Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
[pagina 284]
| |
pour tenir un gabion ou grande fascine, qui se dispute a tous moments à coups de picques et de grenades à main, de sorte qu'apres ceste nuict il n'est plus apparent qu'il dure de leurs sentinelles dans la contrescarpe, apres laquelle il ne restera que le fossé de la corne, que nostre artillerie bat à outrance, et se verra dans peu envahie par deux endroits du costé françois, et par deux autres de l'anglois. - La nouvelle qui a courru icy depuis le matin - sur ce que Monsieur le comte Guillaume en avoit faict communiquer à S. Alt.e par une lettre du commandeur de Heusden, informé par un sien amy de Grave - comme l'armée enemie le 20e jour du mois auroit quitté Venlo, pour aller secourrir Namur, assiegé par les Françoiz, ne se verifie pas. Au contraire, on vient de presenter à S.A. un acte signé par le Cardinal Infante le 21e du courrant, au camp à Blerick, proche de Venlo, par où il ordonne à l'amptman du païs de Cuijck, de mener promptement 800 païsans de son quartier, aveq pailesGa naar voetnoot1) et hoyaux, pour travailler au quartier du comte Jan de Nassau à Baerle là aupres; qui estant une sotte copie de l'employ que nous avons donné à noz païsans de l'Hollande, attendu que les autres, estants soubs contribution, sont obligez de se tenir neutres et hors de parti, S. Alt.e a faict aussitost expedier un acte contraire, par où lesdits païsans de Cuijck ont ordre, de n'obeïr en aucune sorte à ladite semonce, sur peine d'execution militaire sans connivence, tout subjects qu'ils sont de S. Alt.e, qui est bien d'intention d'en commander demain autant à ceux de Hoochstraten et Turnhout, par forme de retorsion. - Le siege donq de Venlo dure tousjours, mais M. de Buïllon a quelque advis plus apparent de ce que l'enemi auroit destaché bon nombre de cavallerie et aussi d'infanterie hors du camp, qui auroit marché à la veuë de Maestricht vers Namur susdit, où pourtant il n'y a aucun siege qu'on sache, le monde s'estonnant, mesmes dans Bruxelles, comme il est possible que les Françoiz n'attentent rien par ces belles occasions, depuis ce grand siege de Landrechy, d'où enfin il est sorti 250 hommes. Il est vray qu'ils courrent jusqu'à Binche et Trasigny, à six et sept heures de Bruxelles, mais ce ne sont que courses, dont il ne vault pas la peine de parler. - Cependant on s'est chatouïllé trois jours de suitte par toute la Flandre et Brabant de ce que le fort de Knodsenburg, Nimmeghen et Tiel avoyent esté prins, le siege de Breda levé, 500 Françoiz battus icy au quartier, et tout nostre faict en desordre, jusques à designer dans quelles maisons logeoyent le Cardinal Infante, le president RosaGa naar voetnoot2) et autres grands à Nimmeghe, comme le Te deum y avoit esté chanté et choses semblables, qu'on a tant prins plaisir de veoir imprimées, non pas en forme de gazette, mais en gros characteres, à Bruges, que par occasion d'un tambour, allant aujourdhuy dans Breda, S. Alt.e y en a faict porter un exemplaire, à ce qu'ils voulussent prendre la peine de nous informer de ce qu'ils en sçavoyent, et s'il estoit vray que nous fussions partiz. Là dessus ils ont respondu que, puisque leurs gens l'avoyent publié, il falloit le porter à leur armée, afin qu'ils en verifiassent le contenu par effect, autrement qu'ils en avoyent menti. Comme ils ont, graces à Dieu, ne paroissant par tout cela que l'estat asseuré, qu'ils avoyent faict de leurs entreprinses sur le Wael, qui nous servent de belle advertence. - A ce soir Mons.r de Charnacé et Mons.r GoringGa naar voetnoot3) sont entrez en garde aux approches, où il n'est rien arrivé de con- | |
[pagina 285]
| |
siderable depuis hier, outre ce que j'en ay touché au commencement. - La lettre de V. Alt.e, envoyée par le greffier hier, a esté bien rendue ceste apresdisnée. Devant Breda, le 26e d'Aoust 1637. |
|