E. du Perron
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C.E.A. Petrucci
Florence, 17 april 1922
Clairette, l'intéresse que vous me témoignez, m'est tout: si vous saviez combien vous êtes pour moi, combien vous me donnez, sans le savoir vous-même; comme je me sens riche, capable de tout qui est fort et beau, héroique même; après vous avoir vu, après avoir été avec vous; - après, car tant que je suis en votre présence je ne puis rien qu'admirer. C'est faux, c'est méchant presque, mais je ne peux rien y faire: je me sens forcé de voir en vous plus et plus, de sorte que je ne vois déjà plus une jeune fille d'à peu près mon âge, mais quelque déesse, bien supérieure, bien bonne mais bien grande!
Et puis, Clairette, si vous saviez comme je me sens faible, oh, tellement faible de temps en temps, et insignifiant et petit; avec tous ces grands noms autour de moi, comme je me sens un débutant sans aucun talent presque, et sans aucune chance. Je dois vous voir, vous parler, vous sentir tout près de moi, - ne fût-ce que quelquefois, - pour devenir de nouveau expectant, pour croire au succès, parce que je ressens alors tout vivement le désir, le besoin d'être grand: un peu pour moi, mais beaucoup, beaucoup pour vous! - Ah, vous rirez, vous direz peut-être: et que veut-il que cela me fasse? - mais ne fût-ce que parce que vous croyez un peu en mon talent, n'est-ce pas? vous ne pouvez quand-même pas être tout-à-fait indifférente à mon évolution; en tout cas: laissez-moi croire cela!
Il y a des moments ou je voudrai bien vous oublier, faire tout pour ne plus vous avoir dans ma mémoire, pour redevenir tout-à-fait moi-même. Mais j'aime trop votre influence, j'y tiens trop, elle me donne trop, malgré tout, malgré que je me sens souvent bien malheureux. Ah, je voudrais tant faire quelquechose pour vous qui soit un peu extraordinaire, un peu out of the way, pour vous prouver que je pourrais faire quelquechose, que je ne suis pas complètement un nullité. Je sais que vous ne m'avez jamais donné raison à croire que vous m'en croyez un; mais moi, je le sens, je sais que je suis si rien, si bas, si petit à côté de vous.
Want ze is het gróótst zooals ze is:
Uitgaand naar een tè ver verschiet,
Steeds dorstend, zonder lavenis,
Naar 't onbereikbre dat zij ziet
Zich rekkend; 'k ruil mijn liefde niet
Clairette, ze is het grootst zooàls ze is!
Origineel: particuliere collectie