Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend897. Aan J. de WicquefortGa naar voetnoot5). (K.A.)J'eus ordre hier de communiquer à Messieurs les Estatz Generaulx voz deux dernieres lettres, où vous discourrez prudemment de l'estat de voz affaires et de ce que vous jugez qu'on y puisse apporter de pardeça. Rien n'en tombe à terre. Au moins celuy, à qui vous en faictes les ouvertures, releve le tout comme il doibt et, à ce que j'espere, fera seconder ses bonnes intentions à vous rendre satisfaict de tout ce qui sera possible. Apres ce peu d'advis en matiere publique, je vous supplie me permettre de vous demander le vostre en quelque chose de particulier qui me concerne. C'est que Monseigneur et Maistre vient de rendre un signalé tesmoignage de l'honneur de sa bienvueillance tres-particuliere en mon endroict par la concession gratuite d'une tres-belle piece d'heritage, longue de 360 pieds, et large de 80, 90 et moins vers l'un des bouts, située le long de ce que nous nommons icy l'Aeckersland, ou la heronniere, derriere ceste cour et s'estendant ainsi depuis le logis que va bastir M. le Comte Maurice, jusques au S.r VolbergenGa naar voetnoot6), place vrayment digne d'un beau batiment, comme aussi j'y en desseigne un de 90 pieds de front, aveq sa bassecour, galeries et autres appartemens, le tout à l'instance de S. Ex.e qui, par affection naturelle qu'il porte à l'architecture, ne cesse d'animer un chascun à l'embellissement de la Haye, et à mesme intention m'a honoré de ce beau present. La description que je vous en fay aveq tant d'importunité, ne tend qu'à me frayer le chemin vers ceste question: s'il n'y auroit moyen de pecher si bien dans les eaux troubles de vostre quartier que, moyennant la grace de Monseigneur le LandgraveGa naar voetnoot7), on s'en pourroit faire pourveoir d'une centaine d'arbres de chesne, à se soulager d'une partie de la despense que ce batiment me va jetter sur les bras, et si, outre la faveur que j'ose m'en promettre, Monsieur, de vostre costé vous estimez qu'il y en ayt pardeça que j'y puisse utilement employer, fors celle de S. Ex.e mesme, que je ne voudroy pas faire descendre à une intercession de si peu de valeur. Mons.r le Comte Maurice a trouvé des expedients bien adroicts à de semblables negotiations et s'est faict pourveoir en sorte de tous costez, que je pense qu'il payera richement sa maison en bois de chesne. Mais je ne pretends nullement me prevaloir de comparaisons si inesgales, ains de me veoir sublever tant soit peu par l'addresse de mes amiz. Parmi lesquels, Monsieur, si je m'avance à vous oser ranger en ceste occasion, je vous supplie d'en attribuer la source à la demonstration qu'il vous a pleu tousjours me faire de | |
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l'honneur de vostre amitié, comme à celuy qui de longue main revere voz vertuz insignes et cheris le bien de leur cognoissance. Obligez moy, s'il vous plaist, de m'y confirmer de la suitte de voz courtoisies et de me dire franchement, si je m'emancipe à des pretensions desordonnées et desquelles les effects doibvent revenir à charge du Prince à qui j'en veux par vostre entremise. Car cela estant, je renonce à toute impudence et me condamne sans absolution. Mais si, comme je disoy d'entrée, il y a apparence de retirer quelque planche du debris que font les torrents de la guerre dans ces miserables forests, je retourne à vous prier de m'en enseigner voz adresses, et apres tout vous conjure de donner de l'interpretation favorable à mon effronterie ..... A la Haye, l' 11e d'Apvril 1634. |
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