Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1635. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Un homme, se disant bourgeois de Breda, qui, ayant servi autrefois dans Boisleduq à l'enemi, a prins depuis quelques quatre moiz sa neutralité à la Haghe, sorti de la ville hier au soir, a esté mené ce matin à M. le comte Guillaume, et d'abord a declaré d'avoir jetté des lettres du gouverneur en certain endroict, où de faict il les est allé reprendre, accompagné d'un peu de convoy qu'on luy a donné. La lettre du gouverneur se trouve encor une duplicate en chiffre de celle qu'avons recouvrée depuis peu, à sçavoir du 5e d'Aoust, mais deux autres, l'une du drossart, et l'autre du pagadorGa naar voetnoot1) de la garnison sont datées d'hier seulement, ne contenants, la premiere qu'une credence pour le porteur, et la seconde quelque advis de la reception d'une lettre de change. Seulement il se trouve en celle du gouverneur une postdate au Cardinal Infante, par où le porteur est nommé alferesGa naar voetnoot2), homme cognu au païs, et qui luy doibt dire de bouche des particularitez touchant la forme du secours. Pour du message de bouche, il nous en declare assez, mais nie fortement d'avoir jamais esté officier, n'en a pas la mine aussi, et semble que le dessein ayt esté de faire porter le pacquet par un alferes, qui ne l'ayt voulu entreprendre; quant à luy, il avouë que, pour ses peines, on luy a promis douze pataconsGa naar voetnoot3) de pension par mois, et 300 livres comptans, dont il auroit receu la moitié. On ne sçait que croire du galland, mais en tout cas il demeure en garde, protestant de n'y estre allé que pour servir nostre Estat, et qu'à bonnes enseignes il a sa femme et ses enfants dans Boisleduq, les y ayant envoyez dès le lendemain de l'arrivée de noz trouppes icy autour, et enseignant jusques à la rue et la maison où on les trouvera. La principale chose qu'il dit avoir en charge, à rapporter au Cardinal de bouche, c'est que leur intention seroit de mettre le feu dans nostre pont et navires à Terheiden, en mesme temps qu'on nous attaqueroit de dehors et dedans, où il dit que toutes les nuicts 1800 hommes ont ordre de se tenir prests à sortir au premier commandement. Si on osoit s'en fier, comme d'aucuns ne s'en veulent defier, il y auroit moyen de tirer une lettre du Cardinal, où il offre d'encor faire le voyage, pour une fois. Mais qui sçait ce qu'il peut avoir de plus caché? - A ce soir, depuis les sept heures jusques à dix, on a entendu | |
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battre force tambours au quartier de l'enemi, comme s'il marchoit, aussi le son de quelques trompettes, et sur la brune des grands feux allumez, qui ne cessent encor de paroistre. On ne sçait si, faisans la mine de partir, ils n'ont point envie de parler à nous d'un autre costé ceste nuict. Le stratageme est assez commun, mais en tout cas, les trouppes sont alertes, et toutes gardes en bon estat. Devant Breda, le 13e d'Aoust 1637. |
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