ma Dioptrique et ma GeometrieGa naar voetnoot5); puis quelques geometres de Paris luy ont voulu servir de secondsGa naar voetnoot6), mais je me trompe fort, ou ny luy, ny eux ne sçauroient se dégager de ce combat, qu'en confessant que tout ce qu'ils ont dit contre moy sont des paralogismes. Je n'oserois vous rien envoyer de ces écrits; car bien qu'ils me semblent valoir bien la peine que vous les lisiez, il en faudroit neantmoins trop prendre pour les copier, et peut-estre qu'ils seront tous imprimez dans peu de temps. En effet je souhaitte que plusieurs m'attaquent de cette façon, et je ne plaindray pas le temps que j'employeray à leur répondre, jusques à ce que j'aye de quoy en remplir un volume entier; car je me persuade que c'est un assez bon moyen pour faire voir si les choses que j'ay écrites peuvent estre refutées, ou non. J'eusse surtout desiré que les RR. PP. Jesuites eussent voulu estre du nombre des opposans, et ils me l'avoient fait esperer par lettres de la Fleche, de Louvain et de l'IsleGa naar voetnoot7); mais j'ay receu depuis peu une lettre d'un de ceux de la FlecheGa naar voetnoot8), où je trouve autant d'approbation que j'en sçaurois desirer de personne; jusques-là qu'il dit ne rien desirer en ce que j'ay voulu expliquer, mais seulement en ce que je n'ay pas voulu écrire; d'où il prend occasion de me demander ma Physique et ma Metaphysique avec grande instance. Et pour ce que je sçay la correspondance et l'union qui est entre ceux de cét ordre, le témoignage d'un seul est suffisant pour me faire esperer que je les auray tous de mon costé; mais pour tout cela, je ne voy encore aucune apparence que je puisse donner au moins de longtemps | |
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mon Monde au monde, et sans cela, je ne sçaurois aussi achever les Mechaniques dont vous m'écrivez, car elles en dépendent entierement, principalement en ce qui concerne la vitesse des mouvemens. Et il faut avoir expliqué quelles sont les loix de la nature, et comment elle agit à son ordinaire, avant qu'on puisse bien enseigner comment elle peut estre appliquée à des effets ausquels elle n'est pas accoustumée. - Je n'ay rien à répondre touchant le desir qu'a M. de Pollot de voir les trois feüillets qu'il vous a demandez, et comme c'est en vous un excez de courtoisie, de me vouloir laisser quelque droit sur une chose qui vous appartient, c'est en luy un témoignage qu'il fait plus d'estat de moy que de ce que j'ay écrit, que d'avoir envie de le voir. Mais c'est sans doute le favorable jugement qu'il vous en aura vû faire, qui luy aura donné cette envie. Je vous remercie tres-affectueusement des nouvelles et du livreGa naar voetnoot1) dont il vous a plù me faire part; j'en suis aussi tres obligé à M. de Saumaise, puisque c'est de luy qu'elles me viennent, et je l'estime à tel point, que je tiens à beaucoup de bonheur, si j'ay quelque part en ses bonnes graces. Pour ce que l'autheur de ce livre dit de ma philosophie, qu'elle suit celle de Democrite, je ne sçaurois dire s'il a raison ou non; car je ne croy pas que ce qu'on nous rapporte de cét ancien, qui vraysemblablement a esté un homme de tres bon esprit, soit veritable, ny qu'il ait eu des opinions si peu raisonnables qu'on luy fait accroire; mais je vous avouë que j'ay participé en quelque façon à son humeur, lorsque j'ay jetté les yeux sur le livre que vous m'avez envoyé, car tombant par hazard sur l'endroit où il dit que Lux est medium proportionale inter substantiam et accidensGa naar voetnoot2), je me suis quasi mis a rire, et n'en aurois pas lù davantage, n'estoit l'estime que je fais de son autheur, et de tous ceux qui comme luy travaillent, autant qu'ils peuvent, à la recherche des choses naturelles, et qui, tentans des routes nouvelles, s'écartent pour le moins du grand chemin, qui ne conduit nulle part et qui ne sert qu'à fatiguer et égarer ceux qui le suivent. Je suis ..... (Mars 1638)Ga naar voetnoot3). |
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