Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Lettre XCVI.
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Ga naar margenoot+hazard qui est apparent, et se refroidira peu à peu l'intention de la dite publication, comme nous avons veu advenir en aulcunes aultres choses semblables. Mais d'aultre coustel il fault travailler extrêmement que le peuple au Pais-Bas demeure en repos et qu'il ne se deshonte et desmande en rien; moins souffrir qu'il entre en quelque traité avec les estrangers, lesquels desjà se persuadent grand chose de semblables intelligences. Car, oultre le hazard que y seroit, le tout se chargeroit principalement sur v. Exc.; ou aultrement, quand les choses demeureront en bon repos, le crédit de vous aultres Seigrs s'augmentera de plus en plus auprès sa M. et se détournera en bonne confiance. Car le temps sert à ceulx qui procédent de bon pied et traictent vérité, comme il descouvre la faulseté et méchancetés des pervers et malings. Et peu à peu nous verrons vers où les choses de la religion se destourneront et inclineront, et s'il y aura espoir de quelque rétablissement de l'estat encien, ou si le changement veult par force gaigner le dessus, comme il est fort apparent; et selon cela les Princes et Roys, vouldront ou non vouldront, s'auront à la longue de gouverner. Quand je viendray à la Cour de l'Empereur, je descouvriray bien tost le progrès que l'on pense tenir en semblables choses, et l'escriveray à v. Exc., aussi comme l'on est affectioné à ce personage dont elle fait mention en ses lettres. Je crois bien que l'on vouldra avoir quelque correspondence avec luy, mais sans grand fondement d'affection, ce que je tiens pour asseuré. L'Empereur m'at par trois fois escrit si instament que deusse haster ma venue vers luy, que ne sçachant s'il y a quelque chose d'importance devant la main sur la frontière | |
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Ga naar margenoot+d'Ungarie, en quoy l'on me vouldra aussy employer, ay mis à part mon voiaige au Païs-Bas, pour le présent, combien que fusse fort volontiers allé, ainsi je supplie v. Exc. de me tenir pour excusé. J'espère que bien tost il s'offrira quelque aultre occasion, et de là où je seray, je tiendray toujours toute bonne correspondence avec elle et Mr d'Egemont, aussi n'entreray en nulle obligation ordinaire envers l'Empereur, mais retiendray le service de nostre Roy réservé. Et comme j'ay, Dieu merci, si bien accommodé mes affaires domestiques et peus si bien demeurer en ma maison, je ne fais plus grand compte de demeurer perpétuellement courtisan, mais suis plus tost d'intention de me retirer à la maison le plus que pourray, et servir aux Princes en cas de guerre et nécessité seulement. N'aiant grande cause, ny voiant aussi grande raison, que je me doibve perpétuellement consommer en ces affaires destruites et ces labirinthes des courts. Je vous envoie cy jointement quelque advertissement d'une [menée] des hugenods et tiens pour certain, s'ils seront de nouveau persécutés en France, qu'ils trouverons des gens assés qui chercheront l'adventure et le buttin avec eux, et qu'il coustera chier aulx prestres la feste. Ceulx qui traistent l'emprinseGa naar voetnoot1, tâcheront à quelque révolte ou émotion au Païs-Bas, et la Reyne d'Angleterre aide ce qu'elle peult, de manière qu'il fault bien ester sur sa garde. Il y a un docteur médicin à Strasburg, principal homme et qui est appellé souvent des Princes et Seigrs voisins et converse familièrement avec SturmiusGa naar voetnoot(1) et aultres Prédi- | |
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Ga naar margenoot+cants françois, lequel je penserois bien persuader à tenir correspondance avec v. Exc. et luy déclairer d'un temps à aultre ce qu'il descouvreroit de leurs meinées, ce qui me samble qu'il emporteroit en ceste saison beaulcoup au service du Roy, et la seureté du Païs-Bas. S'il samble à v. Exc., elle pourra toucher un mot à Madame, pour sçavoir si l'on luy vouldra donner deux cents talers de pension, mais en secret, et que v. Exc. seule, comme Alleman, eusse la correspondence avec luy, affin qu'il fusse moins descouvert et mis en soubçon.... En haste à Hudnigen, le 25 de settembre l'an 64. De v. Exc. très-affectioné serviteur, Lazarus de Schwendi. A Monseigneur le Prince d'Orange. Peut-être le Prince communiqua-t-il au Conseil quelques passages de cette Lettre. Hopper écrit à Viglius le 8 oct.: ‘sunt recitatae literae Svendii, de quibus coram malo quam per literas agere. Mirum enim quo res vergant, nisi prudenter obviam eatur:’ Epp. Hopperi: p. 77. |
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