Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Supplément
(1847)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij21.
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Ga naar margenoot+donnant à entendre l'estat de leur faict, et vouldrois qu'il l'eusse faict passé long temps, avant de commencer quelque chose et point seulement au dict Conte Palantin, mais à tous les Princes d'Allemaigne: je suis certes mari de veoir que leur requeste et justification, selon qu'el est couché, tend plus, comme il samble de premier face, à une particulière envie qu'ilz ont contre la maison de Guise et gouvernement de la Royne-mère, que non pas pour le faict généralle de la religion, et me samble qu'ilz eussent mieulx faict de meller seulement la religion et les dangereuses traffiques et entreprinse contre icelle, item, le hasart de perdre corps et biens, et plusieurs aultres justes causes, que non pas choses particulières et piquantes; ce que sans faulte eusse donné à tous les Princes de la religion plus grande compassion et occasion les favoriser; mais je pens asseurément qui soit procédé par fault de ce gentilhomme, lesquel serat ung jeun homme et aurat esté amvoié à l'adventure, puis que les passaiges sont si fort gardés et ne serat peult-estre si stilléGa naar voetnoot1 de povoir alléger ny donner à entendre les raisons quil les ont meu de prendre les armes, comme eulx eussiont bien peu souffissament déduire par escript. Je dis cessi, à cause que je crains que plusieurs Princes seront scandalisés, quand ils verront ceste excuse si mal couché et de tout fondé sur particulière pique, et par là moings affectionné à leur endroit, qui porroit causer leur entier ruine et par conséquence la généralle extirpation de la religion; car vostre Exce porra. facillement considérer, puisque le Roy d'Espaigne amvoie secours au Roy de France, comme le Duc d'Alve escript mesmes, que ce n'est pas pour la grande amitié qu'il luy | |
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Ga naar margenoot+porte, ny aussi qu'il y peult attendre gran proffit; car plus que le roiaulme de France fleurit et prospère, de tant plus d'intérest reçoit le dict Roy d'Espaigne et tous ces Estatz, par où l'on peult facillement comprendre que ce secours ne tend à aultre chose que pour soupprimer la religion, parquoy etGa naar voetnoot1 cest affaire de bien grande considération et pois. Or, Monseigneur, pour venir à l'aultre lettre, touchant ce que le Duc de Wirtenberg escript à vostre Exce, ne saurois dire aultre chose, si non que le dict Duc en discourre bien, horsmis ce point qu'il trouve bon que vostre Exce tienne la main que le Conte Palantin et le Duc Casimirus se retirent de donner aide et assistence au Prince de Condé ou hugenotz, comme l'on les appelle; et ne porrois estre de ceste opinion, à humble correction toutes fois, veu qu'il emporteGa naar voetnoot2 tant à toutte la Crestienté que la religion ne soit de tout soupprimé en France, et ne vois pourquoy l'on debvroit plus tost interprèter cessi à rebellion que du passé, quand les Princes ne trouvoient pas seullement bon qu'ilz aviont prins les armes, mais leur aidointeGa naar voetnoot3, et d'argent, et de gens; mais me sambleroit plus tost, pour éviter tous inconvénien et effusion de sang, que par la levée du Duc Casamirus porroit advenir, que les Princes de la religion pensassent à quelque moien d'appointement qui puisse ester tel que touttes soubsons et arrierpensés ou doubtes d'ung costé et d'aultre fussent coppées et ostées, et cela le plus tost, affin que aultres traffiques et desseins ne se entremellent. Et comme cessi ne se peult faire par escrips, à cause de la grande dilation et longeur qui en procéderoit, n'y ast aultre moien si non l'essambléGa naar voetnoot4 desPrinces, en laquelle porront prendre regart | |
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Ga naar margenoot+non seulement sur cessi, mais aussi si ce faict de France ou du Pays-Bas est ung faict de rebellion ou de religion, et ainsi commun à tous ceulx qui font provessionGa naar voetnoot1 de la religion; car, si longement que ceste dispute ne soit diffinie, jammais les affaires se porront traicter à quelque bon but; car vostre Exce voit que, en touts commencemens de faict de religion, ce point de rebellion a toujours esté imposé, qui a esté cause que une partie soit bendée de l'ung costé et l'aultre de l'aultre, mesmes entre ceulx d'une mesme religion, comme l'on voit encoires aujourduy qu'il se practique, qui at esté cause de tant de maulx et calamités qui sont ensuivis; parquoy, comGa naar voetnoot2 dict est, me samble que cestui-ci est le principal poinct qui est nécessaire qui soit décidé à l'assamblé des Princes, et après facillement se trouveront les moiens comme ils se porront gouverner, en cas que l'on les vouldroit troubler ou assaillir. Je supplie que vostre Exce me pardonne que luy escris si ouvertement, mais le fais par son commandement, comme son bien humble serviteur, puis qu'il luy a pleu m'escrire luy en advertir mon opinion. Et sur ce, Monseigneur, baiseray bien humblement les mains de vostre Exce, priant le Créateur donner à icelle en santé bonne vie et longe. De SummershausenGa naar voetnoot3, ce 6 de novembre 1567. De vostre Exce bien humble serviteur, Guillaume de Nassau. |
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