Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend342. Aan Dorothea van DorpGa naar voetnoot4). (K.A.)Vous avez tant eu la teste rompue de mes intentions, qu'il m'a semblé que la communication de cette derniere ne se pouvoit faire en aucune part à moins d'offense. Je veux dire que vous portez comme une cicatrice de l'importunité de mon entretien et que par ainsi vous avez moins de sensibilité aux coups nouveauxGa naar voetnoot5). J'enfantay cette conception pierreuse aujourdhuy dans mon lict, pour vous dire que les Bruygoms comme moy se donnent assez de loisir à porter ailleurs la pensée qu'au pucelage de la maistresse. C'est bien vous qui me cognoissez des mieux, mais apprenez qu'en ces entrefaittes, où volontiers la pluspart du monde s'oublie, je m'esvertue à ne rien faire qui oblige ma ressouvenance à me faire rougir ci apres. C'est en partie pour vous conserver entier l'honneur qui vous demeure de m'avoir nourri et eslevé sagement. J'attens qu'à tout heure on m'apporte la nouvelle du choix que Mess.rs de Zelande auront voulu faire de la personne de Mons.r vostre frereGa naar voetnoot6). N'apprehende rien quoyqu'ilz tardent; son merite luy en a desjà despesché la commission au coeur des gens de bien, et les meschans ne seront jamais capabtes de l'en effacer. Ce frere vault largement les autres, quelque impression que vous ayez du cadetGa naar voetnoot7). Cettuyci s'est insinué trop avant en ma cognoissance, desjà devant que ses com- | |
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portements me fussent autres qu'indifferens, pour me faire soubscrire au jugement que vous en faictes par amour ou par charité. S'il a les bonnes parties que vous en imaginez, je veux bien m'en resjouïr aveq vous, mais si aussi je tesmoigne n'ignorer point le surprix de ses imperfections, je demande que vous n'en attribuyiez rien à la passion ou à un fol ressentiment de la folie qu'il a voulu employer contre moy. Car de faict, je tascheray tousjours à me tenir aussi loin de reven[che]Ga naar voetnoot1) qu'il a tesmoigné l'estre de la discretion. Outre que mon inclination naturelle me porte à cette resolution, pouvant bien me vanter de par la grace de Dieu, comme il y a en Sa parole, qu'il m'est éscheu une bonne ame, la consideration de cette alliance est assez capable de me persuader à la paix et à cette concorde où il faict si beau veoir freres uniz s'entretenir. Mais depuis que dernierement je vous en enseignay la voye si aisée et ouverte, j'ay souvent pl[aint]Ga naar voetnoot1) à par moy d'avoir veu comme vous eustes peu agreable d'apprehender mes raisons. Je prie Dieu qu'il ne cesse de vous illuminer de son saint esprit, comme estant à tousjours de bon coeur den Song. Amsterdam, 2 Mars 1627. |
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