Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+pouroit advenir seroit de contester contre elle ou lui desplaire en quelque sorte que ce peut estre; car, depuis que je suis au monde je n'en veux tesmoing que vostre souvenance, je n'ai à rien tant aspiré qu'à vos bonnes grâces; cela seroit trop long à raconter, car ce seroit ramener jusques aux actions de ma plus grand jeunesse, je me contenteray donc pour cest' heure de vous en avoir donné le souvenir; encor que, si je me sentois assez fort d'ailleurs, je ne desadvouray que je ne plaindroys la peyne plus particulièrement que de vous en ramentevoir et rafraischir la mémoire, mais, Monseigneur, ceseroit emploier du temps vainement, estant les raisons d'elles mesmes assez fortes pour deffendre mon dessein, sans que je cherche autres armes pour me servir de deffence contre ceulx qui, soubs un beau semblant, veullent préocuper la bonté naturelle dont Dieu vous a doué et si, par le sain jugement dont vous avez desjà tant rendu de preuve, vous rendre vainqueur de toutes ces objections, vous faisant clairement cognoistre la sincérité de mes actions et de mon cueur qui, depuis le dernier traicté, vous a esté si ouvert que ne pouvez doubter de ma rondeur, ayant laissé ce qui estoit de mon particulier en arrière pour préférer le vostre, ce que je vous en ramentois n'est que j'en sois las ne repenti; car là où il n'y aura que de mon utilité, je ne le mettray jamais en compte, s'il est besoing de le laisser en arrière, pour vous faire très-humble service. Suis-je si misérable? Comment est-il possible que puissiez si peu estimer! et moy que je voulusse tout ensemble en courrant le malheur de votre mauvaise grâce, faire chose qui vous feist estimer que j'eusse manqué à la parolle que je vous avois donnée: je sçay ce que je vous dits et sçay très-bien que à personne du monde il ne convient de manquer à ses promesses; qui me feist espérer mieux de v.M. que toute autre chose que j'eusse peu lire, car vous sçavez le traicté que j'ay passé avec ceux du Pays-bas et que c'est une chose que je n'ay faict sans vous en avoir adverty par plusieurs fois, sans ce que en pouviez sçavoir; d'ailleurs mon cousin le Maréchal de Cossé ne part-il pas du Plessis exprès pour vous porter les articles et ne vous dit-il pas que je ne les avois voulu conclûre que premier, par l'un des premiers officiers de vostre couronne et des plus expérimentés, ils ne vous eussent esté présentés, et qu'il ne vous les eut raportés. C'estoit | |
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Ga naar margenoot+chose que n'avoit esté bastie légèrement; car, devant que de vous les envoier, j'avois esté quinze jours durant en conseil solemnel, où estoit mon cousin Monsieur le Marquis d'Elboeuf, mon cousin Monsieur le Maréchal de Cossé, et huict ou neuf personnes honnorables dont la plus part sont de vostre conseil, desquels j'avois prins l'advis, afin de ne vous rien envoier qui en nulle sorte ne vous peult offencer, et que v.M. se souvienne des permissions qu'elle m'a données de prendre de l'argent sur mes appanages et d'autres moyens, que à cest' heure me mettent beaucoup plus en arrière que si je poursuivois mon entreprise; aussi que vous sçavez, ou pour le moins Lafin avoit charge de le vous dire, que la lettre que je vous demandois estoit pour conclure le traité avec ceux des Pays-Bas. Monsieur de Villeroy sçait, lors que je lui baillay la promesse de veoir v.M., que j'espérois de partir de Gascongne dans quinze jours ou trois sepmaines pour le plus tard. Je y ay demeuré cinq mois, et si le susdit Sieur de Villeroy sçait que long-temps après je luy dis, comme j'estois pressé de partir pour secourir ceux de Cambray, que je le priois de vous aller trouver, pour vous supplier que devant trois sepmaines il vous pleust envoier mon oncle M. le Duc de Montpensier ou quelque autre, pour achever l'exécution; je luy discourus bien amplement les raisons qui me contraignoient de faire telle instance, ce que je m'asseure qu'il vous a trop mieux représenté que je ne le pourrois vous escrire; qui me gardera de vous dire sur cela autre chose, sinon qu'au lieu des trois sepmaines il a demeuré trois mois entiers, et jamais depuis je n'ay eu aucune responce sur l'instance que je vous avois faicte de mon départ; ce que je croy que je n'eusse eu sans mon retour, par lequel néantmoins v.M. a veu qu'il ne s'est rien altéré, mais au contraire toutes choses ont suivi leur fil si bien que j'espère qu'il en ensuivra une paix pour tous vos subjects, pourveu qu'il vous plaise faire promptement pourvoir aux choses que j'ay discourues particulièrement à la Roine ma mère; qui m'en gardera de vous en [envoierGa naar voetnoot1] davantage; ce sont choses qui vous donnent la paix et n'incommodent ne vous ny vos affaires. Ce quiGa naar voetnoot2 mérite que l'on vous face trouver si mauvais que je continue à poursuivre de toutes mes forces le secours de ceux à qui j'ay baillé ma foy et à qui | |
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Ga naar margenoot+d'ailleurs j'ay tant d'obligations que je ne feray difficulté de hazarder mille vies, si autant j'en pouvois avoir, pour leur donner ce qui leur est nécessaire, de quoy en conscience (et pardonnez-moi si je parle trop librement) je croy que m'en estimez davantage, et quant à moy si j'en avois manqué, je le vous dis librement, je ne me voudrois jamais monstrer devant la face de v.M. Je commets trop grande erreur de vous en dire tant, je l'advoue; car la Royne ma mère a entendu mes raisons, et qui aime mon honneur, sçaura et debvra trop mieux prendre ma deffence que moy, qui devant que finir, je ne vous puis céler que j'ay sceu qu'en vostre cour et en vostre table l'on tient des propos de moy et de tout ce qui est avec moy, si estranges qu'il n'est possible de plus; qui me contrainct de vous dire que rien au monde ne me pourroit plus désespérer que de voir que l'on me voulust en nulle façon mespriser, pour ressentir très-bien en moy que je ne le mérite; [ce] que je sçauray faire cognoistre et sentir à ceux qui feront semblant d'en doubter, m'asseurant que c'est chose qu'est contre vostre volonté. J'avois, lorsque j'avois mis la main à la plume, résolu de ne vous en rien mander; mais, quant il m'est souvenu des asseurances que par plusieurs fois vous m'avez données de vos bonnes grâces et des commandemens que m'avez faicts de ne vous rien céler, je me suis promis que n'auriez à déplaisir que je vous en parle de ceste façon, comme celui du monde de qui je désireray tousjours plus estre honoré des bonnes grâces. |
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