Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend912. J.L. Guez de BalzacGa naar voetnoot4). (R.A.)Mon premier dessein estoit de vous escrire a l'accoustumée, mais la matiere s'est grossie entre mes mains, et ne concevant qu'une lettre, je me suis apperceu tout d'un coup que j'avois produit un livreGa naar voetnoot5). Vous le ferés trouver bon s'il vous plaist a Monsieur Heinsius, et me conserverés en ses bonnes graces la part que vous m'y avés acquise. A vous dire le vray, je suis passionné de sa vertu. Ce n'est plus affection, c'est transport. Je brusle d'impatience de le voir, et d'embrasser cette divine teste, dont il est sorti si grand nombre d'excellentes choses. Il est poete, il est orateur, il est philosophe, il est critique. Et tout cela en un souverain degré, et de telle sorte que, comme au jugement de Sylla il y avoit plusieurs Marius en Jules Cesar, il y a aussi a mon advis plusieurs MuretsGa naar voetnoot6), plusieurs CasaubonsGa naar voetnoot7), plusieurs FracastorsGa naar voetnoot8) etc. en nostre Heinsius. Je vous prie de m'envoyer un cathalogue de tous les ouvrages qu'il a publiés jusques a present, et que je scache aussi par vostre moyen quel age il a, quelle alliance il a prise, et quel homme estoit ce RutgersiusGa naar voetnoot9), dont il a espousé la soeur; combien il en a eu d'enfans, en quel estat sont ses affaires particulieres, et quel appointement luy donne vostre Republique. Vous me pardonneres bien une si honneste curiosité, et le desir que j'ay d'entrer dans les interests, dans les sentimens, et dans les secrés mesme de ce rare personnage, s'il me juge capable d'une si digne communication. Il y a de grands princes qui m'escrivent; quelques uns m'ont fait l'honneur de me visiter, et plusieurs estrangers de condition relevée me demendent tous les jours mon amitié; mais tout cet esclat ne m'esblouit point, et je suis plus glorieux de vostre bienvueillance et de celle de vostre amy, que je ne le serois de la faveur de deux souverains. Neanmoins, Monsieur, si cette passion vous incommode, et si tant de questions vous embarrassent, deschargés vous sur quelqu'un des vostres de la | |
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peine de m'escrire, et faites comme moy, qui generalement en tous mes ecris me sers de la main d'autruy, et ne signe pas seulement de la mienne. On est sur le point d'imprimer un volume de mes discours, et un autre de mes lettres, où vous pouvés croire que vous ne serés pas oublié, et qu'on y verra Monsieur Huygens en gros caractereGa naar voetnoot1). Il y a quelques jours que je vous envoiay trois exemplaires de la derniere edition de mon PrinceGa naar voetnoot2), et je m'asseure que vous me ferés la faveur d'en donner un de ma part a Monsieur Van der MyleGa naar voetnoot3), et un autre a Monsieur Heinsius. Je me servis de l'adresse d'un marchand flamand, nommé DryqGa naar voetnoot4), qui demeure a une lieüe de ma maison, et qui me promit de vous faire rendre en mains propres mon pacquet. Maintenant je vous escris par la voye de Madame Desloges, qui a un fils marié en vostre cour, et avec charges dans vostre arméeGa naar voetnoot5). Si vous desirés que nostre commerce s'eschauffe, et que nous parlions plus souvent ensemble, vous pourrés luy confier ce que vous voudres me faire tenir, et vous servir de cette commodité, qui a mon advis sera la plus courte et la plus seure de toutes ..... A Balzac, le 15 de May 1634. |
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