Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij† No. DCXLVIII.
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Ga naar margenoot+voir mectre ordre par force au pays, et, combien que la seulle impuissance soit la seulle et vraye cause d'avoir prins ce conseil d'envoyer le dit Sr Don Joan en telle sorte, toutesfois, comme ilz sont fins et artificieux, se servensGa naar voetnoot1 de toutes occasions à leur proufict, vuellent, soubz la couverture de ceste venue si simple, faire entendre que le dit Sr Don Joan n'est envoyé à aultre fin sinon que pour traicter avecq nous en toute doulceur et humanité; combien que la vraye finGa naar voetnoot(1) proposée soit du tout aultre, comme les exemples précédens, commençans par doulceur, nous ont faict assez preuve de leur intention. - Toutesfois moiennant que nous en puissions faire nostre prouffict, ceste venue se trouvera fort avantageuse pour nous, comme, au contraire, si nous ne nous en pouvons servir, sera le commencement de nostre totalle ruyne. En premier lieu, ne fault doubter que d'entrée il n'essaye de faire suspendre les armes, afin que, pendant une telle cessation, il puisse mectre ordre à ses affaires, traictant avecq ceulx qu'il verra convenir, jusques à ce que, se voyant bien prest et ayant son opportunité, il exécutera ce qu'il a en ses mandemens et instructions particulières et secrètes, après avoir sondé plus à loysir les voluntez des Estatz et humeurs d'ung chacun, suyvant lesquelles il ne fauldroyt à se conduyre, offrant plus ou moins, comme il nous trouverat, ou aisez à estre esbranlez, ou fermes et résoluz en nostre propos et délibération. Pour éviter doncq tous telz inconvéniens qui pour- | |
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Ga naar margenoot+royent ensuyvre, attendu que le dit Sr Don Joan d'Austria est venu sans saulf-conduyct, ne pouvant ignorer en quelz termes estoyent les affaires en ce pays, l'advis du dit Sr Prince seroit qu'il fauldroit par tous moiens se tenir asseuré de sa personne; car, si nous pouvons une fois nous en asseurer, il est certain que, sans aucune effusion de sang, sans dépence et foulle du peuple, et aultres maulx infiniz que la guerre ameyne, nous mectons facillement, avecq l'ayde de Dieu, fin à ceste guerre, car il est sans doubte que le Roy, veu l'estyme en laquelle il l'at, aymera mieulx nous accorder noz justes requestes, laissant partir les Espaignolz, que de le laisser en tel estat. Ce qu'il fera, non seullement pour luy avoir faict cest honneur que de l'avoir avoué luy attoucher de si prez, que pour ce qu'estant choisy pour dernier remède de secours, si ce coup estoit rompu, nous n'aurions plus à craindre que jammais on nous renvoya d'Espaigne aucun qui eust charge de nous venir tourmenter. Pour ce faire, samble au dit Sr Prince nécessaire que, par l'advis et authorité de messieurs les Estats-généraulx, soyent choysiz deux ou trois personnaiges de qualité et suffisans, à sçavoir gens prudens et fidelz qui soyentGa naar voetnoot1, ilz sçavent certainement tendre à l'establissement de la tyrannie et gouvernement Espaignol, dont pourra ensuyvre une esmotion généralle par tout le pays, qui ne peult amener qu'une certaine ruyne et misérable désolation d'icelluy. Mais, au contraire, si on entend qu'on traicte avecq une bonne et entière résolution de ne se laisser mener par parolles, de ne s'estonner pour les forces et autorité, et ne laisser passer une si bonne occasion | |
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Ga naar margenoot+de mectre fin à ung tel afaire, sans effusion de sang et sans grande dépence, alors tous couraigeusement se vouldront ranger à faire leur debvoir et poursuyvre avecq une bonne union ce qui a esté bien encommencé pour leur liberté et de la patrie. |