La légende d'Ulenspiegel
(1869)–Charles de Coster– Auteursrechtvrij
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- Le duc de sang ose, étant à Utrecht, y édicter un benoît placard, promettant entre autres dons gracieux: faim, mort, ruine aux habitants du Pays-Bas qui ne se voudraient soumettre. Tout ce qui est encore en son entier sera, dit-il, exterminé, & sa royale Majesté fera habiter le pays par des étrangers. Mords, duc, mords! La lime brise la dent des vipères; nous sommes limes. Vive le Gueux! ‘D'Albe, le sang te saoûle! Penses-tu que nous craignons tes menaces ou que nous croyons à ta clémence. Tes illustres régiments dont tu chantais les louanges dans l'entier monde, tes Invincibles, tes Tels-Guels, tes Immortels demeurèrent sept mois à canonner Harlem, faible ville défendue par des bourgeois; ils ont comme bonshommes mortels dansé à l'air la danse des mines qui éclatent. Des bourgeois les colletèrent de goudron; ils finirent par vaincre glorieusement, égorgeant les désarmés. Entends-tu, bourreau, l'heure de Dieu qui sonne? ‘Harlem a perdu ses vaillants défenseurs, ses pierres suent du sang. Elle a perdu & dépensé en son siége douze cent quatre-vingt mille florins. L'évêque y est réintégré; il bénit d'une main leste & la trogne joyeuse les églises; don Frédéric est présent à ces bénédictions; l'évêque lui lave les mains que Dieu voit rouges, & il communie sous les deux espèces, ce qui n'est point permis au pauvre populaire. Et les cloches sonnent, & le carillon jette dans l'air ses notes tranquilles, harmonieuses: c'est comme un chant d'anges sur un cimetière. OEil pour oeil! Dent pour dent! Vive le Gueux!’ |
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