Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome IV 1572-1574
(1837)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij* Lettre CDXLV.
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Ga naar margenoot+Messieurs mes frères. L'arrivée de Monsieur D'athenus en ce lieu, qui estoit le 28e jour de ce mois, m'a esté d'aultant plus agréable pour avoir eu ce bien d'entendre de luy au vray vostre bonne disposition, ensamble de Madame ma mère et de toute la famille, aussi pour avoir ouy le discours si particulier que de vive voix il m'a faict des affaires de pardelà et de tout ce que s'y passe, par dessus ce que par vos dernières des 4e et 5e jours de ce mesmes mois j'en avois apprins. Une chose m'a quelque peu estonné, c'est qu'au temps du partement du dit D'Athenus avecq vous, n'aviez encoires receu mes lettres du second jourGa naar voetnoot(1) du présent, et depuis je vous ay encoires escript le 11e ensuyvant, et veulx espérer qu'aurés présentement receu l'une et l'autre despesche, et veu par icelles en quels termes nous estions jusques alors, et la grâce qu'il a pleu au Sr nostre Dieu nous faire, tant au regard de la retraicte des ennemis de la ville d'Alckmaer, qu'en la prinse du Conte de Bossu. Or laissant d'en réitérer icy aucune chose, je vous diray que, comme je loue et prise grandement vostre sollicitude et bonne vigilance par laquelle ne cessez de travailler pour advancher la cause commune, ainsi ne vous puis cèler l'entreprinse sur Gruningen, comme l'avez projectée, me samble difficile et dangereuse, voire quasi impossible, car vous n'y pourez venir si avant avec telles forces, sans que ceulx de Gruningen en soyent advertiz; et de donner l'escalade et faire pontons devant la villebien flancquée, ayant bons fossez, estantz pourveue de bons harquebuziers, pouvez facillement entendre quelle chose vous effectuerez, si ce n'est | |
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Ga naar margenoot+qu'ayez bonne correspondence par dedans, dont toutesfois D'Athenus n'a rien entendu. Quant aux batteaux pour ayder à la ditte entreprise, ne vous scauroy assécurer chose quelconque, non seulement à cause de la gellé qu'on attend journellement et l'incertitude du vent, mais aussi que les limites de la Frize à l'entour de er DiepGa naar voetnoot1 Groninge [dividu] et qu'il leurs sont muniz et gardez par plusieurs, lesquelles pouroyent empescher, voire battre et défaire ceulx qui passeroyent de soldatz par le Groeninger-Diep par petits bateaux, dont pourroit sortir une grande diminution de nostre réputation. Semblablement la surprince de Delfsiel sambleroit difficile, d'autant que le lieu est naturellement et par artifice bien fort, et davantaige médiocrement muni de bons soldats, si vous n'avez artillerie de baterie. Mais on pourroit facillement, saulff mellieur advis, sans perte du temps et des gens, surprendre une ville joindantGa naar voetnoot2 de Delfsiel, nommée FernesumGa naar voetnoot3, où on logeroit les soldatz commodément, et auroiton illec le mesme moyen de oster les vivres à l'ennemi qu'on peut avoir à Delfsiel, d'autant qu'il y at fort bon port. Si vous estimez cecy estre expédient, je prie qu'il soit faict le plustost qu'il sera possible, vous asseurant que ne faudray, si la sayson le permect, de vous envoyer illec quelques bateaux bien muniz, tant pour le secours de ceulx qui seront à la dicte ville, que pour garder les passaiges. Touchant l'affaire de il me contente assez bien; je prie Dieu vous donner gràce de la pouvoir heureusement exécuter. Quant à [l'argent] venant de France, encoires que je m'asseure bien qu'il pourroit pardelà utilement estre employé, ci est-ce que pour affai- | |
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Ga naar margenoot+res urgentes je désire bien fort que par la voye de Bremen me puisse estre envoyé la somme de vingt et cincq mil escuz le plus tost et seurement que faire ce pourra, désirant aussi entendre le succès des affaires qui sont en train, dont D'Athenus m'a faict quelque ouverture. Quant aux nouvelles de pardeçà, l'ennemy, comme par mes précédentes je vous ay escript, s'estant retiré avecq grand honte d'Alkmaer, et ayant depuis encoires eu telle escorneGa naar voetnoot1 sur la Zuyderzee, afin qu'il ne samble point qu'il ne face rien, a mis toutes ces forces à la Haye, tant pour retirer noz forces qu'avons envoyé en Zeelande et Waterlandt, que pour gaster le plat pays pardeçà; cependant ne cessons de donner ordre à tout, tant que faire se peult. Je ne veulx aussi obmectre à respondre sommièrement à quelques poinctz de voz lettres et vous prier de ma part vouloir saluerGa naar voetnoot2 qu'aussi vouloir remercier très affectionnement du grand bien qu'il luy a pleu nous faire, mectant le feu aux poudresGa naar voetnoot(1) qu'on menoit à noz ennemis; ce que non seullement moy, mais aussi tout le pays, luy tenons à obligation pour le déservir par tous moiens possibles. Quant à la poursuite que faict et les [voledteurs] pour avoir la paix, je le trouverois fort bon, mais je y voys petite apparence. Si à l'endroit il servira grandement à noz affaires au regard de la ratiffication des estatz de Hollande pour les vingt trois mill florins prestez par; nous sommes après pour l'obtenir. Si les dessins des maréchaulx de France peuvent réussir à bonne fin, je seray bien aise. Je ne puis si non | |
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Ga naar margenoot+louer et priser grandement voz bonnes diligences et aussi remercier Dieu de ce que la LigueGa naar voetnoot(1) des Contes et Villes est en si bon train. Et touchant que vous me demandez si pourrez descouvrir ces entreprinses à, je le remet à vostre discrétion. Il me plaist fort que vous avez si librement et párticulièrement traicté avecq les Députez de l'Empereur et du. Et faisant ainsi fin à ceste, je vous présenteray mes très affectueuses recommandations en vostres bonnes grâces, et supplieray Dieu vous donner, Messieurs mes frères, en parfaicte santé, heureuse et longue vie. Escript à Delft, ce dernier jour d'octobre 1573.
Vostre bien bon frère à vous faire service, Guillaume de Nassau.
Ga naar voetnoot1 Je vous prie voloir présenter mes humbles recommendations à Madame ma mère, Madame ma soeur, ensemble à tous mes aultres soeurs et beau-frères, avecque toute la compaignie.
A Messieurs, Messieurs les Contes Jehan, Louys et Henry de Nassau, mes bien bons frères. Dillenberch. Le 3 nov. le Prince, dans un billet autographe daté de Delft, écrit au Comte Louis: ‘Le ministre Calabart m'ast fort requis vous voloir escripre ung mot affin qu'il vous plaise luy mander quelque responce absolute touchant l'affaire dont par trois ou | |
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Ga naar margenoot+ quatre fois il vous ast escript sans jammais povoir avoir ung mot de responce. Je vous asseur qu'il est en gran paine et ne scait comme se gouverner; parquoy vous prie luy voloir mander vostre intention.’ |
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