E. du Perron
aan
P.F.R. ShiellGa naar voetnoot1.
Bellevue, 17 juli 1933
Bellevue, lundi 17 juillet '33.
Cher Monsieur,
Merci de votre lettre. Je comprends très bien la situation; malheureusement, voilà je n'y peux plus rien. Nous avons maintenant calculé chaque centime, pour ainsi dire, afin de pouvoir vivre nousmêmes - vivre, tout juste; je ne saurais que faire pour dépenser 50 frs. supplémentaires, je ne vois donc pas le moyen d'envoyer 400 frs. à Simone. Moi, à sa place, je vendrais mes meubles en attendant de trouver une place; pour elle, évidemment, ce conseil paraîtra ‘trop dur’. C'est pourquoi je ne saurais la conseiller. Peut-être Mme de Sturler,Ga naar voetnoot2. qui a envoyé le Dr. Nyssens,Ga naar voetnoot3. pourra-t-elle trouver quelque solution selon le coeur de Simone. Je n'ai jamais compris, moi, comment elle pouvait louer un appartement, même moins cher. Supposé que cet appartement ne lui aurait coûté que 200 francs par mois, au moins elle savait donc où trouver ces 200 francs? Le malheur avec Simone, c'est qu'elle ne peut pas se mettre dans la tête que je suis entièrement pauvre; qu'elle s'imagine qu'il y aura toujours quelque chose ou que c'est de la mauvaise volonté. Or, selon la vérité, la situation reste comme elle est, et la logique est inébranlable: n'ayant rien moi-même, je ne puis rien lui envoyer. Ma tante HennyGa naar voetnoot4. m'a donné 1000 frs français environ (que j'ai mis de côté pour le trousseau de Gille); moi-même je fais et ferai l'impossible pour avoir tous les mois les 500 francs belges pour l'école de Gille. Je n'y pourrais ajouter 400 francs pour Simone; c'est nettement impossible; et croyez que j'en ai de la peine.
Pendant un moment, j'avais pensé mettre Gille plutôt chez vous que dans un pensionnat (supposé que vous l'auriez voulu) et je l'ai même écrit à Simone. Elle ne m'a pas répondu à ce sujet, peut-être parce que c'était impossible. Maintenant, la solution de l'envoyer à Monada paraît s'imposer; je n'ai plus besoin que de l'avis de mon ami Greshoff qui ira s'informer là-bas de l'enseignement proprement dit. Il s'agit même de faire vite, puisque Gille doit être quelque part, quand Simone quittera la rue Charles-Quint.
Pour Simone, qu'elle aille voir Mme de Sturler, qui s'occupe à lui trouver une place, qu'elle aille voir mon ami Franz Hellens, qui a beaucoup de relations, lui aussi, et qu'elle aille voir Greshoff pour aller avec lui à Monada. Si elle ne veut pas vendre ses meubles, peut-être qu'elle trouvera où les mettre, en attendant d'avoir trouvé mieux; je pense que Mme de Sturler par exemple pourrait très bien les prendre, et là elle n'aurait pas à s'inquiéter. Moi, vraiment, je suis sans moyen de l'aider, cette fois-ci.
Voulez-vous dire à Simone que les meubles de ma mère seront mis en vente publique en septembre, vu les vacances? Mais qu'elle ne compte pas sur un résultat brillant.
Recevez, cher monsieur, mes meilleures salutations et mes respects pour Madame Shiell.
Bien à vous
EduPerron.