La légende d'Ulenspiegel
(1869)–Charles de Coster– Auteursrechtvrij
[pagina 12]
| |
quelque rixe, Claes le battait parce qu'il n'avait point battu les autres, & ainsi éduqué, Ulenspiegel devint vaillant comme un lionceau. Si Claes était absent, Ulenspiegel demandait à Soetkin un liard pour aller jouer. Soetkin, se fâchant, disait: ‘Qu'as-tu besoin d'aller jouer? Tu ferais mieux de demeurer céans à lier des fagots’. Voyant qu'elle ne donnait rien, Ulenspiegel criait comme un aigle, mais Soetkin menait grand bruit de chaudrons & d'écuelles qu'elle lavait en un seau de bois, pour faire mine de ne le point entendre. Ulenspiegel alors pleurait, & la douce mère, laissant sa feinte dureté, venait à lui, le caressait & disait: ‘As-tu assez d'un denier?’ Or, notez que le denier valait six liards. Ainsi elle l'aima trop, & lorsque Claes n'était point là, Ulenspiegel fut roi en la maison. |
|