Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1542. Aan E. DiodatiGa naar voetnoot2). (K.A.)Sorti à peine du nuage d'une calamité domestique dont il a pleu à Dieu me menacer seulementGa naar voetnoot3), comme j'espere que M. PollottiGa naar voetnoot4) vous aura faict entendre par avance, j'attrappe ce premier ordinaire, pour vous rendre compte de ce que vous m'avez voulu commander touchant la proposition faicte par le S.r Galilei à cest estatGa naar voetnoot5). L'histoire en sera courte, parce que n'en ayant conferé encor qu'aveq M. Musch, j'ay trouvé que, pour ce qui est de l'acceptation de | |
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l'offre et le ressentiment qui se doibt à la grande bienvueillance d'un personnage si celebre, la chose est icy en aussi bons termes qu'on la puisse desirer et, à ce que ledit S.r Musch m'asseure, le Sr. ReaelGa naar voetnoot1) s'est chargé de par l'estat d'en faire notification tres-ample à vostre amy. Mais ce sera - si desjà ses depesches ne sont parties - en luy demandant un telescope de sa façon, ceux de ces païz ne nous pouvant representer ces quatre satellites, dont il s'agit, sans je ne sçay quelle sorte de scintillation, qui pourroit empescher les observations soudaines et momentanées de leurs congiuntioni, applicationi et eclissi, telles que l'auteur nous les specifie, de sorte, Monsieur, que le rapport de ces commissaires ne s'estant peu faire que provisonel et en partie, sans l'ayde de l'engin principal, je ne voy pas quel subject le S.r Galilei pourroit avoir de se tenir peu satisfaict du delay de noz resolutions. Il restera d'ailleurs l'expedient necessaire contre les agitations de la mer, et l'horologe, de pareille importance à bien effectuer ces operations. Tout cela est de l'essence en tant que la chose regarde la navigation. Si ne le voyons nous qu'en esperance, et qui sçait si ce grand personnage vivra assez pour nous achever d'instruire? Je vous donne à penser la dessus, s'il n'importe pas que vous continuez à l'en presser, et que, si tout ne paroist d'abord au degré de la perfection, nous ne debvons mettre peine et nous haster d'en approcher par son adresse tant que pouvons. J'advouë que. si sibi constat calculus ephemeridum, comme je suis bien content de m'en reposer sur la bonne foy de l'auteur, c'est desjà un grand point gaigné par terre, et d'ou s'ensuivra necessairement la reformation de toute la geographie, mais les interests particuliers nous pressants plus et uniquement, à nous veoir designer en haute mer, ou nous sommes, tant au regard du long que du large, vous pouvez considerer, qu'il n'y a que l'invention marine qui nous chatouïlle principalement, et sans laquelle aucunement reduitte à l'effect de la prattique, que noz peuples auront de la peine à se tenir obligez d'un benefice general et beau, plus qu'avantageux à leurs affaires. Mais ce sera bien moy, Monsieur, qui travailleray à leur donner de plus saines impressions. Je vous prie d'en asseurer ce digne personnage, et que, si tout ce monde a de la passion pour son excellent merite comme moy, il ne manquera pas d'en tirer toute sorte de satisfaction. C'est ce peu, Monsieur, que j'ay eu à vous dire sur ceste illustre matiere, dont je cheris l'occasion au double pour m'en veoir dans l'acquest de vostre amitié, recherchée aveq raison par tous ceux qui estiment la vertu des sciences, et la science des vertuz. Je prendroy plaisir à m'estendre sur ce subject, mais il faut que j'abbrege, en protestant que j'ay esté six fois interrompu dans ces trois pages d'escriture. Ita nos Dij nimirum tanquam pilum habent. C'est la rouë de mon mestier qui ainsi m'agite de matiere en matiere. Aggreez, s'il vous plaist, ce discours tumultuaire, et me faictes la faveur de croire, que j'auray un soin tres-particulier de vous faire veoir à combien je repute l'honneur d'estre creu .... A la Haye, ce 13 d'Apvril 1637. |
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