Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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1392. Aan R. DescartesGa naar voetnoot1). (K.A.)Je n'entens pas sans ressentiment d'injure le doubte que vous sembbez avoir, si les papiers dont il vous a plu me gratifier autrefoisGa naar voetnoot2) ont esté conservez ou non. Il partiroit bien moins de chose de vostre main et ne se perdroit jamais dans la miene. Les voyci donq en espece ou en individu, si vous avez encor une oreille de reste pour ce beau langage de l'escole que vous alles ruiner. Je souhaitte fort que vous fassiez rencontre d'un graveur tant soit peu philosophe, et qui ayt la conception prompte comme le hurin. S'il manque en l'une ou l'autre qualité, il vous desgoustera et ne soulagera jamais vostre lecteur. Il est vray, Monsieur, que pour cest instrumentGa naar voetnoot3), comme il est des choses plus palpables qui soyent sorties de vostre esprit, ces eschantillons l'y pourront esclairer, mais quand ce viendra aux anguilles de l'eau, aux differences des pluyes et des brouillars, et choses semblablesGa naar voetnoot4), j'apprehende extremement, qu'à moins de subir les mesmes peines que vous avez voulu prendre pour mon subject, vous ne trouverez point d'artisan qui vous satisfasse. Il reste que la necessité vous porte a l'endroit de voz enfans, à l'effort qu'elle fit faire au fils de Croesus pour sauver son pereGa naar voetnoot5), et que la peur ou l'indignation vous fasse vostre ouvrier. En effect, Monsieur, l'essay que vous venez de m'en envoyer vous servira d'une longue condemnation, s'il se rencontre en voz oeuvres des faultes de la main. Je vous en baise les mains tres-humblement, et apres m'estre congratulé de mon ignorance, qui vous a faict le fils de Croesus, je vay remettre mon tourneur à la seconde espreuve, dans laquelle je suis bien asseuré que ses faultes ne trouveront plus le pretexte dont il m'a payé par le passé. Si cependant vous souffrez que je retourne a vous animer à la production de voz oracles, et à vous supplier de me faire entendre par occasion jusques ou en est vostre imprimeur, que je revere desjà comme on faisoit anciennement les mystes de Delphes, j'oseray presumer que vous me continuez l'honneur de ceste grande bienvueillancc que j'ay aussi peu meritée que je desire la recognoistre aveq passion, en vous tesmoignant que je suis parfaictement ..... A la Haye, le 15e de Juin 1636. |
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