Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1616. J. de la PiseGa naar voetnoot1). (R.A.)Vous estes mieux informé de mes affaires et de la cause de ma persecution, et avés plus de credit pour m'y faire pourvoir que nul autre. Vous scavés que cest inique arrest n'a esté pretexté contre moy que sur les escripts que je vous ay remis avec tant de sincerité, pour estre presentés à son Altesse, en quoy mesmes sont intervenues plusieurs asseurances de vostre bouche que je le pouvois faire sans apprehension, lorsque je me plaignois des greffiers qui m'avoient si souvent exposé à mes haineux. Mais quand tout cela ne seroit point, ma conscience et mon devoir m'obligeoient à ne point taire à son Altesse les choses que chacun scait, et qui se verifient d'elles mesmes. Que si, ou par ordre de son Altesse, ou autrement, mes lettres et mes remonstrances ont esté envoyees à ceux que il touche, ils les ont deu recepvoir avec plus de respect, venant de la part de son Altesse, que de conclurre et encor faire instance qu'elles fussent brullees de la main d'un bourreau, car ces pieces la ont cessé d'estre mienes, des qu'elles ont esté entre les mains de son Altesse. Et en tout cas ils s'en devoient justifier, et non pas me faire mon proces la dessus, ou bien faire ordonner que je verifierois ce que j'y advançois, et apres me poursuivre pardevant son Altesse, et non pas me condamner en leur propre fait sur des escripts dressés et presentés au Prince à pres de trois cents lieues d'eux, et par ainsi bien loin de leur jurisdiction. Que si je n'ay dit que toute verité à S.A., comme je le soustien - et non toutes - croyés, Monsieur, que ceux desquels il est parlé dans lesdits escripts auroient bien deservi de plus grandes peines que moy, s'il en faloit juger de la verité, estant adveree. J'aurois autant de raison de demander justice contre eux des fausetés - sauf correction - qu'ils ont advancees contre moy, qu'ils ont eu de pretexte de la haine eux mesmes contre moy, et haine de la verité que je n'ay espargnee. Que s'il plaisoit à son Altesse me permettre de prendre en partie formele tous ceux qui ont donné ce jugement, et me donner des juges pour en cognoistre, je les mettrois en pire estat, qu'ils ne m'ont pas voulu mettre, et aux termes de n'en pouvoir estre rellevés que par grace. Je loue Dieu que mon innocence ne me permet de reclamer que la justice du Prince. Ce n'est icy l'endroit ou je pretends de faire voir le tort qu'ils m'ont fait, mais seulement d'implorer le remede de la bonté de son Altesse par vostre favorable credit et intercession, s'il vous plaist, Monsieur, me le despartir, comme je vous en supplie tres humblement. Je ne doubte point que vos occupations ne soient tres grandes, | |
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et au lieu ou vous estes celles du dehors ennuyeuses, mais la consideration de mon honneur et la consternation de toute ma famille et l'interest de tous les miens, auxquels ce remede defaillant, il ne reste autre que celluy d'un juste ressentiment contre les autheurs, me fait insister avec importunité à ma tres humble, mais juste requeste, vous asseurant, Monsieur, que vous ne departirés jamais de vos faveurs à perçonne qui tache de s'en rendre plus digne par toute sorte de services que moy, qui suis veritablement ..... De la Haye, ce 7e Aoust 1637. |
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