Mais, tout de suite, il vint vers moi.
- Non, tu ne serais pas tentée... cependant si, moi, je devais me laisser tremper, comme toi l'autre jour, il y a longtemps que je serais en prison.
- Brrr... j'aimerais mieux mourir de faim et de froid, que de commettre un acte qui pourrait me conduire en prison, car alors je me croirais irrémédiablement souillée.
Une autre fois, je m'étais rendue, par des rafales de neige, chez un Anglais qui aimait beaucoup ma tête; il la peignait et repeignait. En arrivant, j'ôte mes bottines: il les dépose, pour les faire sécher, sur le poêle, où il n'y avait presque pas de feu. Je prends la pose... Au repos, je vis une de mes bottines qui bâillait comme une mâchoire ouverte, et l'autre avait la semelle calcinée. Je me mis à pleurer tout haut. Le peintre fut si ému qu'il me donna vingt francs pour acheter des chaussures. Je m'en achetai, naturellement, une paire de dix francs, et les autres dix francs passèrent à la maison.
Je ne me vendais plus. Cependant, les jours de famine, et quand je ne trouvais du travail nulle part, j'allais rendre visite à ce peintre anglais. Il avait vingt-quatre ans. Sans le montrer, j'avais un béguin pour lui. J'étais très à son