Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1362. J.L. Guez de BalzacGa naar voetnoot4). (R.A.)A mon arrivée en cette ville j'ay trouvé vostre paquet qui m'y attendoit, et Monsieur de AiguebereGa naar voetnoot5) prest de s'en retourner en Hollande. Je luy ay descouvert le fonds de mon coeur sur quelques particularités dont j'ay appris que vous desiriés esclaircissement, et l'ay conjuré de vous rendre conte de la conference que nous avons eue. Il m'a promis de me faire cette faveur, et de vous confirmer a loysir ce que je vous escris à la haste. Mais je vous l'escris, Monsieur, avec toute la franchise et toute la sincerité que vous devés attendre d'un homme qui fait particuliere profession et d'estre veritable et d'estre vostre serviteur. Je vous diray donc en premier lieu que je ne sçay que c'est de ce fantosme blanc dont il est parlé dans vostre lettreGa naar voetnoot6), et que jusques icy m'estant expliqué avec quelque succés en termes intelligibles, je n'ay point sujet d'avoir recours aux enigmes et aux hieroglifiques pour acquerir nouvelle reputation, beaucoup moins pour me faire deviner a mes amys, et exercer mal a propos leur subtilité. Si bien qu'a mon advis il faut que cette multitude d'envelopesGa naar voetnoot7) soit de l'invention d'un valet trop soigneux et trop prevoyant, qui fit le paquet ches le marchand hollandois, que j'avois prié de s'en charger pour le vous faire tenir. Et ainsi je suis tres innocent de ce costé la, comme je vous supplie de tout mon coeur de ne me point croire coupable du reste. J'aymerois mieux avoir bruslé tous mes livres que d'avoir fasché le moins considerable de mes amys, et Monsieur Heinsius me fait un extreme tort de penser que j'aye voulu le choquer dans les propositions que je luy ay faites. Je vous ay souvent protesté que je ne demandois qu'instruction; maintenant que je l'ay receue, je demeure entierement satisfait, et acquiesce a toutes les responses de l'oracle. Mais de grace, Monsieur, qu'on s'arreste a la destruction de l'ouvrage, et que nostre amitié se conserve dans la ruine de mes opinions. Cela se peut sans beaucoup de peine par l'adoucissement de quelques endrois de l'escrit que j'ay marqués, sur lesquels vous ferés, je m'asseure, consideration pour l'amour de moy, qui vous honore et estime parfaitement, et suis autant qu'homme du monde ..... A Paris, le 23 Mars 1636. Le moment de loysir dans lequel je vous escris ne me permet pas de vous entretenir comme je voudrois, mais Monsieur de Aiguebere me fera l'honneur de suppleer à ce defaut, et vous avés, Monsieur, trop de connoissance de sa haute probité pour pouvoir douter de la verité des choses qu'il vous dira. |
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