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* Lettre DCCCLVIII.
E. Leoninus au Comte Jean de Nassau. Il lui recommande la modération.
*** Recommander la modération étoit, pour Léoninus, très-facile. Sa foi se réduisoit à peu de chose. Il dit lui-même: ‘ego simplicem religionem amplectendam semper praedicavi.’ Van Cappelle, Bydragen, p. 114. Cette simplicité étoit peu évangélique. Marnix lui écrit: ‘Nihil est in te quod non sit suavissimum, si hoc unum demas, quod nimium es atheologus. Dum enim tuis illis formulis, quid dico formulis? immo oraculis, neminem laedere, honeste vivere, aliisque tanquam scopulis adhaerescis, videris mihi Apostolorum omnem ac Prophetarum laborem omnem prope inanem ducere:’ Sel. Epp. Belgarum, Cent. 2. Ep. 44.
Monseigneur, nous avons nouvelles que les affaires de Gand sont assoupiéesGa naar voetnoot1, et qu'il y a bonne apparence que les Walons s'accommoderont aussy, comme son Exc. at advertye Monseigneur l'Archiduc par sa lettre, dont copie vat joincte à ceste, espérant que les affaires de Gueldres seront aussy accommodées, et que, par ung commun accord, les provinces feront quelque bon appoinctement avecq le Roy Catholicque, ou mèneront une bonne guerre pour la conservation de la liberté des pays. Il y a icy quelques plaintes de Gueldres, et entre aultres poincts
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Ga naar margenoot+touchant le changement de la religion, au regard de quoy je supplie que vostre Seignrie veuille tenir la bonne main que le tout soit modéré, comme la conjoincture du temps et repos publicq requierrent. Et depuisGa naar voetnoot1 qu'il y a quelque aigreur et dissention dont l'ennemy commun ou les aultres altérés espèrent tirer grand proffit, il me semble le moindre mal que v.S. les laisse faire leur plaintes icy, pour, par ce moyen, empescher aultres entreprinses qui me semble que plusieurs désireroyent faire à la ruine des pays, suppliant de vouloir moderer les affaires tant qu'il soit possible, pour le plus grand contentement des subjects et seurté des pays, priant de vouloir prendre ceste advertence de bonne part, comme procédant du coeur syncère et bon zèle envers v.S. et bien publicq... Anvers, le 13 déc.
De vostre Seigneurie humble serviteur,
Elbertus Leoninus.
A Monseigneur le Comte Jean de Nassau....
Les affaires de Gand étoient assoupies: ‘den 11 Dec. hebben eindelyk de drij Leden aen den PrinsGa naar voetnoot(1), die daer ook tegenwoordig was, hun volkomen toestemminge gegeven, en verkoren vier mannen uyt elk Lidt, en nog twee Schepenen, om 's anderdags met den Prince den Religions-Vrede op te stellen:’ Ghendtsche G. II. 94. Nouvelle longtemps desirée! Encore le 10 déc., ‘est ordonné d'envoyer vers son Exc. lettres de bon encre pour luy
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Ga naar margenoot+remonstrer l'extrémité en laquelle nous sommes, et qu'il n'est possible d'en sortir avant que les affaires de Gant soyent accommodez, la requérant de, par toutz moyens, les réduire à la raison:’ Rés. MSS. d. Et.-G.
En nov. se rendre dans le voisinage de Gand sembloit, pour le Prince d'Orange, presque de la témérité. Le 18 nov., ‘comme Monseigneur le Prince d'Orenge a déclairé que Monsr le Ducq Casimir désire d'entrer en communication et conférence avecq son Exc., comme le Conseiller Junius lui en a faict déclaration, en vertu d'une lettre de crédence du dit Sr Ducq, le tout pour appoincter les malentenduz en Flandre, est résolu que mon dit Sr le Prince ne se transportera hors de la ville d'Anvers, ains que l'on requérera le dit Sr Ducq s'y vouloir transporter aux mesmes fins:’ l.l.
Cependant déjà le 20, ‘sur la susdite proposition des députez des quatre membres de Flandre, endroict de l'acheminement de son Exc. en la ville de Gand, pour estindre les malentenduz d'entre les Ganthois et aulcuns compaignies Wallones, est résolu, par pluralité de voix, que sa dite Exc. s'y acheminera, pour y mectre l'ordre convenable en tel brief jour que faire se pourra; de quoy sa dite Exc. estant advertie, a déclaré d'estre preste d'effectuer la dite résolution, alléguant estre preste se partir quant Messrs les Estatz-Généraulx le trouveroient bon;’ l.l. Le Prince céda aux sollicitations unanimes: ‘eendrachtelyk werd besloten dat de Prince van Or. daer soude reisen: .... Hoewel hy tot de Commissie geene grote sin hadde, gelyk hy wel liet luiden en verclaerde, nochtans horende datter geen andere hope was van iet aldaer uit te richten dan door hem, heeft de Commissie aengenomen:’ Bor, II. 9b.
Le 22 nov.Ga naar voetnoot(1), ‘son Exc. a déclaré d'estred'intention de partir ce
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Ga naar margenoot+soir sur les six heures vers Gant, demandant à M. les Estatz s'il leur plaisoit luy encharger aultre chose, et que, de sa part, il feroit toutz debvoirs et offices pour appaiser les altérations y survenuz:’ Rés. MSS. d. Et.-G. On ne négligea pas de lui donner une escorte: ‘Ordonné d'escripre à ceulx de Gant, à ce qu'ilz facent payer par les recebveurs des moyens-généraulx aux deux cent vingt bourgeois qui accompaignent son Exc. vers là, et à chacun d'eulx dix solz par jour, à rabattre sur les moyens généraulx:’ l.l.
Le 26 nov., ‘Lettres du 24me de Tendermonde escriptes par son Exc., advertissant que ceulx de Gant par leurs députez l'avont requis pour encheminer vers leur ville, ce qu'il n'a faict à cause qu'ilz ont faict levée de gens de guerre qu'ilz mettent à l'entour de leur ville, et plus amplement comme estoit contenu en copie de la responce que son Exc. a faict au susdits de Gant. - Est ordonné de respondre à son Exc. et le remerchier, .... le supplient que son noble plaisir soit de tant faire vers ceux de Gant qu'ilz prennent finale résolution sur les articles à eux proposez:’ l.l.
Le Prince avoit la faction de Hembyze (p. 465, sq.) à combattre. Tandis que Ryhove et les siens vinrent jusqu'à deux fois le supplier de se rendre à Gand, Hembyze auroit voulu l'en éloigner: ‘in de Vergaderinge der Dekens komende, hielt haer voren dat hy grootelykz mistrouwde van de Gedeputeerden, die men naer Dendermonde gezonden hadde; ... waarom hy verzogt dat Prins Casimirus met twee of dry andere gevolmagtigt soude worden om met den Prins een accord te sluyten:’ G. Gesch. II. p 87. ‘Als de tydinge te Gent quam dat de Prince aldaer komen soude, syn eenige oproerige aldaer geweest, die sulx gaerne belet hadden:’ Bor, II. 9b.
Hembyze poursuivit son opposition. ‘Den 9en stelden vele die van den aenhang van Hembyze waren, grotelykz tegen 't gene dat de Commissarissen met den Prince verhandelt hadden: G. Gesch. II. 93.
Le Prince ne voulut pas de réaction violente. Il n'accepta point le Gouvernement de Flandre que ses partisans, déjà en nov., lui avoient fait déférer: ‘de Leden der stad hebben eendrachtelyk
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Ga naar margenoot+met de Edelen van Vlaenderen, syne Exc. gekozen tot een Gouverneur van den Graefschappe van Vlaanderen, gemerckt alle de goede qualiteiten, experientie Politicque en Militaire, de kennisse en naturaliteit van desen Landen, en insonderheit de professie van de Christelyke Religie: Bor, l l. Il ne semble pas avoir encouragé les tentatives pour priver Hembyze de sa charge (‘den 20 wierdt van negen schepenen van der Keure en van de geheele Bank van Ghedeele aan den Prince een Requeste overgegeven tot het vernieuwen van de Weth:’ G. Gesch II. 96); il dìna même chez lui, le 14 déc.; ‘waerover sig de Calvinisten zeer verheugden, want zij dagten dat alles nu zoude gaan naar hun zin:’ l.l. 95.
Le Prince mit ordre à tout, épargnant, autant que possible, le Duc Casimir. Le 14 janv. 1579 Languet écrit de Gand: ‘Suspiciones simultatum inter Principem Casimirum et Orangium sunt plane discussae; vixerunt enim hic amanter inter se per sex aut septem septimanas, et alter alteri in quibuscunque rebus potuit, est gratificatus:’ Ep. secr. I. 2. 771. Le Duc avoit bien quelques grâces à lui rendre: car, avant l'arrivée du Prince, ‘omnia jam ita turbantur in his regionibus ut ipse Princeps Casimirus sit plane inops consilii, nec scit quonam se recipere debeat; nam ne quidem posthac futurus est tutus in hac urbe, quae jam seditionibus agitari coepit:’ l.l. p. 770.
Ce ne fut pas sans peine qu'on mit fin aux désordres de Gant. ‘Eindelyk heeft de Prince, na grote moeite en vele swarigheid so wel met inductiën, beden, protestatiën, en andersins, so vele te wege gebracht dat die van Gent de Religions-Vrede bewilligt hebben:’ Bor, II. 10.a Il ne s'étoit pas dissimulé ses dangers personnels: ‘de Gedeputeerden van Dendermonde aangekomen .... gaven te kennen dat den Prins tot Ghendt komen soude ..., indien die van Ghendt hem versekeren wilden van zyn leven:’ G. Gesch. II. 87.
L'Accord fut signé le 16 déc. et publié le 27. - Bor écrit: ‘die van de Gereformeerde Religie waren in dit accoord niet wel te vreden, meenende dat de Prince, die professie van deselve Religie dede, niet en behoorde de Catholyke Religie so vele gunsts te dragen: Bor, p. 12a. Mais, ajoute-t-il naïvement, ‘de Prince meende men most yder, ook den vyanden, gelove houden:’ l.l.
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voetnoot(1)
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Prins. Le 11 déc. le Prince écrit à l'Archiduc que: ‘la responce des trois membres de Gand, assemblez en la maison commune, a esté qu'ilz acceptoyent unanimement les poinctz proposez de la part de son Altesse’ († MS.).
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voetnoot(1)
- 22 nov. La Commission de l'Archiduc, datée du même jour, est aux Archives. Il y donne ‘plain pouvoir, authorité et mandement especial, pour en nostre nom accorder et appaiser les affaires de Flandres’ (* MS.).
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