Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1694. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*La relation que faict le gouverneur de Breda au Cardinal par sa lettre du 12e, interceptée hier, comme V.A. a sceu, se trouve fausse à forte de vanitez, particulierement en ce qui regarde l'attaque donnée à la corne de M. le comte Guillaume, où il dit, que nous avons perdu plus de 200 hommes, et autant de blessez, laissants seulement 70 morts dans la corne mesme, et parmi ceux 42 officiers. Sur quoy il est à noter qu'en tout il n'est demeuré dans la corne que quarante morts et, de six officiers, un mort, et le reste blessé. Il adjouste, que le Prince d'Orange, se ressentant fort de ceste perte, auroit envoyé trois mil hommes hors de son quartier vers celuy du comte Guillaume, pour se venger de ce premier affront, de sorte - dit il - qu'à ce matin nous avons esté forcez de nous retirer. Or pas un homme n'avoit marché hors d'icy, ni aucune force ne leur avoit esté faicte, mais leur retraicte [estoit] volontaire et secrete, de peur de nous veoir retourner. Il dit que le fossé de la corne vers le chasteau est comblé, qui n'est pas veritable seulement aujourdhuy. En ce qu'il parle de ses foiblesses, je pense qu'il doibt estre plus croyable; c'est ce qui s'ensuit: Qu'il juge le quartier du costé du chasteau le plus foible, parce qu'il n'y a point de place à tant coupper, comme l'on faict, dit il, vers le quartier de S. Alt.e, et ce pour donner loisir au Cardinal Infante de le secourrir; ce qu'il prie qu'on fasse promptement, parce que l'enemi, ce semble, apres les galeries achevées, leur veult donner l'assault general de tous costez. Contre quoy S. Alt.e Royale peut considerer combien peu de gens ils tienent, apres tant de morts et de blessez, le nombre des soldats effectifs ne montant pas à 1500. Outre que la necessité de la poudre est grande, pour avoir esté obligez d'en consumer si grande quantité, et plus encores à present qu'à cause des galeries, qu'il fault abattre, on ne s'en sçauroit excuser. Enfin, qu'ils font et feront tout ce qui se peut humainement, tant qu'on n'en pourra plus. Mais que, les hommes et les amunitions defaillant, ce que je crains - dit il - qui sera bientost, selon les calculations qui en ont esté faictes, leurs courages serviront de peu. Insistant encore la dessùs qu'on se haste de les secourrir, et ce par les mesmes endroits qu'il a enseignez par ci devant, ce qu'il croit plus faisable, maintenant que l'enemi est engagé et espars en tant de postes et fortifications de trenchée. C'est la substance du contenu de ceste lettre, que nous prenons pour tres bonne nouvelle, appercevants que ce fier gouverneur commence d'avoir un peu mal au coeur. | |
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Noz galeries s'avancent de bon ordre et asseuré, en sorte que sans perte de gueres de gens on faict estat d'y gaigner de jour à autre de douze à quinze pieds, qui n'est pas pour mettre beaucoup de moiz à ce voyage par eau. - M. le duq de Buïllon envoye force instructions et lettres prinses aveq le marquis de VilleGa naar voetnoot1), premier gentilhomme de la chambre du duq Charles de LorraineGa naar voetnoot2), envoyé au Cardinal Infante et les prinsesses ses soeurs, ores prisonnier à Maestricht. Mais cela ne regardant que son particulier et en partie les armées d'Alemaigne, où on l'avoit voulu obliger de se joindre, il importe, me semble, assez peu d'en entretenir V. Alt.e. - Nostre petit PrinceGa naar voetnoot3) est ravy d'entendre le canon de si près, de veoir arriver des tambours de l'enemy, et choses semblables. Je m'asseure qu'il donnera de fort bons adviz à V.A. de ce qui se passe, et m'a desjà demandé quand il y auroit moyen d'envoyer ses depesches, mais ce porteur icy luy sembloit debvoir partir de trop bonn'heure, pour se lever et rendre compte à V. Alt.e de son arrivée. Je pense qu'il le fera demain à midy, et je luy fourniray tous les jours des messages. - L'enemy passe son armée effectivement à Diest, et semble vouloir faire l'honneur aux Françoiz de considerer qu'ils sont sur sa frontiere. Devant Breda, le 15e de Septemb., apres souper, 1637. |
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