Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1652. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Le capitaine des gardes d'un costé, et le coronel Goring de l'autre, ont si bien travaillé la nuict passée, qu'on estime que dans celle-cy l'une et l'autre approche sera dessus la contrescarpe de la corne de l'enemi, ou peu s'en faudra, et peut on bien dire, que jamais il n'a esté veu si grand progrez en si peu de jours, tant tout le monde y va d'affection et de chaleur. Ceste corne, comme je pense avoir dit par le passé, s'attaquera en partie dans les flanqs, au moyen | |
[pagina 279]
| |
de quoy, il n'est pas apparent que ceux qui y font si bonne mine jusqu'à maintenant, y durent jusqu'au bout, ou entreprennent de la retrencher par morceaux. On se servit du mesme expedient à Boisleduq à l'endroit du grand fort, qui en fut conquis bien plus vistement. Apres cest ouvrage prins, il restera le fossé de la ville, qui en effect est bien large, mais la prattique de les passer est si seure, que pour un peu de patience on ne lairra pas d'en venir à bout, s'il plaist à Dieu. - Du costé françois nous n'avons eu que cinq hommes morts, de l'auglois aussi il n'est arrivé aucune perte de consideration, bien que ceux de la ville, depuis disner, ayent commencé à nous jetter des grosses grenades, apparemment de celles qu'on y laissa l'an 1625. S'ils y alloyent de plus d'adresse qu'ils ne font, et qu'ils en peussent faire tomber dans quelque corps de garde, cela pourroit faire assez de mal, mais il est à croire que pour tout cela la grande quantité de poudre que cela consume leur en fera passer l'appetit. - De nostre costé il leur sera faict response dans demain d'une recreuë de six demiz canons, et s'accommode la baterie en sorte, qu'elle en portera à la fin douze et davantage, que S.A. a proposé d'y faire jouër à la fois, pour faire taire les leurs, quand il sera temps que nous nous entendions parler de plus près. - A ce soir sont entrez en garde aux approches Mess.rs d'OuchantGa naar voetnoot1) et ColpepyrGa naar voetnoot2). Demain au soir j'auray l'honneur de rendre compte à V.A. de ce qui s'y sera passé d'importance, comme il y a plus de quinze jours que je continue de faire, sans aucune interruption, en quoy je pretends d'exceder l'assiduité de tous les courantiers d'Hollande. Que si les messagers, que j'envoye tout exprès, et dont il en couste tous les jours vingt franqs à l'Estat, me trompent, ne pouvant avoir l'honneur d'estre moy mesme le porteur de mes depesches, je supplie tres-humblement V. Alt.e de ne m'en imputer point la faulte, dont il m'a affligé de me veoir soupçonné quelquefoisGa naar voetnoot3). Le page Jonvilliers vient de m'en porter encor quelque message par ordre de V. Alt.e, mais elle trouvera, s'il luy plaist d'y faire regarder, que je proteste justement du tort que me font ces faulx vilains, qui de jour à autre me promettent de ne mettre que quinze ou seize heures au voyage, comme cela se peut et se faict tous les jours par d'autres. Là dessùs j'ay prié Monsieur de MerlotGa naar voetnoot4), de faire bien marquer jusqu'à l'heure que mes lettres se rendent, mais je voy que ce n'est pas assez. Dorenavant je marqueray aussi leur date sur la couverte, au moyen de quoy V.A. pourra descouvrir la meschanceté de ces belistres, s'ils osent luy presenter des pacquets de quatre jours, comme ledit page me dit estre arrivé. Bien entendu que, comme j'escris toujours vers minuict ou apres, pour sçavoir tout ce qui s'est passé jusqu'à la fin des dernieres vingt quatre heures, et les lettres ne sçauroyent partir que le lendemain, on ne leur impute cest intervalle là pour un jour entier, qui bien souvent n'est que de peu d'heures. - En escrivant, j'entens une tirerie extraordinaire aux approches. C'est que ceux de dedans commencent à se piquer de ce qu'on les va joindre de trop près, et apparemment se mettent en debvoir de quelque forme de sortie sur nos sappeurs. Nous voyons qu'ils continuent de nous jetter des grenades. Devant Breda, le 22e d'Aoust 1637. |
|