Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau (première série). Tome I 1552-1565
(1841)–G. Groen van Prinsterer– Auteursrechtvrij
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Ga naar margenoot+tement, et n'ay jamais voulu prendre le résentement qu'ont voulu faire ces Seigneurs de par delà pour affaire mien particulier, ny faire partie contre eux; car je n'ay jamais prétendu ny prétends-je chose, quelle qu'elle soit, à l'encontre d'eulx au respect de mondit particulier, mais seullement que le maître fût servy et l'estat publique conservé avec seurté et tranquillité; mais l'on n'a pas bien pris que j'aye voulu soubstenir l'auctorité du maître, pour ce que l'on vouldroit luy donner la loy et reigle, et non la recepvoir de luy, et les causes sont notoires, et m'a esté chière ceste occasion pour en sortir, pour les accommoder et leur donner moyen d'obéyr à sa M. avec moindre ombre, et pour faire cougnoistre si, avec mon absence de quelque temps, pendant lequel je pourrois vacquer à mes affaires particulières, ilz se laisseront, par jalousie et pour monstrer qu'ils facent mieulx, conduyre et accommoder à la raison; puisque la fin que je prétends n'est que le seul service du maistre, et plust à Dieu qu'ilz fissent si bien que je me peusse détenir pardeçà sans y retourner jusques à la venue du maistre, mais à la vérité je n'apperçois pas encore, et à mon très-grand regret, que l'on y voyse ce chemin, et j'ay mes correspondences pour de temps à aultre sçavoir ce que passe, et rendz le debvoir que je doibs pour dois icy servir et l'advertir en ce qui convient, sans bruict ny que là il s'entende, et procureray tousjours de mon coustel, et s'il est possible, ne rien gaster, désirant plus souffrir en mon particulier que non que le publique souffre, et nous verrons quel sera le succès et, s'il est tel que je désire, sa M. aura cause de s'en contenter. Quant à M. de Chantonnay mon frère, il s'est icy | |
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Ga naar margenoot+dêtenu ung peu plus longuement que je n'espéroys, ny eusse voulu, pour ce que sans sa présence nous ne pouvyons achever les affaires pour lesquelz principalement nous y sumesGa naar voetnoot1 venuz, que sont pour la succession du peu de bien que feu M. de Grandvelle mon père a laissé à mes frères, afin de les asseurer le plus que faire se peult à ceulx qui sont du monde, suyvant l'intention de mondit feu seigneur et père, et m'ayant recommandé au temps de son trespas d'y tenir la main, je n'ay peu délaisser de faire voyaige pour y rendre mon debvoir; mais le mesme jour que nous eusmes conclud le principal, que fut le pénultiesme du mois passé, mondit frère partit, et pour recouvrer le temps, au lieu que l'on pensoit yroit par Italie et dois là par mer, s'est advanturé de passer le droit chemin par France, descougneuGa naar voetnoot2 et à sept chevaux seullement, avec grand désir de tost pouvoir aller treuver v.M. et luy rendre très-humble service en charge d'Ambassadeur ordinaire du Roy notre maistre, à laquelle sa M. m'a escript l'avoir choisy; et véritablement son plus long séjour en France n'estoit plus convenable selon la hayne qu'avoient concen contre luy les Huguenots qu'estoyent retournez en crédit, et la Royne-mère pour leur respect; et nous font les François à tous deux de l'honneur assez, démonstrantz ésjouyssement très-grand et par signes publiques de ce que mondit frère soit hors de France et moy des Pays d'Embas, disantz que maintenant ils feront ce qu'ils voudront et jouyront bien des aultres, en quoy véritablement ilz se mescomptent et suis asseuré que ceux qui restent, à l'ung des coustelz et à l'aultre, rendront le debvoir qu'ils doibvent de bons serviteurs et ne com- | |
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Ga naar margenoot+porteront chose auxdits François que soit préjudiciable au service de sa Mat et à ses pays, mais, quoy qu'il soit de ceulx qui y sont, je ne fauldray de, où que je soys, tenir tousjours la correspondence que je doibz au service de v. Mat et feray mon mieulx pour la tenir advertye de ce que je verray convenir et que vraysemblablement elle debvra désirer sçavoir, que viendra à ma cougnoissance. Je remercye très-humblement v. Mat de ce qu'il lui a pleu par sa clémence me communicquer de l'estat présent de la Germanie, et je n'ay failly de incontinant en advertir Mad. la Duchesse de Parme, luy ramentevant joinctement qu'il ne pourroit estre que très-à-propos qu'elle envoyast le Conseillier CobelGa naar voetnoot(1) ou aultre de la part du Roy notre maistre et sienne à Rosthock, pour assister à procurer l'accord entre Dannemarch et Suède, puisque l'office qu'elle y fit l'an passé fut si bien prins de toute la Germanie, oultre ce que parce moyen elle sçaura, comme lors, ce que passa par delà, et, en cas que l'accord ne se fit, sçaura de temps à aultre ce que feront les armées, pour selon se conduyre à procurer la seurté des Pays d'Embas... Besançon, 8 mai 1564. Le 8 mai le Cardinal écrit, de Besançon, au Chancelier Seldt: ‘Je n'entendz encores des Pays-d'Embas, d'où tous les jours j'ay nouvelles, qu'il y ait chose que doibgeGa naar voetnoot1 haster mon retour, ny moins que les voisins meuvent chose d'importance dont nous doibgeonsGa naar voetnoot2 craindre, et je tiens que la négociation de Worms, la correspondence des ligues, et ce que les Princes doibvent entendre combien il leur empourte de non compourter que la Noblesse preigne le chemin auquel aucuns d'icelle tendent, sera cause que la Germanie demeurera à repos († MS. B. Gr. xi. p. 228). | |
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Ga naar margenoot+Viglius ecrit le 9 mai, de Bruxelles, au Cardinal: ‘....Quant à vostre congié, sa Mat respondit in haec verba: “je ne sçaurois trouver mauvais le congié que vous m'escripvez avoir donné au Cardinal de Granvelle de se povoir absenter pour deux ou trois mois et entendre à ses affaires particuliers, attendu ce que luy importoit, et qu'il n'y avoit apparence de mouvement des voisins, bien que je cognoisse la faulte que fera son absence à mon service:” cecy est bien aultre langaige que celluy que aucuns teignent icy, que v.i.S. s'est retirée par ordonnance de sa Mat, parlans de grandes menaces si elle retourne....’ († MS. B. Gr. xi. p. 232). De même, quelques jours après, Viron rapporte au Cardinal que le Roi a écrit à son Alt. qu'il trouve bon le congé de 2 ou 3 mois donné au Cardinal, mais qu'il craint que ses affaires souffriront de cette absence. Viron ajoute, d'après M de Barlaymont, ‘que les Seigneurs se trouvent plus animez que devant, et font trouver mauvais tout ce qui a été fait du tems de M. de Granvelle, de quoy la Dame n'en sait que dire ni contredire de crainte (MS. B. Gr. xii). |
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