Briefwisseling van Hugo Grotius. Deel 14
(1993)–Hugo de Groot– Auteursrechtelijk beschermd6536. [1643 november 14]. Aan J. de Wicquefort.Ga naar voetnoot1Monsieur, Mardi passé me rejouissant de la reconvalescence de la reineGa naar voetnoot2 et, par ordres expres de Suede, de la prise de Theonville, et mettant entre les mains de sa Majesté l'acte scellé qui l'asseuroit de l'observation des traittés faicts cy-devant entre les deux couronnes, j'ay creu estre de mon debvoir d'y adjouster aussi la recommendation des affaires de son Altesse, madame la landgravin, et de monsieur le landgrave Frederic,Ga naar voetnoot3 auxquelles recommendations sa Majesté a respondu avecq un grand tesmoignage des vertus et principalement de la constance et fidelité de son Altesse envers les deux couronnes, comme aussi de l'estime qu'elle faisoit et le feu roy avoit faict des bonnes qualités dudict landgrave Frederyc. On envoye d'icy cinq regimens pour chastier les mouvements de la Turaine, ce qui n'empeche pas qu'il n'y ait d'autres en Xantoigne et ailleurs. Ceux qu'on appelloit ambassadeurs de Danmarq et de Pouloigne à la fin sont residents, dont celuy de Dannemarq n'a faict que passer par icy et augurer du mal de France pour reconoistre les liberalités qu'il avoit receues en Espagne. Celui de Pouloigne demeurera icy, esperant que l'ancienne cognoissance qu'il a eue avecq monsieur Mazarini lui sera utile, de quoi je m'en doubte, car telles gens ne veulent pas [se] souvenir du temps passé. Le prince de Condé a acquis deux millions de bois de Damartin et de Chantilli que son Altesse a faict couper. La cherté du bled est grande partout, ce qui n'empesche pas qu'on ne minute quatorze edicts nouveaux pour tailler le peuple. A l'executer de l'arrest donné par le parlement pour la demolition du temple de la religion à Melle pour ce qu'il estoit trop proche de l'eglise catholique, a esté empesché par la noblesse du quartier. Monsieur de Marescot est revenu de Rome après avoir receu defense de plus solliciter le cardinalat pour l'evesque de Bauvais. La duchesse de Mombason est à Mombason, celle de Chevreuse à Saumur. Nous avons icy le duc d'Anguien et le comte de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoye pour la paix. On croit que les premiers marescaux de France qu'on fera seront le viscomte de Turaine et Gassion. Le renfort que le duc d'Anguien a donné au marescal de Guebrian n'est que de cinq mille hommes. Auparavant il n'avoit pas six mille, tellement qu'il n'y a pas grande apparence qu'on se veuille battre avecq les Bavarois, qui sont au pays de Baden, les Lorrains s'y estants joincts et Hazfeld prest de s'y joindre, ayant desja | |
delivré ceux qui estoyent enfermés en Hoxter. Plusieurs croyent que les Françoys se contenteront d'avoir des bons quartiers d'hyver dans la Franconie et Suabe, excusant les terres de Baviere et n'attendant point de mal de lui. Les deputés de Brunsvic revenants à l'assemblée de Francfort seront, dit-on, pour l'empereur, comme aussi ceux de Noremberg, ayants besoin de la grace de l'empereur pour obtenir des lettres quinquennalles à leurs creanciers. Touts les electeurs à la fin ont consenti que l'affaire du Palatinat ne se traittera ailleurs qu'à Vienne, tellement que l'esperance de cette maison affligée est reduicte à la constance de Suede, de la France et du roy de Dannemarq comme mediateur tandis que les affaires d'Angleterre demeurent embarassés comme ils sont. L'amnestie telle qu'elle avoit esté conceue dans ladicte assemblée de Francfort semble à quelques-uns des estats trop estroicte, à l'empereur et ses fauteurs trop large. Le fils du duc de Neuburg faict à Francfort un beau train pour aller, ce dict-on, à Munster en qualité de chef de l'ambassade imperiale. Si cela est, le duc de Longeville se mettra aussi en chemin. On nous dict que dans la comté de Bourgogne il y a une suspension d'armes entre les François et les Espagnols jusqu'à my-Novembre. En Italie Pont d'Esture a esté rendu aux Françoys le 28 d'Octobre. En Espagne les Portugais ont pris Tuy, guere loin de Badajos. Les Castellans s'opposent à leur progres avecq huict mille hommes à pied, mille chevaux. En Catalogne les mesmes Castillans avecq une armée de treize mille hommes vont assieger Monson. On dict que le comte d'Aymont a esté condamné à avoir la teste tranchée. D'Angleterre on nous faict apprehender la maladie du prince Maurice palatin. Le comte d'Harcourt est attendu à Londres avecq les conditions qu'il a receues à Oxfort du roy pour appaiser ces guerres civiles. C'est une grande difficulté que le roy revoque comme extorqué le consentement que sa Majesté a donné au parlement de se tenir assemblez tant de temps qu'ils voudront et de faire la convocation quand ils voudront et exclurre les evesques du parlement. Le deputé du landgrave de Darmstad est party d'icy sans avoir rien faict que nous sçachions. Je demeure, monsieur, vostre tres humble serviteur. | |
Il y a de remuements aussi en Anjou et Angoulesme. Dans la Franche-Comté on a demoli Poligni et d'autres chasteaux par accord. Les financiers de France avancent cinq cents mille francs, sur ce que touts les officiers et mestiers en France contribueront pour l'advenement du roy à la couronne. Ceux de la religion font des grandes plainctes. On nous dict qu'en Angleterre Hul est delivré du siege, mais Pleimuth bien pressé par le prince Maurice, ayant recouvert sa santé. | |
Bovenaan de copie staat: A monsieur Vicquefoort. |
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