À la gloire de la Belgique. Anthologie de la littérature belge. Deel 1. Les écrivains d'expression française(1915)–Jan Greshoff– Auteursrecht onbekend Vorige Volgende [pagina 197] [p. 197] La fin de la ronde Byzantins de Byzance, écoutez à vos portes! Les pas de barbares cohortes Endeuillent le silence De rudes cadences Et chantent les effrois de la venue prochaine Dans le vent tiède de la plaine. Aujourd'hui les chansons et la mort pour demain! Toute la volupté du vin Dont nos amours s'enivrent Et la joie des livres Qui chantent l'épopée languide de leur gloire Encore au fond de nos mémoires; Et les carillons clairs de mille campaniles Et tous nos grands dieux puérils Aux yeux d'étranges pierres Illustres et claires Où les prêtres tremblants voyaient dans l'avenir Les hordes barbares venir; Demain, demain et tout au gai soleil levant Sera de la pousière au vent! Aux barbares nos filles Donneront, tranquilles En la perfide joie des grands sourires vagues, De leurs longs doigts blancs l'or des bagues. Les esclaves haineux ont déjà fui les portes Et vont au devant des cohortes Porteurs de nos trésors; Nos icones d'or, Nos lamentables christs sur émail rose et bleu Aux longs regards vagues et creux; [pagina 198] [p. 198] Nos vierges aux yeux pleins de mystères charnels Nos reliques et nos missels, De nos défunts espoirs Souvenirs d'ivoire... Et le rire joyeux des grands enfants barbares Eclate à l'aspect de nos gloires! Oh ce rire, ce rire et sa joie grande et saine! Hélas! et sa joie courte et vaine... O grands enfants sauvages, Grands enfants très sages, Puissiez-vous ne jamais sentir au fond du coeur Que rien ne vaut qu'on rie ou pleure. Et venez, gais porteurs de la mort en nos joies! Nos fronts que la fatigue ploie De trop de choses sues, Attendent vos massues... Donnez, vous qui savez l'immensité de vivre, Au feu la sagesse des livres... Ainsi se clôt le rêve et les chansons se taisent! Les folles bouches qui me baisent Ont des râles d'effroi... Je ne sais... en moi Il chante encor comme un oiseau dans une tombe... Rentrez acteurs, la toile tombe! Toutes portes au large ouvertes aux cohortes! Ah, qui courra fermer les portes? Car moi, trop las du rêve Des vers que j'achève, Je ne puis et j'irai tout au plus pour les voir Au haut des terrasses m'asseoir. Vorige Volgende