Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1111. C.B. de PetersdorffGa naar voetnoot4). (H.A.)Depuis mon voyage que je fis l'année passée au commendement de Mon- | |
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seigneur le Prince d'Orange à Paris, je ne vous ay peu escrire, parce que j'ay esté incertain si les miennes escrites dudit Paris estoient tombées es mains de S.E. et les vostres; joinct aussi que j'ay fait depuis un assez penible voyage en Allemagne, pour voir mes masieres et chaumes restantes du naufrage commun, car tant s'en faut qu'on y voye autre chose, que moy Alleman je ne me cognois plus en Allemagne, in natali solo. C'est là ou se practique astheur ce qu'on dit: On sers comme un serf, ou s'enfuis comme un cerf. Et d'autant que ce pauvre pays demeure à la mercy des tempestes, et d'ailleurs on commence à chasser ceux de nostre confession de ce royaume par des artifices et oppressions insupportables, je commence à regarder les pays calmes, ou en seurté on peut prier Dieu, et cela si fixement et avec des desirs si attractifs, que je voudrois que ce fut aujourdhuy, que j'en debvois entrer, pour consumer ainsi le reste de ma vie. Or n'estimez pas, Monsieur, qu'en ceste continuation des malheurs, voire au plus fort de la tempeste, j'aye pourtant oubli[é] ce que je vous ay promis, touchant les papiers au comté, concernants S.E. Pour l'amour desquels, n'y ayant peu aller moy mesme à cause dudit voyage, j'ay tellement pressé Madame la Princesse Palatine, et instruit tres particulierement celuy que madite dame y a envoyé pour ledit subject, qu'il a veu tout ce qui s'y trouve, ainsi qu'apprendrez par la relation que je conseille à madite dame en ce mien retour - ou je me suis donné l'honneur de saluer leurs Altesses icy en passant - de communiquer à mondit Seig.r son frere. - Vous y voyez comme on dépouille a[udit] comté les lieux fameux de ceste illustre Maison, quand aux ornements sumptueux de leur naissance Vous voyez que les tiltres de la comté de Charny ont esté transportez en partie à Mont St. Jean; le reste et ceux qui vous serviront grandement contre Mad.e d'ElboeufGa naar voetnoot1) je vous envoyeray par l'adresse de M. d'EuskerkenGa naar voetnoot2), aussitost que j'en auray des copies, pour adviser au premier, et donner quand à la dame d'Elboeuf le feu à la bombarde, durant la disgrace de ladite dame, laquelle venant une fois à se reconcilier, ne manquera pas une minute du temps de le donner contre vous, et sans doubte en une saison, ou vous serez empeschez pour le public ailleurs, pour tirer par ce moyen le mesme advantage de vous que les SaivesGa naar voetnoot3) ont fait par vostre faute. Souvenez vous, s'il vous plaist, qu'il n'y est rien arrivé, que je n'aye bien prognostiqué et sans desguisement, non par l'aspect de quelque constellation comme font nos faiseurs d'almanac, mais par les maximes de la raison, car quand on voit le loup, il ne faut plus cercher ses pas. Voila mon jugement de vostre dernier creancier en France. Vous en userez, et du reste, porté par ladite relation, notamment de M. d'AccosteGa naar voetnoot4), selon vostre prudence et soin ordinaire, d'autant que les pensées de vostre Maistre n'y peuvent faire aucune reflexion, ayants autre but, sçavoir le bien de toute l'Europe. - Je suis tres aise avoir en ce lieu rencontré une si belle occasion de vous confirmer combien je suis ..... De Montfort, ce 16 Apvril 1635. |
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