Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome V 1574-1577
(1838)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
[pagina 405]
| |
Ga naar margenoot+réprésentoit immédiatement le Souverain, étoit un acte bien audacieux. On pouvoit s'attendre à tout, disoit plus tard D. Juan, puisque ‘primae authoritatis Magnates, Regis et Provinciae negotiis praefecti et occupati summâ cum indignitate e palatio armatâ manu abducti et custodiae mancipati sunt:’ Burmanni Anal. I. 29. De Tassis dans son commentaire appelle cet acte scelus (Hoynck v. Papendrecht, Anal. III. 2. p. 208). Les auteurs en furent eux-mêmes épouvantés: ‘die Heeren beginnen hare onbedagtsaemheydt te laete t'overleggen:’ v. Reydt, 15b. Un d'eux en mourut: ‘de Abt van Perch sterft van angst. l.l. Les autres songeoient à s'enfuir, ‘stelden 't op vluchten, tot dat nae groote verbaestheydt hun gheraden werdt mannelyck te spreken:’ l.l. C'étoit plutôt par le sentiment de l'énormité du fait, que pour se soustraire à un danger actuel; car on avoit agi ‘volghende den appetyt van die Gemeente:’ l.l. et à Bruxelles il y avoit vingt mille hommes en état de porter les armes: ‘weerachtige mans:’ l.l. Encore en 1580, dans son Apologie, le Prince n'ose avouer sa participation secrète; au contraire, il dissimule: ‘Ils avoient mis la main sur Viglius, Fonc... et aultres du Conseil d'Estat, lorsque je n'estois encores lié si estroictement avec eux que depuis j'ay esté, et n'estois passé encores en Brabant:’ Dumont, V. 1. 400a. | |
[pagina 406]
| |
Ga naar margenoot+p. 184; les Etats-Généraux font de vives réclamations. - D'ailleurs ceux qui exécutèrent ce coup d'Etat, étoient en relation avec le Prince: Héze lui étoit dévoué et plus tard lui demande conseil relativement aux Seigneurs prisonniers: l'Abbé de St. Gertrude correspondoit avec lui; le Sr de Berselles, Grand-Veneur de Brabant, étoit de ses bons amis; d'après Haraeus le Prince ‘suasit ut Glimesium admitterent in urbem,’ Ann. Brab. p. 233; et Del Rio fut envoyé en Zélande ‘om van den Prince geexamineert te worden:’ v. Meteren, p. 106c. - Enfin la chose étoit en parfaite harmonie avec ses desseins. On accusoit le Conseil de favoriser les mutins. Ce reproche, vrai peut-être par rapport à Del Rio et Rhoda, excusables d'ailleurs en ce point (p. 386), étoit injuste quant au Conseil en général. Les membres mêmes contre lesquels le peuple étoit surtout irrité, voyoient la domination des étrangers avec douleur; Viglius affirmoit ‘se de Regiâ majestate sartâ tectâ servandâ tantum cogitare, ceterum ab Hispanorum immanitate, superbiâ et avaritiâ, sic enim loquebatur, alienus: Thuan., Hist. III. 210a. Mais, ni lui, ni Assonville, ni Berlaymont ne pouvoient permettre qu'on allumât une guerre intestine contre tous les soldats étrangers, au lieu de se borner à réduire les mutins; ils ne pouvoient voir avec indifférence le pouvoir du Roi méconnu et le maniement des affaires transporté à l'assemblée des Etats; ils n'auroient pas aisément consenti à la paix avec la Hollande aux conditions que le Prince désiroit obtenir; ils alloient prêter au nouveau Gouverneur l'appui de leur expérience, de leur crédit, de leurs talents. Le Prince, qui vouloit l'expulsion violente des Espagnols, l'alliance de tous les Pays-Bas, la suprématie des Etats-Généraux, et qui désiroit susciter à D. Juan de nombreuses difficultés, faisoit un grand pas vers l'accomplissement de ses desseins en neutralisant ainsi les efforts de ses principaux antagonistes. | |
[pagina 407]
| |
Ga naar margenoot+bien-tòt quelques prisonniers; de nouveaux membres furent nommés; les délibérations reprises: mais le prestige avoit disparu; impunément traité de la sorte, le Conseil-d'Etat ne fut désormais que l'instrument des Etats-Généraux: ‘reliquerunt Tribunal Consilii Status in suâ formâ, ut aliquatenus audaciam quâ apud multos, praecipue exteros, male audire possent, mitigarent,... aut... ut Tribunalis authoritate, quod jam ad libitum flectere semper posse non dubitabant, facilius quidquid vellent, ad effectum... ducere possent:’ l.l. p. 210. ‘Ille dies Regiorum imperio senatorum ultimus fuit... Vis omnis apud Provinciarum Delegatos erat, quorum videlicet arbitratu adscriptitius ille coetus, tanquam lignum alienis mobile nervis agebatur:’ Strada, p. 500. Monsieur mon frère. Depuis trois ou quatre jours ençà j'ay receu une lettre, qu'en vostre absence m'a escript le Docteur Schwartz, du xixe jour du mois passé; par la quelle il me mande plusieurs occurences et particularitez qui passent présentement, tant en ceste congrégation des Estatz de l'Empire à Régensburgh, qu'en quelques aultres lieux et endroitz d'Allemaingne; en quoy il m'a faict bien grand plaisir, et j'entendray tousjours voluntiers quelle issue aura ceste journée Impérialle, et les arrests qui s'y prendront, priant le Sr Dieu que le tout puisse réusir à l'advanchement de Sa gloire, et au bien de toute la Chrestienté. Noz affaires de par deçà sont encoir au mesme estat qu'elles estoyent lorsque je vous escripviz dernièrement, ne s'estant riens innové depuis que la ville de Zierixzée est tombée es mains de noz ennemis; lesquelz aussy n'ont depuis riens attenté, ny en Hollande, ny en ce quartier de Zéelande, ayans en cela esté empeschez, premièrement par la mutinerie d'aucuns soldatz Espaignolz, lesquelz demandans 22 mois de gaiges, cour- | |
[pagina 408]
| |
Ga naar margenoot+royent le pays de Brabant, en intention de s'emparer de quelcque Ville pour y avoir leur payement de force ou par aultre voye. Mais leur estants toutes les Villes de Brabant serrées, ilz courrurent enfin jusques en Flandres et illecques forcèrent la Ville d'Alost, en laquelle ilz tiennent encoir bon. Depuis ceulx de la Ville de Bruxelles, voyans les menées d'aucuns Srs et de ceulx du Conseil d'Estat, et qu'ilz taschoyent de favoriser les dit Espaignolz mutinez, se sont opposez à leur gouvernement, ayantz serré et fortiffié leur Ville, sans y voulloir admettre aucun Espaignol ou aultre soldat estrangier. Ceulx du Conseil d'Estat tenoyent tousjours practycque d'assister les susdits soldatz Espaignolz mutinez, et cela mesme, à ce qu'il samble, au préjudice de ceulx de Bruxelles. Ces choses se sont tellement enaigries et allées si avant que ceulx dudit Bruxelles, tendans ouvertement à leur liberté, et se vueillans une fois du tout retirer de ce joug Espaignol, ont le veGa naar voetnoot(1) jour de ce mois, en plain jour faict appréhender et mectre en seure prison aucuns des principaulx Srs et de ceulx du Conseil d'Estat, comme: le Conte de Mansfelt, Monsieur de Barlaymont, Viglius, d'Assonneville, et quelques aultres. Les aultres VillesGa naar voetnoot(2) de Brabant et des pays circumvoysins, à ce que jusques icy j'ay peu | |
[pagina 409]
| |
Ga naar margenoot+entendre, sont pour se joindre avecq ceulx du dit Bruxelles, dont faict à espérer que le Sr Dieu regardera ces povres pays en miséricorde, et que les affaires pourront de brieff venir à une bonne et asseurée paix..... Je ne fauldray à toutes occasions vous advertir de tout succès, lequel je prie Dieu que puisse estre tel comme, pour l'advanchement de Sa gloire et le bien commun, tous bons et fidelz Chrestiens le doibvent désirer... Escript à Middelburgh, ce 9me jour de septembre 1576. VostreGa naar voetnoot1 bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau. |
|