À la gloire de la Belgique. Anthologie de la littérature belge. Deel 1. Les écrivains d'expression française(1915)–Jan Greshoff– Auteursrecht onbekend Vorige Volgende [pagina 207] [p. 207] Déméter Ton chant, ô Déméter, retentit plus amer Dans ce déclin d'automne où l'aube s'ingénie A simuler parmi les bois et sur la mer L'illusoire printemps qui plaît à ton génie. Il flotte autour de toi comme un parfum de fruits Dont les dernières fleurs exaltent leur haleine... La nature te fête encor, mais tu la fuis, Belle comme Aphrodite et triste comme Hélène. Si tu cherches ici l'hommage pur des lys Et l'accueil ingénu des cygnes sous les roses, Pars et ne reviens plus: Les temps sont accomplis, Un éternel sanglot monte du coeur des choses. Nous sommes des enfants voués à la douleur, Portant le châtiment de l'injure infligée Par nos larmes au rêve entrevu du Bonheur Qui nous suit à présent de son ombre outragée. Mère, comment veux-tu retrouver parmi nous L'innocence d'une âme ivre de ta lumière, Où l'espoir et l'amour attendent à genoux La révélation de la Beauté première?... Nous avons contemplé ton sourire divin A travers le mensonge éblouissant des fièvres Sans pouvoir te comprendre, ô Mère, et c'est en vain Que tu nous accordas l'aumône de tes lèvres. Cependant, en offrande à ton rêve éternel, Nous avions suscité dans nos jardins moroses, Le simulacre de l'Eden originel Paré d'arbres blessés et de spectres de roses. [pagina 208] [p. 208] Autour de toi flottait comme un parfum de fruits Dont nos suprêmes fleurs exaltaient leur haleine... Mais notre effort fut vain, Déesse, tu nous fuis, Belle comme Aphrodite et triste comme Hélène. Vorige Volgende