De patriottentijd. Deel 3: 1786-1787
(1899)–H.T. Colenbrander– Auteursrecht onbekend
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1. - De Prinses aan HertzbergGa naar voetnoot1). - Loo 15 Augustus 1786. -Plusieurs amis de la bonne cause souhaitent qu'au moment où nous perdrons le Roi, le successeur au throne envoye ici une personne de confiance, pour témoigner la part qu'il prend à la situation de nos affaires et le désir qu'il a de voir l'union rétablie. Ceci sans promesses et menaces; mais cette personne devroit être bien instruite du nouveau Roi, pour pouvoir aller de concert sous main avec les amis qui alors acqueriroient plus de force et d'énergie. Cette insinuation m'a été faite de plus d'un côté. C'est avec la connoissance du Prince que je vous le mande. | |||||||||||||
2. - De Prinses aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - Loo 27 Augustus 1786.Il y a des personnes qui voudroient voir une augmentation de garnison au pays de Cleves, et s'il étoit possible, quelque cavallerie, mais ceci sans beaucoup de bruit et sans que cela ait l'air d'une menace. Cette démarche accompagnée d'un langage ferme à la France, et de quelques assurances d'appui à nos amis données sous main, seroit peut-être ce qu'il y aurait de mieux à faire. | |||||||||||||
3. - Frederik Willem II aan de PrinsesGa naar voetnoot3). - 3 September 1786. -L'éloignement que la Cour de France montre pour Tulmeier m'a porté en grande partie à accélérer le départ du Comte de Goertz dans l'espérance que ses négociations auront un meilleur succès, et qu'il contribuera d'avantage à Vous servir que Tulmeier n'auroit pu le faire; d'ailleurs il a l'avantage d'être lié avec Vérac depuis Petersbourg. Si je fais une fois des démonstrations guerrières il faut les soutenir, je me brouille avec la France qui par là même s'unit avec l'Empereur plus étroitement que jamais, et je me vois une guerre sur les bras d'un succès douteux, sans sçavoir même si j'atteindrois le but desiré de vous maintenir en Hollande. | |||||||||||||
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Antwoord der PrinsesGa naar voetnoot1): Je ne puis disconvenir mon cher frère, que vos réfllexions sont très justes, et je suis parfaitement d'accord avec vous que si l'on peut parvenir au but par les voyes de la douceur, elles sont préférables; mais je suis trop franche, je vois les choses de trop près pour pouvoir dire que je le crois, à moins qu'on voulut cèder à quelque conciliatoire déshonorant pour nous et qui par le fait dépouilleroit le Prince et ses Enfans de ce qui fait l'essence des dignités qui leur reviennent légitimement, je vais plus loin, je doute même que les Patriotes veuillent dans ce moment entendre à aucune conciliation quelconque, quant à la France je ne puis changer ma façon de penser à son égard, je sens que sa réponse sera décisive et qu'il faut l'attendre, je souhaite que les faits prouvent que je me sois trompée à son égard; je ne puis rien dire de son union avec l'Empereur, au cas que vous vous montriez ouvertement prêt à nous assister par tous les moyens qui sont en votre pouvoir; vous devez en pouvoir mieux juger que moi, sûr est-il que le feu Roi avec les meilleures intentions du monde a gâté nos affaires ici plutôt que de les accommoder, en parlant un langage qui n'a pas été soutenu. Dans ce moment tous les yeux sont sur vous; les méchants vous craignent quoiqu'ils fassent semblant du contraire, ceux qui pensent bien espèrent de trouver en vous le défenseur de la justice et de la vraie liberté. Il seroit possible peut-être qu'une seule démarche vigoureuse, ou seulement quelques mouvemens dans les troupes en imposent la fougue, qui est parvenue au comble, et ne s'arrêtera plus que par des démarches énergiques. | |||||||||||||
4. - ‘Instruction pour le ministre d'etat Comte de Goertz pour sa mission en Hollande’Ga naar voetnoot2). -Le Ministre d'Etat Comte de Goertz est suffisamment informé de la situation critique dans laquelle se trouvent le Prince et la Princesse d'Orange en Hollande, et que les ennemis de la maison d'Orange qui ont usurpé le nom de Patriotes, ont trouvé moyen de rogner tellement les prérogatives du Stadhouder, surtout en lui otant par deux résolutions très prejudiciables, le commandement de la garnison de la Haye, qu'il n'a pas pu rester avec honneur dans cette capitale de la Hollande et qu'ils ont excité dans plusieurs villes une anarchie et sédition, qui menacent toute la République d'une guerre civile et le Stadhouderat d'une destruction totale. Le Roi voulant par amitié pour sa soeur la Princesse d'Orange, continuer et renforcer même l'assistance, que feu le Roi a deja prêtée au Prince Stadhouder, S.M. a jugé à propos d'envoyer le Comte de Goertz avec le caractère de son Envoyé Extraordinaire et Ministre Plenipotentiaire en Hollande, par une suite de la confiance qu'Elle a en son zèle, sa capacité | |||||||||||||
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et sa prudence, pour travailler à rétablir les affaires et les intérêts de la famille Stadhouderienne. Le Comte de Goertz se mettra donc sans delai en chemin et se rendra d'abord à Loo chez le Prince et la Princesse d'Orange, pour les informer de cette mission et leur porter les lettres dont il est chargé; pour s'informer de la situation des affaires en Hollande, qui change de jour en jour, et pour se concerter avec la Princesse d'Orange sur les mesures ultérieures à prendre. Il se rendra ensuite de Loo à la Haye, prendra les informations nécessaires du Sr. de Thulemeyer, qui est déjà prévenu de la nature et du but de sa mission, et se concertera également avec ce ministre pour les mesures que selon les circonstances il conviendra de prendre et en premier lieu ce qu'il faudra faire pour remettre sa lettre de créance ci-jointe aux Etats-Généraux. Il est impossible de prescrire au Comte de Goertz une demarche précise pour ces mesures et pour la négociation dont il est chargé. Le Roi s'en remet à sa prudence de se diriger en tout selon les circonstances du tems et de l'endroit. Le Comte de Goertz sait déjà et verra encore davantage par les copies des deux dépêches adressées au Baron de Goltz à Paris en date du 22 août et du 1 de septembreGa naar voetnoot1), que ce ministre a été chargé de sommer la Cour de France et de faire toutes les représentations possibles pour que selon les promesses si souvent données par le Comte de Vergennes elle donne des ordres précis à son ambassadeur à la Haye, de travailler de concert avec le ministre du Roi pour que le commandement de la garnison de la Haye soit restitué au Prince d'Orange, et que par ce moyen le Prince rentre dans l'activité du Stadhoudérat. Le ComteGa naar voetnoot2) de Verac a fait jusqu' ici tout le contraire, ayant plutôt contribué par ses émissaires à faire passer la fatale résolution du 28 Juillet par une petite majorité, ce que le Comte de Vergennes a pourtant fortement désapprouvé aussi que la dite résolution même, en faisant espérer au Baron de Goltz que la Cour de France rectifieroit le Comte de Verac et le feroit travailler pour effectuer la restitution du commandement de la Haye, qui devoit toujours servir de base à un accommodement général entre le Prince Stadhouder et ses adversaires. Le Comte de Goertz apprendra non seulement du Baron de Goltz et du Sr. de Thulemeier, mais aussi du Comte de Verac même, si cet ambassadeur de France a reçu des ordres précis là-dessus, s'il a changé de principes, et s'il est porté à seconder les vues et les mesures du Roi par l'intervention efficace de la Cour de France. Comme le Comte de Goertz a été autrefois fort lié à Petersbourg avec le Comte de Verac, il fera son possible pour regagner sa confiance, pour le convertir, et pour le faire agir sérieusement et de concert avec lui en faveur du Stadhouderat. On a quelque lieu d'esperer que la Cour de France, tant pour menager la Prusse que pour ses propes et veritables interets, fera du moins quelque chose pour conserver le Stadhouderat, si- | |||||||||||||
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non dans toutes ses prérogatives, du moins pour l'essentiel. Il s'agit pour le présent seulement d'arrêter l'explosion d'une guerre civile dans les Provinces, et de faire retourner le Prince d'Orange à la Haye, en lui faisant restituer le commandemant de la garnison. Comme on peut prévoir que le triumvirat aristocratique, qui emporte à présent tout par la force et la pluralité dans les Etats de Hollande, fera tout au monde pour soutenir sa résolution du 28 Juillet, sous prétexte de ne pouvoir pas la révoquer sans déroger à la souveraineté des Etats, le Roi a fait proposer à la Cour de France un biais, par lequel la dite résolution pourroit être changée sans préjudice de la Souveraineté par la réserve que les Etats pourroient donner eux-mêmes des ordres à la garnison de la Haye dans des cas pressans. Le Comte de Goertz tachera de faire gouter et agréer cet expédient, et il paroit que la Cour de France doit l'agréer et y contribuer, si elle agit sincèrement pour la conservation du Stadhouderat. Si l'on peut aussi trouver quelqu'autre expédient qui mène au même but, il faut le saisir également. Dès qu'on sera parvenu à faire restituer au Prince d'Orange le commandement et à le faire retourner à la Haye, on pourra ensuite travailler à un arrangement général entre les partis, sur lequel il n'est pas besoin d'instruire le Comte de Goertz d'avance, d'autant plus qu'il acquerra les meilleures lumières en Hollande même sur cet objet important et fort étendu. Tout le succès de cette négociation dependra de la concurrence sincère et efficace de la Cour de France par l'infiuence décidée qu'elle a gagnée en Hollande depuis l'alliance conclue avec cette République, et aussi le Comte de Goertz doit faire tout son possible pour faire agir le Comte de Verac selon le plan susdit, pour obtenir de lui qu'il retienne les aristocrates et les fasse consentir à l'arrangement proposé, ou qu'il concoure à faire tourner la pluralité des Etats d'Hollande pour le même but. Cependant il ne laissera pas de menager les anciens amis et partisans du Prince d'Orange, de les rassurer et de les encourager par l'assurance de l'intervention efficace du Roi, sans pourtant leur promettre une assistance guerrière comme ils demanderont peut-être. Il tachera même de modérer la fougue du ministre d'Angleterre le Chevalier Harris, de le retenir de toute idée d'une révolution, et d'empêcher toutes les mesures violentes, qui ne pourroient tourner qu'au plus grand danger et désavantage du parti Stadhouderien dans la situation présente. Il ne lui sera pas difficile de faire comprendre au Chevalier Harris, qu'il ne s'agit pas de mettre la République et le Prince d'Orange entièrement à la discrétion de la Cour de France, mais que l'essentiel est pour le présent, de préserver le Stadhouderat d'une destruction totale et de le conserver pour d'autres tems. Le Comte de Goertz sentira bien lui-même par tout ce qu'on vient de dire, qu'on ne peut pas lui prescrire une instruction précise sur la méthode et la manière d'entamer sa négociation soit avec l'ambassadeur de France, soit avec les Etats-Généraux, soit avec les Etats d'Hollande, ou les Regens particuliers de chaque ville. Le Roi abandonne tout cela à sa prudence pour prendre les mesures les plus convenables solon les circonstances. Il se concertera autant que possible tant avec la Princesse d'Orange qu'avec | |||||||||||||
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le Sr. de Thulemeier, et tachera de vivre dans la plus parfaite intelligence avec ce ministre et de suivre ses avis et ses conseils, d'autant plus que le Sr. de Thulemeier connoit parfaitement la carte du pais, et a très bien géré les affaires de sa mission, quoique par son zèle il se soit attiré la défiance et le mécontentement de la Cour de France. C'est ainsi par cette raison principalement et pour contenter la Cour de France que le Roi a jugé à propos de ne pas laisser au Sr. de Thulemeier seul la continuation de cette négociation, et que le Comte dc Goertz est envoyé en Hollande pour le remplacer à cet égard. Il jugera lui-même par les circonstances, si le Sr. de Thulemeier pourra continuer à agir publiquement de concert avec lui, ou s'il faudra que lui Comte de Goertz paroisse seul. Le Comte de Goertz saura déjà et apprendra encore davantage en Hollande, que la conduite du Prince d'Orange n'est pas toujours conforme à ses véritables intérêts et qu'il donne quelquefois prise sur lui. Il tachera de gagner sa confiance et de menager sa delicatesse, et il se concertera en tout avec la Princesse d'Orange, pour le diriger au véritable bien de leurs affaires. Il sera toujours nécessaire que le Comte de Goertz remette la lettre de créance ci-jointe aux Etats-Généraux dans lesquels la pluralité a témoigné jusqu'ici assez d'attention pour le Roi et de bonne volonté pour le Prince d'Orange. Il jugera d'après les circonstances, s'il pourra et devra s'adresser aussi en particulier aux Etats d'Hollande, dans lesquels la majorité est moins bien intentionnée. Le Comte de Goertz connoit la déclaration que le Sr. de Thulemeier étoit chargé de faire à la minorité: il ne l'a pas faite selon ses derniers rapportsGa naar voetnoot1), et ils jugeront tous les deux par les circonstances, s'il convient de la faire encore. On lui communique ci-joint pour son information les deux dernières lettres que feu le Roi a écrites aux Etats-Généraux et aux Etats d'Hollande. On s'abstient de dire au Comte de Goertz ce qu'il y auroit à dire sur le caractère du Pensionnaire Bleiswijk, des trois Pensionaires patriotiques, du Sr. Fagel, et du Sr. Rendorp, bourguemaitre d'Amsterdam, chef du parti orangien, et sur la conduite qu'il aura à tenir à leur égard. Il apprendra assez à les connoitre et agira en conséquence. En général c'est une négociation difficile, que le Roi ne peut qu'abandonner à la prudence et à la dextérité du Comte de Goertz, et pour laquelle on ne peut lui prescrire d'autre instruction déterminée que celle qu'il doit profiter des circonstances, de la bonne volonté et de la concurrence de la France, de la confiance qu'il pourra inspirer aux bien-intentionnés et de la crainte au parti contraire, pour rétablir autant que possible les affaires du Prince Stadhouder, pour le faire bientôt retourner à la Haye et pour lui conserver les parties essentielles du Stadhouderat. C'est après ses rapports qu'on lui donnera des instructions ultérieures. Le Comte de Goertz trouvera ci-joint un nouveau chiffre, dont il donnera | |||||||||||||
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un exemplaire au Sr. de Thulemeier et en fera copier un autre pour la Princesse d'Orange, pour qu'on puisse s'en servir avec elle tant d'ici qu'à la Haye. Il en enverra aussi une copie au Baron de Goltz, quand il en aura une occasion sûre. Il fera ses rapports comme à l'ordinaire en double au Roi et au Département. Berlin le 2 Septembre 1786. | |||||||||||||
5. - Hertzberg aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 2 September 1786. -Redenen waarom hij, in een met Z.M. gehouden gesprek, aangedrongen heeft op een troepenbeweging in Westfalen, die zou moeten bestaan in het vereenigen der westfaalsche regimenten tot een kamp ‘sous prétexte d'exercice ou de revue’, en het zenden van twee regimenten cavalerie over de Wezer. La mission du Comte de Goertz me paroit une démarche tout aussi forte que l'assemblée des troupes en Westphalie. Si elle n'est pas admise par les patriotes, ou si elle échoue, comme il est probable dès qu'elle n'est pas soutenue par la montre de quelque mesure vigoureuse, l'affront qui en résulte pour la Cour de Prusse est tout aussi fort que si les Hollandois ne se laissent pas intimider par la démonstration proposée. Il y a grande apparence que la démonstration proposée en auroit imposé non seulement aux Hollandois mais aussi aux autres Cours de l'Europe et leur auroit fait sentir que V.M. est toujours prête et résolue de soutenir non seulement ses propres intérêts, mais aussi ceux de ses alliés, amis et parens, et qu'Elle ne craint rien. La monarchie Prussienne, nullement égale en force intrinsèque aux autres trois grandes puissances, ne peut soutenir sa grande réputation et son rôle que par la fermeté et la vigueur qu'elle montre dans toutes les occasions. | |||||||||||||
6. - Van Reede aan HertzbergGa naar voetnoot2). - ± 6 September 1786. -Le salut de la maison d'Orange dépend dans ce moment de crise du succès de la démarche des Etats de Gueldre; si celle-ci réussit, si les Patriotes peuvent être intimidés, et par là même ne pas envoyer des secours quelconques aux séditieux, les affaires prendront probablement une tournure favorable, mais tout dépend du moment. Une démonstration des troupes du pays de Cleves eût produit cet effet salutaire; à son défaut, S.M. daigneroit-Elle écrire à ses généraux de Salomon et de Gaudi (en enjoignant à celui-ci de répandre habilement la nouvelle) de lui envoyer un état des villes susceptibles de recevoir une Garnison de Cavallerie, ou même d'Infanterie? Si ce bruit portoit la France à demander des éclaircissemens, la réponse est toute naturelle que S.M. a voulu sçavoir si sans grands fraix Elle pouvoit remettre de la Cavallerie dans ce Pays. Cer- | |||||||||||||
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tainement avant et après cette réponse la France ne feroit aucune démonstration, le Roi ne seroit compromis en rien, mais on auroit probablement gagné le grand point d'intimider les Patriotes, de les porter à recourir, avant d'agir contre les Etats de Gueldre, à la Cour de France, et le moment favorable pour eux étant passé, leurs efforts seroient infructueux, ce qui est le point qu'il seroit heureux d'obtenir. | |||||||||||||
7. - Finckenstein aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 7 September 1786. -Gelderland denkt er over, de hulp van Z.M. in te roepen, en anders een bepaalde belofte te verkrijgen dat die hulp beschikbaar zal zijn zoodra zij wordt aangevraagd. Van Reede zal er op de audientie van morgen over spreken. Raad, om de aanvraag door een duidelijk antwoord af te wijzen. | |||||||||||||
8. - Frederik Willem II aan de PrinsesGa naar voetnoot2). - 8 September 1786. -Il est principalement nécessaire que Goertz cherche de concert avec la France à remettre le Stadhouder à la Haie, cela sera beaucoup gagné, dut-on même céder de la part du Prince sur quelques points qui ne seraient pas d'importance; dites à Goertz si vous le voiés actuellement à Loo qu'il tache de porter le parti Républicain à lui dire leur ultimatum, peut-être cela éloigneroit-il plusieurs de leurs adhérens, mais avant toute chose il faudra voir comment la France s'acquittera de ses engagements, tachés aussi de bien instruire Goertz des moiens et des espérances que le parti du Prince peut avoir pour venir à ses fins, afin que Goertz en soit parfaitement informé. Il faudra que nous nous assurions des dispositions de l'Angleterre pour voir si l'on peut compter sur elle. C'est d'après tout ceci que je reglerai mes démarches, ne désirant rien de plus ardamment que Votre bonheur, mais si je me précipite et si je fais des démarches hazardeuses, je risque de déranger mes propres affaires sans arranger les vôtres. | |||||||||||||
9. - Hertzberg aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot3). - 11 September 1786. -Nieuwe aandrang om de Staten van Gelderland en van Utrecht niet aan hun lot over te laten. Men zou Goertz behooren aan te schrijven hen te verzekeren ‘qu'ils pourroient attendre l'approbation et l'assistance des alliés et amis de la République.’ Pour donner du poids à une pareille déclaration, il me semble que V.M. pourroit adresser un ordre éventuel au Général Major de Gaudi, qu'il mette un Bataillon des gens les plus sûrs dans la ville la plus proche du pays de Gueldres sous prétexte de garantir la frontière contre toute hostilité, et que si les Etats de Gueldres et d'Utrecht réclamoient son assistance, il feroit courir le bruit qu'il marcheroit avec quelques bataillons à leur secours. Il est moralement sûr qu'une pareille montre suffira pour empêcher | |||||||||||||
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une guerre civile en Hollande et de donner le tems à la Cour de France et à V.M. d'interposer et de faire valoir leur intervention. Sinon, la maison d'Orange sera chassée, et V.M. sera obligée de la soutenir par une guerre ouverte, ou de l'abandonner à son sort, ce qui influera sur toute la suite de son règne. | |||||||||||||
10. - Frederik Willem II aan FinckenstenGa naar voetnoot1). - 11 September 1786. -Que pensez-vous de cette avis de M. Hertzberg, croiez-vous que l'on puisse le suivre sans se brouiller ouvertement avec la France? | |||||||||||||
11. - Finckenstein aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 11 September 1786. -La proposition du ministre d'Etat de Hertzberg revient à peu de chose près et sous une autre forme à l'avis que ce ministre a ouvert il y a une douzaine de jours, et que V.M. a rejetté. Une déclaration du Comte de Goertz aux Etats de Gueldre et d'Utrecht pour les encourager, et leur témoigner l'approbation de V.M. pourra produire un bon effet, pourvu qu'elle soit faite avec prudence et circonspection, mais il faudroit en retrancher le mot d'assistance, puisque ce seroit un premier pas qui pourroit en exiger d'autres et qui compromettroit V.M. - Les ordres au Général de Gaudi pour mettre un Bataillon dans une Ville frontière de la Province de Gueldre, les bruits qu'il devroit faire courir et la marche d'un autre regiment de Westphalie me paroissent tout autant de fausses démarches. C'en est trop peu pour en imposer aux factieux, et c'en est assez pour rompre toutes les mesures prises avec la Cour de France, et brouiller V.M. avec cette Puissance qui paroit bien intentionnée, et qni quoi qu'on en dise regarderoit ces mesures comme une démonstration. Il me semble toujours que le parti le plus sûr dans le moment présent est d'attendre les réponses aux dépéches qui ont été adressées à la Cour de France par deux Couriers consécutifs, et dont la première ne sauroit tarder d'arriver. Il me paroit que la première question dans une affaire de cette importance est de savoir, s'il est de l'intérêt de la Prusse de faire une guerre pour les affaires de Hollande, et je crois qu'on se rendroit responsable en le conseillant à V.M. et dès lors il faut éviter soigneusement tout ce qui pourrait y conduire. | |||||||||||||
12. - Hertzberg aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot3). - 11 September 1786. -Conformément aux ordres de V.M. j'ai écrit au Comte de Goertz d'assurer les Etats de Gueldre et d'Utrecht de l'approbation de V.M., sans y faire sentir ni entrer rien d'une assistance réelle. Je ne suis pas assez imprudent pour ne pas applaudir au sentiment de V.M. qu'il n'est pas de | |||||||||||||
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l'intérêt de l'Etat de faire la guerre pour les affaires d'Hollande, et qu'il faut éviter de se compromettre et agir en conséquence. J'ai cru que ce que je proposois pourroit et devoit nous épargner une guerre pour longtems. Se je me trompe, et si V.M. veut bien m'en faire communiquer les raisons, comme je l'espère par ce qu'Elle me dit d'une plus mûre délibération, j'y souscrirai sans balancer, comme je dois. | |||||||||||||
13. - Capellen van de Marsch aan VergennesGa naar voetnoot1). - Zutphen, le 5 Octobre 1786.On s'allarme ici qu'il pourroit arriver que la Cour de Versailles pour plaire à celle de Berlin s'intéressât pour la Soeur du Roi de Prusse, afin de procurer à cette Princesse la couduite des affaires qui ne peuvent rester confiées entre les mains d'un Stadhouder en aversion à la Nation. Je dois avertir Votre Excellence que la Nation ne se prêtera jamais à un pareil engagement. La majeure et la plus saine partie de la Nation, quoiqu'elle estime l'Epouse du Stadhouder, ne souffrira jamais qu'une Princesse étrangère, soeur d'un Roi puissant, devienne sa Gouvernante. Hem komt schorsing van den Prins ook als Stadhouder en Admiraal-Generaal onvermijdelijk voor, tot het grondwettig herstel zijn beslag zal hebben en de noodige beperkingen bij middel van instructiën zullen zijn aangebracht. | |||||||||||||
14. - Frederik Willem II aan de PrinsesGa naar voetnoot2). - 31 October 1786. -Ma très chère Soeur, Vous me demandez ma détermination sur vos afaires; par les liens qui nous lient et la tendre amitié qui je Vous porte elles m'intéressent et me sont des plus personelles, et c'est par une suite de ces sentiments que je tâche de faire mon possible pour remettre le Prince et son parti. L'Angleterre est garante de la Constitution de 47; pourquoi ces quatre Provinces qui sont pour le Prince, et qui à la Généralité ont la majorité, pourquoi ne réclament-elles point la garantie de l'Angleterre qui est intéressée la première à la conservation du Stadthouderat avec toutes ses prérogatives? En général ces objets sont bien plutôt á débattre entre l'Angleterre et la France qu'entre la Prusse et la France, ces deux Puissances se disputent la Hollande et se la sont disputée toujours, pourquoi veut-on que je me mette en avant dans une afaire très épineuse qui concerne beaucoup plus l'intérêt politique de l'Angleterre? La France n'abandonnera jamais son parti dans la Province d'Hollande, en le faisant elle travailleroit contre elle-même en faveur des Anglois, ce qui n'est point à exiger. Si je donne à votre parti des espérances de secours j'agis contre la France qui sans être de très grande utilité ne m'est point indiférente dans les afaires de l'Empire, et il me seroit hazardeux de rompre avec Elle, et je suis moralement sûr d'ailleurs que toute espèce de menace de ma part accelereroit la ruine du Prince. Je ne puis absolument offrir que | |||||||||||||
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mes bons offices et vous ne pouvez point prétendre que j'agisse offensivement dans cette afaire, tandis que la France est l'alliée de la République, et l'Angleterre garante de la Constitution de 47. C'est contre l'intérêt de cet Etat que je décide dans ce moment-ci entre la France et l'Angleterre, ce n'est point une guerre que je crains mais d'être entrainé d'une démarche à l'autre et de devenir l'instrument de l'une ou l'autre Puissance, tandis qu'en concentrant les forces de cet Etat il tiendra tête dans tous les cas possibles à ses ennemis naturels, il dictera des loix dans l'Empire et augmentera sa considération. Peut-être la France et son parti adopteroient-ils l'idée d'une Coalition des deux partis dont on formeroit un Conseil qui assisteroit le Prince pour calmer ces troubles pour le moment. J'ose ajouter que ce sera toujours de la confiance personelle qu'un Stadthouder s'acquerra que dépendra le sort de la Maison d'Orange, surtout si en bornant leur ambition ils n'aspirent point à un degré d'autorité qui choque tout républicain, et sera toujours très précaire s'il n'est établi sur des droits clairs et reconnus pour tels de toutes les nations. Telles sont mes idées, ma très chère Soeur, que le bien de mon Etat m'oblige de suivre, et qui ne m'empêcheront jamais de Vous être toute ma vie tendrement attaché, étant
Votre fidelle et dévoué frère fr. guillaume.
à Sans Souci le 31 octobre 1786. | |||||||||||||
15. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 24 October 1786. -Het begin dezer dépèche staat gedrukt Diaries II, 200-201, tot de woorden: ‘.... in consequence of them.’ - Dan volgt: The Prince and Princess of Orange have replied to the insidious proposals held out to them by France thro' M. d'Esterno at Berlin, in a manner different from what I could have wished. Their answer is drawn up with great feeling and eloquence, but the Stadholder consents in it to give up the Right of the Patents and to new-model the Reglemens, requiring in return for these two important Priviledges - which make the Essence of his Office - nothing more than the command of the Hague should be restored. I understand the piece was the joint work of the Princess and Mr. van der Hoop. The King of Prussia will probably approve it, but I am persuaded France will require still more. His Highness himself is of this opinion, and confesses he should not have consented to agree to such hard terms, if he was not persuaded that they would be rejected by France, and by that means afford at least a convincing proof of his great moderation and earnest desire to put an end to the troubles which distract this Country. | |||||||||||||
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16. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 24 October 1786. -If a Stadholderian Form of Government is suffered to remain, deprived of the essential Prerogatives ceded in the Paper I mention in my other letter of to-day, the Stadholderate becomes a vain and empty Title, void of Power and Authority, and the Stadholder will exist only as a tool in the hands of the french party, or as a responsible minister on whom they may load their faults. A union of measures between England and the Prince of Orange can no longer exist. Their interests will be no longer the same. If either from compulsion or from acquiescence (it is immaterial which) the Stadholderate has its executive Powers lopped-off, and becomes a Tenure under the good-will of France, it can, I presume, no longer expect either the sanction or even the approbation of England, whose good wishes and protection ever must go with that party in the Republic which remains steady to the antient system, and which, still, persists in asserting its independence and freedom, without taking in consideration whether such party be Stadholderian, Aristocratical, or Democratical. To attempt to undo what has been done, to rectify the evils wich have been produced by the phrensy of Faction, by the want of a judicious administration on the part of the Stadholder, and by the ill-timed feeble intervention of Prussia; I say, to attempt this now, directly, or avowedly, without a fixed intention of carrying our operation through by dint of force and violence if required, would be only an idle sacrifice of our friends here, and a gratuitous committing of our own dignity and consequence. My opinion, indeed, is now what it has been all along, that, till France is ready, nothing will provoke her to quarrel with us; and that, when she is ready, nothing will prevent it: of course, that she would not go to war for the sake of this Country; and that, if England was to threaten, and to threaten seriously, France would shrink from the challenge. But, though your Lordship's indulgence towards me may perhaps allow me to fling this out as an opinion, I by no means presume to intrude it as an advice. On the contrary, I understand perfectly from Your Lordship's late despatchesGa naar voetnoot2) the prudent line of conduct I am to pursue, and from which I neither have, nor shall deviate, until I am commanded to do so. It is, therefore, in conformity to this, that I lay aside every Idea of intimidating our adversaries; and, dismissing from my mind all thoughts of rescuing this Country from the hands of its oppressors by coercive means, or regaining it as an immediate Friend, I confine my endeavours for the present to prevent its becoming a dangerous Enemy. This can only be brought about by forming an opposition in the Republic, by keeping up that spirit of dissatisfaction which reigns in the Provinces, by clogging the operations of the predominant Party, and by preventing an unanimity | |||||||||||||
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of Votes in the States General, and, in short by maintaining and encouraging that confusion and anarchy which now exist in this Country, and which, while they exist, render it perfectly insignificant and unimportant, as a Power, in the scale of Europe. We must endeavour to preserve the present temper which prevails in the Provinces of Gelderland, Zealand and Friesland. These are the three leading members of the Confederacy after Holland, and as long as we can command their Votes in the Generality, we can fetter the operations of the french faction as to render their effect wholly abortive. Gelderland is the Province of the Nobility, and where corruption or intrigue can prevail nothing, and where conviction, and a certainty of being supported, will effect everything. In am so persuaded that it is on these motives this Province acts, that though at this moment they are devoted to the Prince of Orange and his Cause, yet I have no doubt, that if he forsakes the principles which have till now actuated his conduct, they will immediately desert him, and adopt that line the real welfare of the State requires at their hands. As for Zealand, the intrigues of the Patriots and the money of France has perhaps shaken, in some degree, its loyalty, but as long as M. Van de Spiegel remains in office, you may be assured England may have Zealand whenever she pleases. The most important Province, because it is the richest, after Holland, is Friesland. Without having this, the other two will rather be a dead-weight on our hands than a service to us. Schets der friesche constitutie. A Gretman has no real power unless he is sure of a majority of votes in his Gretnie, which can only be obtained by his acquiring the larger portion of such Estates in his Gretnie as give a right of voting. To insure this majority (on which the consequence of a Gretman depends) they buy Land, which they mortgage again immediately, their only object being to have the disposal of the votes. The Mennonites (the capitalists of the Province) are the persons to whom, almost universally, these Estates are mortgaged. Hence it follows that the Mennonites have the Province of Friesland, in a manner, in their power, and the Mennonites, from time immemorial, have been french, and anti-Stadholderian. If at the present moment the States of Friesland have emancipated themselves from this subjection, it has been because, besides being unusually indignant against the conduct of Holland, they also expected efficacious support from Prussia. The same reason intimidated the Mennonites, and a fear of Prussian troops prevented these from exercising their power, by calling in their capitals. This apprehension being now passing over very fast, and Holland being greatly irritated against the Frieslanders, this operation will immediately take place, and (with the best dispositions possible) the Province will be lost. To obviate this evil, it will be necessary to furnish a sum equal to that due on mortgage to the Mennonites. | |||||||||||||
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This amounts to two millions of florins, and whoever advances this sum wil have the entire and absolute disposal of the Province. The Frieslanders pay 3% for their money, and the security is unquestionable, consisting solely in Land, fully equal in value to the sum for which it is mortgaged. I submit to Your Lordship's judgment whether it would not be worth while for England to take this debt on herself, not by advancing the two millions, which I well know to be an impossible operation, but by adding two procent to the three now paid, and letting the Negotiation pass through the medium of some substantial house of commerce in this Country. Five pro Cent, with such excellent security, would tempt any of them, and I think I could untertake, without difficulty, to raise it by the means of Messrs. Hope of Amsterdam. It only rests with England to insure the remaining 2%, or in other words, forty thousand florins a year, which is the Price of the Province. It is my duty to search for every means by which this Country may be saved from sinking into a state of entire dependence on France, and it is for Your Lordship's superior judgment to pronounce on their propriety or impropriety. | |||||||||||||
17. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 17 November 1786. -It has given me the most real corcern that I have been prevented till now, by Your Lordship's having been indisposed, from learning your sentiments relative to the outlines of an opposition, set forth in mine no. 102 of the 24th October. I hope, however, I shall not be deemed to have done amiss, if I have taken upon me not to discourage a laudable spirit which begins to demonstrate itself, and I have assisted my friends, in giving to their plan a degree of consistency. A select number of them have drawn-up the inclosed Plan of Association, with a view to get it signed by as many persons of weight, consideration and rank in the Republic as possible. If this Union can be effected, it is intended that, out of it, two persons of each Province should be appointed to conduct the Interest of the whole, and that this Committee of fourteen should be held, either here, or at Delft. The main object of the Committee is expressed in the Plan itself, but their operations are to extend still farther, and to prevent, by every possible means, the encroachment of Holland on the Union of Utrecht and the increase of french influence. Our friends wish to know whether they may consider the English minister as the head and protector of their Association. | |||||||||||||
18. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot2). - 26 December 1786. -[Association]. I am labouring to the utmost extent of my abilities, to hasten and encourage its formation, not by appearing myself, but by re- | |||||||||||||
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commending it to my friends. I have dispatched letters for this purpose to Mr. Van de Spiegel in Zealand and also written to my friends in Friesland. Should the relief I have proposed be ultimately granted, they then will be in a situation of freedom and independance, and be able to act up to the full extent of that vigour and exertion which I have promised for them. On making up the account of this year for the Province of Holland, there is a deficit of 16 millions of guilders, which is equal to a third of its Revenue. This deficiency must be made good by a Loan and new Taxes must laid on to the amount of the Interest. This will be the moment when the people will clamour, and is the moment the patriots dread the most. | |||||||||||||
19. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 29 December 1786. -De patriotten overleggen met Rayneval, welke maatregelen thans tegen den Prins genomen moeten worden: In regard to these measures, the patriots, as I understand, are divided in opinion. Gijzlaer and his partisans are for violent measures: for casheering the present Stadholder, and electing another is his place; for depriving the Corps of Nobles from their vote in the States; for dismissing in the several Towns, those Regents as are well-disposed to the House of Orange; and finally for aggrandizing Holland by adding to it the Province of Utrecht and the Pays de la Generalité, and declaring it a distinct and independent Republic. Van Berkel and Zeeberg, more cautious and timid, see that this is stating their whole fortunes on a single Throw. Their Idea is not on any account to dismiss the present Stadholder, but, by depriving him, by piece-meal, of this Priviledges, by constantly interrupting him in the execution of his office, and by continually charging him with misconduct and mal-administration, gradually lead him to be looked upon as insufficient and tyrannical, and by provoking him to some act of intemperance, draw down upon him the Resentment of the Nation, and then, either dismiss, or punish him, with the certain applause and approbation of the people themselves, according as circumstances may direct. | |||||||||||||
20. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot2). - 5 Januari 1787. -The Plan of Association is strongly approved by our Friends in Gelderland, Friesland and Zealand. The first of these is ready to sign it immediately, but the other two find themselves so hampered by pecuniary Engagements made either directly with the Province of Holland or with such individuals as are in the interests of the Holland faction, as not to be at liberty how to act according to their principles and intentions. The | |||||||||||||
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Mennonites can call in the sums at three Months notice, and this they never fail to do when any measures are likely to be brought forward, contrary to their principles. They keep at this moment by these means alone, the Province in a very precarious state, and if it cannot be wrested out of their hands, we may expect to lose it at the Diet which meets next month. Eveneens heeft de kamer Zeeland der Oost-Indische Compagnie hulp noodig: From a deficiency in their returns, and from their having been excluded from any part of the Monies the States of Holland advanced to the Chamber of Amsterdam, their Revenue is not equal to support their Establishment. They therefore will be obliged, from necessity, either to submit to the new Regulations, or else to have recourse, from time to time, to small Loans. It will be enough if I have it in my power to promise them the relief they require when they open a new Loan, which will be in the Course of the Summer. This Loan may be then from 4 to 500.000 florins, and as much the following year. They stand in need of precisely the same kind of support as the Frieslanders, viz. that the Interest they offer should be raised from 3 to 5%. In reckoning therefore what they may require from England at those two periods (by which time the contest must be ended one way or other) at 20.000 florins annually, I rather exceed the mark. My original Idea was that the Loan for Friesland should be negociated by the Hope's; but on reflection it appears to me as more advisable to endeavour to prevail on the Prince of Orange himself to raise the sum required, on his German Dominions. This would answer the double end of giving us an Influence over him as well as over the Frieslanders. The Prince of Orange ever has felt, and feels at this moment more than ever, that it is thro' England alone that the Stadholder can recover and keep up his authority. In either case, the main body of the Frieslanders are to remain unacquainted with the source from whence this assistance comes. As well for the expence of Informations, as for pamphlets, couriers, and subaltern spies, it appears to me that I shall want about 6000 Pounds a year more. | |||||||||||||
21. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 6 Februari 1787. -My chief attention at this particular moment is directed towards Overyssel. It is of the last Importance to prevent a change in its Provincial Government. The chief and most dangerous instrument our antagonists employ there, where there are many Roman Catholics, is the Influence of the Priests, who make use of their Confessional to corrupt the people, and to instill pernicious political doctrines into their minds. I hope my having ventured to disburse a few thousand florins for the purpose of recovering Deventer will not be disapproved. | |||||||||||||
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22. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot1). - 16 Februari 1787. -I expect every moment to receive information of Gelderland's having acceded to the Association. I wish I could say as much for Friesland, but I fear our adversaries will have availed themselves of the time which has been lost, and that that Province can no longer be reckoned upon. | |||||||||||||
23. - Lord Carmarthen aan HarrisGa naar voetnoot2). - 23 Februari 1787. -The method proposed by you some time ago, of assisting the well intentioned part of the Province of Friesland, has received the approbation of His Majesty. It is thought much more expedient, for the additional 2% to be advanced thro' the respectable house you mention, than to be transmitted by the Prince. I shall be very much concerned indeed if from any delay on this side the water, this expedient should be rendered fruitless. It was judged necessary to lay the proposal before the rest of the King's Servants, and unfortunately from the multiplicity of Business attendant on the Commercial Treaty, and the constant necessity of Parliamentary attendance, the discussion of this important object was obliged to give way to other considerations. | |||||||||||||
24. - Harris aan Lord CarmarthenGa naar voetnoot3). - 27 Februari 1787. -I should long ago have mentioned to Your Lordship that it was absolutely impossible to raise the sum wanted, through the Prince. His Highness's Revenues are already so charged with debts, that there are no Funds left for making fresh Loans, and it is with the greatest difficulty that his Income supplies the necessary expenses of his HouseholdGa naar voetnoot4). | |||||||||||||
25. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot5). - 9 October 1786. -Hij heeft de fransche voorwaarden, bij brief van 29 September door den | |||||||||||||
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koning overgezonden, aan den Prins en de Prinses medegedeeld, maar zij zullen niet aangenomen worden. De provinciën en wat meer zegt de natie zullen deze voorwaarden ook nooit willen. Niet alleen de Prins, maar de gansche Republiek zou zich bij aanneming met handen en voeten gebonden aan Frankrijk overleveren. Vergennes mag wel zwijgen over zijn vriendschap voor den Prins die hem zulke voorwaarden ingeeft, en over ‘la conduite révoltante du Prince,’ waar Coetloury zelf erkend heeft dat zij de zaak aan den gang hebben geholpen in Elburg en Hattem, en dat de hollandsche vrijcorpisten het eerst op vreemd gebied getrokken zijn. De Prins is geen genie, maar heeft goede eigenschappen, en mist vele van de ondeugden die men hem durft toedichten, ‘avec toute la conviction qu'il ne les a pas, mais uniquement pour le perdre.’ Aan het ongeluk der Republiek is Bleiswijk, - ‘homme déshonoré et du plus abominable caractère’ - veel meer schuld dan de Prins. Als er een fatsoenlijk Raadpensionaris komt en in plaats van Larrey (die 84 jaar is) een actief stadhouderlijk kabinetssecretaris, kan alles weer terecht komen. Twee derde der natie is voor den Prins: Si son parti augmente, c'est par l'indignation que tous les bons patriotes conçoivent contre la France, qui voyent tous les jours que la France poursuit le Stadthouder non pour lui, mais pour changer leur constitution et rendre cet Etat entièrement dépendant de la France. C'est de quoi, Sire, il s'agit, à quoi Votre Majesté doit coopérer, et je ne me permets pas de croire, ce que je ne dois pourtant pas par fidelité Lui cacher, qu'il y a une opinion trop publique, que la France ne seroit peut-être pas allé si loin, si des personnes qui par tous les titres ne devroient être que PrussiensGa naar voetnoot1), ne l'avoient flattée de l'idée que la Prusse et Votre Majesté ne prennent qu'un intérêt secondaire à ce qu'elle fait et se permet ici. Quant à la proposition du Comte de Vergennes, que le Prince renonce en faveur de Madame la Princesse et de son fils à ses charges et prérogatives, la grandeur d'âme et la sagesse de S.A.R. s'y refusent, d'après la manière la plus décidée qu'Elle s'en est expliquée envers moi à Loo. | |||||||||||||
26. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 13 October 1786. -Herhaling der voorstellingen van de vorige dépêche: Si ce n'étoient, comme les ordres du Département portent, que les Emissaires sans aveu de la Cour de France qui faisoient le mal, alors on pourroit certainement se flatter que le Ministère de France, désabusé, se rendroit et auroit égard à la justice, modération et condescendance de Votre Majesté, mais quand j'espère avoir prouvé par les faits que dans tous mes Raports précédents j'ai porté à la connaissance de Votre Majesté, que c'est le Comte de Vergennes même qui autorise ces agents; que les acteurs sont le Comte de Vergennes, le Marquis de Vérac (tout foible et tout machine qu'il est), son secrétaire d'ambassade le Sr. Caillard, son beau-fils le Marquis de la Coste, avoué ministériellement à Votre Majesté par le Comte de Vergennes; - quand ce Comte de Coetlouri, l'homme qui depuis dix | |||||||||||||
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ans mène toute la Barque, désavoué par le Ministère, m'a pour ainsi dire délivré ses créances, et enfin quand tout ce que le Ministère François a fait parvenir à Votre Majesté depuis nombre d'années se trouve être exactement contredit par les faits; quand j'ose L'assurer que je vois ici tous les ministres étrangers convenus de ce jeu, je mériterois Sa juste indignation si je ne mettois sous Vos yeux la vérité sans voile, qui est d'après ma conviction que la France seule est la cause du mal; qu'elle dirige et soutient les Regents et la cabale, que le plan est, en abolissant le Stadhouderat ou en le réduisant à rien, de changer toute la Constitution, de pousser cela au plus loin, de faire de la République une Province Françoise, de rendre à cet effet la Province d'Hollande maître des autres Provinces, et tenir un Etat voisin de Votre Majesté, dont l'existence dans le système politique ne sauroit même être indifférente, dans l'entière dépendance de la France, et qu'elle se persuade de venir à ce but en marchant toujours en avant, sans s'arrêter aux représentations et démarches les plus amicales de Votre Majesté, se contentant de lui tenir un langage double, et croiant être sûr que Votre Majesté se bornera à lui parler et à lui laisser son ouvrage. Aussi tout le prouve, et depuis que Votre Majesté après son avenement au Trône s'est adressé à elle, il n'y a pas eu de semaine où on ne va pas plus en avant.... Depuis LundiGa naar voetnoot1) sur la demande du Général Rijssel, qui commande l'armée hollandoise, l'ordre est donné de lui envoyer des arsenaux d'Hollande 46 Pièces de Canons de Campagne, et l'on ajoute 40.000 quintaux de poudre. Comme l'idée d'une attaque contre la Hollande n'existe point, quelle autre conclusion peut-on tirer sinon qu'on se prépare à agir offensivement contre le reste de la Province d'Utrecht et la Gueldre? et la Frise s'attend à avoir son tour. Autant qu'il est possible je cherche à leur inspirer du courage, de l'énergie, et de l'union, mais outre que cela est moins facile dans l'esprit de la nation, l'impuissance de résister seul, jointe à toutes les autres considérations, rend tout ce que je puis et ose d'après Ses ordres, inutile et plustôt décourageant.... Quelques Regents de la Ville d'Amsterdam m'ont fait entrevoir une lueur d'espérance, mais elle est encore trop foible pour que j'ose y croire. Si elle offre une probabilité, je la suivrai avec empressement. - J'ai tendu encore une autre corde avec le parti démocratique, la soi-disante Association Républicaine d'Amsterdam, où j'ai aussi une espèce d'espérance, pour laquelle je me sers d'entremetteur du Sr. Chomel Son consul, qui est membre de cette association. On commence à déchirer le plus indignement Votre Majesté Elle-même dans des papiers publics qui se vendent chez tous les Libraires. | |||||||||||||
27. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 17 October 1787. -La Régence de la ville d'Amsterdam, d'un caractère extrêmement foible, | |||||||||||||
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fait toujours semblant de vouloir faire quelque démarche. Les prinçipaux, et nommément le Sr. Rendorp, m'avoient envoyé l'un des hommes les plus attachés à la Constitution et à Madame la Princesse, le Fiscal van der Hoop, pour m'en faire prévenir, et pour savoir que si la Ville se portoit à quelque démarche pour la Constitution et pour le Stadthouder, si elle pourroit dans tous les evenements compter sur le soutien efficace de Votre Majesté. Je ne lui ai répondu qu'en termes généraux, en l'assurant combien Votre Majesté approuveroit toute démarche constitutionnelle, en le renvoyant à ce que le feu Roi avoit fait déclarer déjà à la minorité par ses ordres en date du 10 Aout que Votre Majesté leur avoit fait réitérer, et en les priant de mon mieux de vouloir faire revivre par une conduite ferme le crédit et la considération qu'avoit toujours eu cette Ville. Depuis j'ai eu de nouveau par le même canal une seconde ouverture par laquelle le Sr. Rendorp m'a fait dire qu'il espéroit incessamment porter la Régence à faire une espèce de démarche aux Etats d'Hollande, mais qu'elle ne seroit que foible et ne pourroit devenir dans les circonstanees malheureuses de la République plus forte, que lorsque la Régence seroit assurée que dans la nécessité elle pourroit compter que Votre Majesté vouloit soutenir efficacement la constitution et la maison d'Orange; qu'on n'exigeoit point une déclaration ouverte, mais une assurance confiée en secret. Je ne me suis pas permis de m'expliquer à ce sujet, et j'ose seulement supplier Votre Majeste de me faire parvenir ses ordres. Pour tout tenter j'ai eu une conférence de cinq heures avec un des Chefs de la soi-disante Association Patriotique d'Amsterdam. J'en rendrai un compte détaillé dans ma première Lettre, que je pourrai faire parvenir par un Courrier en clair. L'arrangement qu'on pourroit obtenir par cette voye, qui dispose des Corps francs, ne porteroit pas tant préjudice au Stadthouder, mais il bouleverseroit toute la forme du Gouvernement, le rendroit d'aristocratique entièrement démocratique, et ne sauroit être compatible avec le bien-être de la République. Je crois toutefois avoir réussi pour diminuer l'aigreur de ce parti à faire croire que ce n'étoit pas le Prince d'Orange mais les Regents qui s'opposeroient à leurs voeux, et j'ai voulu gagner par là d'avoir la porte ouverte. | |||||||||||||
28. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 20 October 1786. -Ter begeleiding van het antwoord van den Prins op de fransche voorstellen, en van de voorwaarden der Vaderlandsche Societeit te Amsterdam. J'ai eu une conférence de près de cinq heures avec un des principaux chefs, dans laquelle nous avons discuté avec beaucoup de confiance tous les points, où il s'est relâché sur l'article 4 et 5, et je crois être parvenu à faire envisager à ce parti formidable que les conditions qu'ils demandent, n'étoient pas contre les intérêts du Prince même, mais contre ceux du Parti Aristocratique et des Régénts, et que la difficulté de la part du | |||||||||||||
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Stadthouder ne rouleroit que sur son serment à la constitution actuelle, qu'il avoit juré de maintenir; qu'ainsi ils devoient voir que ce n'est pas l'intérêt du Prince qui s'opposeroit à leurs voeux. Il s'est séparé de moi avec de beaucoup meilleures dispositions, pour retourner à Amsterdam et s'occuper de trouver des moyens pour faciliter au Prince de pouvoir accepter ce plan qui changeroit entièrement ce gouvernement, qui d'aristocratique deviendroit démocratique, mais qui, si tous les autres manqueroient, pourroit enfin être une dernière ressource, et dans lequel un des principaux motifs qui m'y a fait entrer, a été d'adoucir les esprits de ce parti contre le Prince. J'ose espérer que Votre Majesté daignera voir par la réponse du Prince que je suis parvenu à en obtenir par Son Altesse Royale Son Auguste Soeur, que ce Prince consente à des modifications pour les Reglements, et ces modifications auxquelles j'espère surement le porter, seront que les bourgeois pourront élire les Régents de ville, et lui présenter le double des Candidats dont le Prince choisiroit. Et c'est là qui est le voeu de la Nation. La difficulté est d'y faire consentir les aristocrates ou les Régents qui auroient ce droit, mais j'y vois des dispositions, et j'espère y réussir. Van de bijlagen op deze dépêche staat het antwoord van den Prins vertaald in Goertz' Denkwürdigkeiten II, 114-118; de voorwaarden der Vaderlandsche Societeit te Amsterdam luiden als volgt:
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29. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 24 October 1786. -Hij zoekt van den Prins te verkrijgen, dat deze zich toch met elke der landprovinciën afzonderlijk omtrent het reglement versta, ‘avec quelque perte que ce soit,’ maar de houding van den Prins geeft hem niet veel hoop. J'aurois encore pour dernière ressource mon projet par l'Association Patriotique, mais si alors la nécessité exigeoit qu'on y mit avec célérité la main, et le consentement du Prince étant peut-être fort difficile à obtenir, j'hasarde en ce cas-là de demander à Votre Majesté la permission de pouvoir me rendre près de la personne de ce Prince et de Son Altesse Royale. | |||||||||||||
30. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 7 November 1786. -Votre Majesté n'ayant pas désapprouvé entièrement les moyens tentés pour chercher de venir par l'Association Patriotique à un accommodementGa naar voetnoot3), je n'abandonnerai pas cette négociation, sur laquelle je suis informé devoir recevoir encore aujourd'hui peut-être des nouvelles, qui feront voir ce qu'il y aura à attendre de cette affaire. | |||||||||||||
31. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot4). - 10 November 1786. -.... Les conditions les plus avantageuses à obtenir pour le Stadthouder seront peut-être celles que pourra lui ménager le parti démocratique, cette soi-disante Association Patriotique d'Amsterdam, qui d'ailleurs a la force en main, ayant à sa disposition les Bourgeois armés. L'Emissaire qui a été ces jours-ci ches moi, m'a assuré que ce parti est déjà disposé à présenter incessamment une Requête aux Etats d'Hollande, pour représenter qu'il est nécessaire de s'occuper du retour du calme, de faire revenir d'une manière honorable le Stadthouder dans la Province, d'assurer à la Bourgeoisie les nominations doubles aux Magistratures, dont le Prince auroit à faire l'élection, et de lui conserver à ce prix ses autres prérogatives et dignités. S'il y a moyen de parvenir à faire présenter une telle Requête, les personnes les plus éclairées et les plus impartiales que j'ai consulté sont du sentiment que c'est tout ce qui dans ce moment pourroit être des plus heureux, les Pensionnaires même ne pouvant probablement pas résister à la volonté du peuple. Cela peut devenir même l'unique moyen, à juger d'après ce que les Pensionnaires m'ont dit dans la conférence que je suis enfin parvenu hier à avoir avec eux, et dont il me reste à rendre compte. Elle a duré une heure et demie. Les trois fameux van Berckel, Gijselaer, Zeeberg et un quatrième de Haarlem étoient rassemblés chez le premier. J'ai fait ce qui a dépendu de moi pour leur articuler dans le stile le plus | |||||||||||||
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doux et le plus modéré le voeu de Votre Majesté de voir le calme rétabli, et une réconciliation entre le Stadthouder et les Provinces. Je n'ai pu en tirer autre chose sinon qu'ils avoient le calme et l'ordre maintenant chez eux; qu'ils sauroient le conserver et le rétablir aussi dans les autres Provinces; qu'un Souverain ne pouvoit pas entrer en conditions avec son serviteur, sentence qu'ils ont répété plus de vingt fois, en me demandant entr'autres, si je croyois que Votre Majesté en useroit ainsi envers ses serviteurs; qu'ils n'avoient rien à demander au Prince, qu'il devoit, non par des paroles mais par des faits, prouver qu'il se soumettroit aux ordres et à la volonté du Souverain, avouer par un repentir ses fautes, changer sa conduite abominable; qu'alors il n'auroit qu'à revenir; qu'ils ne l'avoient pas chassé; qu'ils ne demandoient pas son retour non plus; qu'ils pouvoient se passer d'un serviteur qui n'avoit jamais fait du bien à l'Etat, mais que s'il venoit, ils ne s'y opposeroient pas; qu'il pouvoit reprendre ses fonctions à l'exception de celle de Capitaine-Général, dont pour son inconduite le Souverain l'avoit privé, et lesquelles, cette résolution une fois prise, ne pouvoient lui être rendues; mais qu'avant tout il devoit anéantir les Reglemens. Ne m'accordant absolument pas le mot de changer ou de modifier, ils continuoient à me déclarer que cet anéantissement etoit nécessaire puisqu'ils ne pouvoient plus admettre des esclaves dans leur assemblée des Etats-Généraux et dans toutes les places de magistratures; qu'il ne sauroit conserver le droit de donner aucune place, ce droit ne faisant des magistrats que ses créatures; que par une bonne et sage conduite un Prince de son rang pouvoit avoir de l'influence sans avoir besoin de ces moyens; que le seul moyen à prendre pour lui étoit de s'arranger de cette manière promptement avec les autres Provinces, puisque sans cela celle d'Hollande qui se trouvoit fort bien dans ce moment et qu'ils sauroient maintenir ainsi, seroit obligée d'employer tous les moyens pour faire ce changement dans les autres Provinces, sans lequel l'Union ne pouvoit plus subsister. Que les Gueldrois, les Zélandois, et tous ces magistrats nommés par le Prince n'étoient que des valets et des esclaves, qui faisoient méconnoitre au dehors ce qu'étoit le Souverain en Hollande; que Votre Majesté et le feu Roi avoient sûrement été mal instruits; qu'ils avoient tout le respect pour Votre Majesté, mais qu'ils espéroient maintenant qu'après mes rapports Elle sentiroit que les affaires du Prince leur serviteur n'étoient pas de nature à être susceptibles d'intervention. C'est là, Sire, le précis de ma conférence.... En attendant ce que Votre Majesté daignera me prescrire ultérieurement, je me suis contenté du spectacle de voir quatre Bourgeois se donner, avec toute l'importance possible, les airs des premiers Souverains. | |||||||||||||
32. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 28 November 1786. -Rayneval heeft hem de voorwaarden der pensionarissen medegedeeld; zij schijnen hem zeer hard toe. | |||||||||||||
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Ce que j'appréhende le plus, ce seront les bornes qu'on veut donner aux droits et fonctions de Capitaine-Général, objet sur lequel le Sieur de Rayneval m'a assuré lesGa naar voetnoot1) avoir trouvé d'une vivacité et inflexibilité incroyables; que tout ce qu'il jugeait pouvoir obtenir sur cet article seroit un partage, qu'on laissât au Prince la nomination des grades subalternes, et que les Etats eussent ceux des Officiers majors, ou que le Prince conferât ces derniers, et les Etats les premiers. De quelque manière que cela fut exécuté cela sera non seulement une condition bien difficile, peut-être impossible d'obtenir du Prince, mais ce sera encore un mal pour le service, désagréable à la plus grande partie de la nation, et défavorable pour le militaire. La difficulté sera extrême, mais enfin il y a quelqu'un ici qui peut et veut m'écouter et avec qui il y a moyen de traiter. | |||||||||||||
33. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - 1 December 1786. -L'association patriotique ou la Bourgeoisie armée, avec laquelle Votre Majesté a daigné approuver que je poursuive la liaison, continue à se montrer assez bien disposée pour pouvoir être une ressource, et je verrai d'après un entretien que j'aurai demain avec le Sieur Chomel et un de leurs principaux membres qui doit autrement m'arriver d'Amsterdam, l'adresse qu'ils se proposent de présenter pour le retour du calme et pour celui de la personne du Prince dans la province. | |||||||||||||
34. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot3). - 5 December 1786. -La bourgeoisie armée, de laquelle je continue à rendre les dispositions douces et favorables, est plustôt pour le Prince par le moyen du Sieur Chomel, et semble prendre de la méfiance dans les Chefs du parti patriotique. Il est seulement encore à souhaiter que lorsqu'elle verra que les Pensionnaires voudront la mettre de côté, et qu'ils ne s'occupent pas de ses intérêts selon les espérances qu'ils lui ont données en la mettant en mouvement, qu'alors elle ne cherche encore à traverser la négociation présente. | |||||||||||||
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35. - ‘Mémoire de M. Chomel consul de Prusse à Amsterdam concernant les diverses negociations qu'il a entamées avec les patriotes depuis novembre 1786 jusqu'au commencement de l'année 1788 pour procurer un accommodement juste et raisonnable entre eux et le Prince Stadhouder’Ga naar voetnoot1). -Chomel beweert in zijn inleiding met de gematigden van alle partijen wel gestaan te hebben en bij alle ultra's kwalijk gezien te zijn geweest, ten gevolge van zijn geinatigd gedrag. Hij zegt door Goertz naar den Haag ontboden te zijn, toen deze moeilijkheid ondervond in het aanknoopen van onderhandelingen met de pensionarissen. Hij ging volgaarne en had een eerste samenkomst den 30sten September. Hij vond Goertz zeer tegen hem ingenomen door kwaadspreken van het hof op het Loo, maar het gelukte hem den gezant gunstiger te stemmen, zóó zelfs dat deze ten slotte zeide dat in den zin waarin Chomel patriot was, hij insgelijks en zelfs de koning van Pruisen patriotten waren. Overigens gelukte het niet, den gezant te bewegen, buiten de regenten om met de burgerij te onderhandelen. De gezant vorderde dat Chomel zijn invloed zou gebruiken om tusschen de beruchte pensionarissen en hem een samenkomst te bemiddelen. Chomel trachtte daaraan te voldoen ‘le lendemain matin’, 1 October dus, maar slaagde niet, want Van Berckel weigerde ronduit zulk een samenspraak over huishoudelijke zaken met een vreemden gezant. Le Sr. Chomel donna connoissance au Comte de Goertz du mauvais succès de son message, et en prit occasion de remettre sur le tapis la proposition de traiter avec quelques notables citoyens. Le Comte de Goertz le pria alors de lui remettre un mémoire détaillé des points les plus importans, qui faisoient l'objet des voeux de la saine partie du parti patriotique. Le Sr. Chomel se hâta de donner connoissance de cette réquisition à un amiGa naar voetnoot2) qu'il avoit dans le parti patriotique, et dont il connoissoit le crédit et les bonnes intentions. Cet ami se prêta avec plaisir à coöpérer à la réussite de l'affaire, et approuva un projet de note que le Sr. Chomel avoit dressé pour M. de Goertz. Dans ce projet on demandoit, comme conditions de rapprochement entre le Prince et les bourgeoisies: Volgen de zes voorwaarden, gevoegd bij Goertz' dépêche van 20 October 1786 (bijlage III, 28). | |||||||||||||
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Sur quoi l'ami du Sr. Chomel proposa la commission Bourgeoise de Woerden, qui avoit dès lors une espèce d'existence politique, et quelques citoyens notables de la societé patriotique de LeydeGa naar voetnoot1). M. de Goertz approuva cette idée et engagea le Sr. Chomel et son ami de mettre la main à l'oeuvre sans délai. Ils partirent en effet pour Leyde le 15 octobre, mais ne pouvant s'y arrêter ils ne trouvèrent personne. Dès le lendemain l'ami du Sr. Chomel (que pour plus grande commodité et pour ne pas le compromettre nous nommerons Henry) écrivit à la Commission de Woerden pour sonder ses dispositions. Le Comitté de Woerden embrasaa avec joye l'idée de parvenir par une négociation à rétablir le calme sur un pied stable, en coupant la racine des abus par la libre élection des Régens. Il proposa, pour calmer les craintes de M. de Goertz, de présenter aux Etats une requête propre à tranquilliser le Prince sur les vraies dispositions de la Bourgeoisie, et à l'engager par cela même à faire un pas en avant pour la réconciliation. Le Sr. Chomel de son côté s'ouvrit à quelques autres amis, bons Patriotes, et à portée d'être bien informés de l'état des choses, pour s'assurer que sa négociation ne contrarioit point les vues de la Cour de France. Tranquille de ce côté, il travailla avec d'autant plus d'ardeur à avancer ce qu'il regardoit comme le bien public, et brava le ressentiment des Pensionnaires, auquel il sentoit qu'il s'exposoit. Il pressa le Sr. Henry de mettre en activité le Comitté de Woerden, dont une démarche quelconque devenoit d'autant plus nécessaire, que la Bourgeoisie de Haarlem venoit de faire une démarche que les partisans du Prince regardoient comme une déclaration de guerreGa naar voetnoot2). La difficulté de rassembler le Committé de Woerden, à cause des divers objets qui occupoient alors l'attention, fit traîner l'affaire, mais ne la fit pas perdre de vue. En attendant le Comte de Goertz qui désiroit aller en avant et n'avoit point encore abandonné son projet favori de traiter avec les Pensionnaires, exigea du Sr. Chomel qu'il se rendit à la Haye, où il arriva le 7 novembre. Le 8 M. de Goertz le chargea de voir encore une fois M. van Berckel, et de lui ménager au moins un entretien avec ce Pensionnaire. Le Sr. Chomel réussit cette fois, mais M. van Berckel y mit cette condition, que l'entretien auroit lieu en présence des deux Pensionnaires de Haarlem et de celui de Dort, et qu'il ne seroit point question d'affaires. Le jour fut fixé au 9 et la conférence eut lieu en effet, mais sans aucum fruit, puisque Messieurs les Pensionnaires fermèrent la bouche au Comte de Goertz toutes les fois qu'il voulut parler des affaires du Prince Stadhouder, en alléguant leur raison favorite, qu'on ne pouvoit admettre l'intervention d'une puissance étrangère dans une affaire purement domes- | |||||||||||||
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tique. Le Sr. Chomel informé tant par le Comte de Goertz que par M. van Berckel de l'issue de cet entretien, n'en fut que plus zêlé à se conformer aux désirs du Comte de Goertz et à redoubler d'activité pour procurer un rapprochement entre le Prince et la Bourgeoisie, sans l'intervention des Régents, ou du moins des Pensionnaires.... De retour à Amsterdam il mit en mouvement tous ses amis pour tâcher de lever les obstacles qui s'opposoient à ce rapprochement, et qui ne provenoient proprement que du misérable commandement de la Haye. On doit aux notables Citoyens qui se sont mêlés de cette affaire le témoignage qu'ils ont très bien vu la chose, et qu'ils ont agi avec toute l'énergie possible pour vaincre à cet égard l'obstination de certains Régents, trop justement chéris dans le parti patriotique pour qu'ils ne méritassent pas des égards particuliers et pour qu'on se permit légèrement de se passer d'eux. Le Sr. Chomel de son côté fit les efforts les plus soutenus auprès du Comte de Goertz pour l'engager à ne pas insister sur le commendement de la Haye comme une condition préliminaire, en représentant que cet article s'arrangeroit de lui-même dès que les vrais griefs de la Nation seroient redressés, puisqu'il ne subsisteroit plus alors aucun motif de vouloir mortifier le Prince. Les efforts du Sr. Chomel auprès de M. de Goertz furent aussi infructueux que ceux de ses amis auprès des Régents; les biais proposés pour lever la difficulté furent également rejettés. Enfin le 23 novembre la conférence projettée entre le Sr. Chomel et son ami d'une part et quelques commissaires de Woerden, laquelle avoit été retardée par divers incidents, eut lieu à Hillegom. Il s'y trouva encore une personne de poids d'AmsterdamGa naar voetnoot1). Les commissaires de Woerden y donnèrent connoissance des dispositions qu'ils avoient déjà faites pour faciliter la marche du rapprochement, et en particulier de ce qui s'étoit passé à Dort, où ils àvoient fait adopter les principes propres à preparer les esprits au rapprochement. Il fut convenu dans cette conférence qu'on dresseroit un projet de requête pour être présentée par la bourgeoisie aux Etats, après qu'elle auroit été approuvée par M. de Goertz. Cette requête devoit renfermer les voeux de la bourgeoisie par rapport aux articles qu'elle souhaitoit d'obtenir pour assurer la liberté sur des bases solides, et manifester son désir de voir rétablir le Prince dans ses prerogatives pour autant qu'elles ne s'opposeroient point à la nouvelle constitution. Les Commissaires de Woerden demandoient par contre que le Comte de Goertz s'engageât pour le Prince qu'à l'instant de la présentation de cette requête, le Prince se déclareroit en faveur du voeu de la bourgeoisie et renonceroit publiquement à celles de ses prerogatives évidemment abusives, qni seroient proscrites par la bourgeoisie. M. de Goertz, à qui le Sr. Chomel rendit compte de cette conférence, entra sans balancer dans ces vues, et promit que, si l'on présentoit une requête dans ce sens, il obtiendroit le consentement du Prince. On ne s'étoit separé à Hillegom qu'avec l'engagement de se rassembler la semaine suivante à Leyde. Les mêmes personnes s'y rendirent | |||||||||||||
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en effet d'Amsterdam, le 1er décembre, et y trouvèrent toute la commission bourgeoise de Woerden réunieGa naar voetnoot1). On y dressa un projet de requête dans le sens dont on étoit convenu; et les trois personnes d'AmsterdamGa naar voetnoot2) se rendirent à la Haye pour conférer, le Sr. Chomel avec le Comte de Goertz, et les deux autres avec les pensionnaires, pour sonder le terrain. Le Comte de Goertz trouva la requête trop insignifiante pour le Prince; et les pensionnaires par contre parurent mécontents de ce qu'elle l'étoit trop. M. le Comte de Goertz eut desiré surtout qu'on eut supprimé un article, qui demandoit que l'on dressât une instruction pour le Prince, comme injurieuse au Stadhouder, et peu nécessaire dès qu'il agréoit qu'on lui adjoignit un conseil, dont il seroit tenu de suivre l'avis. Les commissaires de Woerden et les patriotes raisonnables étoient bien disposés à condescendre aux désirs du Comte de Goertz, mais ils craignoient avec raison, vu les dispositions des esprits et l'infiuence des pensionnaires sur la bourgeoisie, que, si l'on ne s'expliquoit pas clairement, dans la requête, sur les limites à prescrire à l'autorité du Prince, il n'en résultât une scission fatale dans le parti patriotique; et qu'en tout cas on ne fournit sujet aux têtes exaltées du parti à rendre le rapprochement encore plus difficile. Zoolang Goertz in het land bleef heeft hij, Chomel, zich moeite gegeven een verzoening tot stand te brengen, doch alles te vergeefs. De Prins toonde zich meer en meer overgegeven aan de aristocraten, en zijn onverzettelijkheid tegenover Rayneval versterkte het wantrouwen der burgerij. | |||||||||||||
36. - Heldewier aan Dumont-PigalleGa naar voetnoot3). - 6 Februari 1789. -Les conférences de notre commission avec M. Chomel, M. van Staphorst etc. ont été demandées de la part de M. Chomel. On en fit la proposition à moitié novembre 1786 à M. Vreede, pour la communiquer à notre commission, laquelle fut d'avis de l'accepter et de charger Messieurs Vreede et Cau d'assister à la première conférence pour y apprendre de quoi il étoit question. Cette conférence a eu lieu le 23 novembre 1786 à Hillegom. Messieurs Chomel et SwildensGa naar voetnoot4) en étoient. Messieurs Vreede et Cau s'aperçurent bientôt que l'affaire qu'on alloit traiter partoit d'où l'on ne l'avoit pas attendu, et étoit trop intéressante pour s'y donner sans le concours de leurs collègues. Pour cette raison on résolut de s'adjourner pour huit jours. C'est alors qu'une conférence très délicate a eu lieu à Leide. Messieurs Nicolaas van Staphorst, Chomel, Schimmelpenning, Costerus le père, van den Bosch, Vreede, Cau et Heldewier en étoient. | |||||||||||||
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Après avoir débatté sur les affaires politiques on convint de la nécessité d'un arrangement d'affaires, d'un accommodement avec le Stadhouder, d'une influence légale du peuple sur leurs régents; et enfin la conclusion fut qu'une requête, que les deux partis, le patriotique et le stadhouderien, pourroient également souscrire, et qu'on s'engageoit de faire goûter de part et d'autre, serviroit de moyen pour atteindre ce but salutaire. On en traça une au contentement de la compagnie. M. Chomel qui avoit fait connoitre qu'il assistoit à la besogne de l'aveu du ministre Prussien, de ThulemeyerGa naar voetnoot1), en demanda la copie pour la remettre au dit ministre, que la soumetroit à l'avis du Stadhouder, et dont on promettoit de nous faire part sitôt que possible. Le résultat de tout, après quelques jours, a été qu'on ne pouvoit entrer dans ce plan. Voici maintenant les articles essentiels de la requête:.... A raison de tous ces détails les soussignés se croient dans la necessité indespensable d'avoir recours à Vos Nobles et Grandes Puissances pour y faire leurs instances respectueuses: que Vos Nobles et Grandes Puissances veuillent diriger les affaires pour le rétablissement de la constitution, et pour cet effet:
Je me souviens encore d'une conférence bien intéressante qui mérite aussi bien que celle dont je vous ai donné les details, une place dans votre histoire; c'est celle qui s'est faite au Logement d'Amsterdam au mois de janvier 1787 entre les principaux pensionnaires et quelques bourgeois de différentes provinces, au sujet d'un accommodement avec le Stadhouder, pendant le séjour de M. de Rayneval à la Haye, et de laquelle est résultée la proposition de Haarlem aux Etats: de nommer une commission chargée de trouver un plan de constitution. M. Hoevenaar, qui a assisté à la conférence pourra vous donner des lumières là-dessus, si vous le désirez. | |||||||||||||
37. - Vergennes aan VéracGa naar voetnoot2). - 13 November 1786. -Le départ de M. de Rayneval, Monsieur le Marquis, me dispense d'entrer dans de grands détails. C'est une instruction vivante que le Roi vous envoye. Sa mission n'est point ostensible comme celle de M. le Comte de Goertz, il n'a point de lettres de créance auprès des Etats-Généraux. C'est à vous, Monsieur le Marquis, qu'il est adressé et c'est par vous qu'il doit être introduit non seulement auprès des chefs des Patriotes, mais encore auprès des personnages influens, même du parti opposé. Le désir du Roi, notre | |||||||||||||
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intérêt capital est de finir le plus amiablement que possible une querelle qui peut avoir des suites plus sérieuses et plus embarassantes pour nos amis qu'ils ne prévoyent peut être. S'il est vrai que les Patriotes sont les plus zelés partisans de l'alliance, il ne l'est pas moins que cette alliance fait leur force et leur appui principal. Le moyen d'en tirer un grand parti est de ne la point compromettre; elle le seroit à coup sûr si elle devoit être dirigée contre une partie de la République. S.M. ne s'occupe qu'à ramener le Roi de Prusse aux vrais principes dont il n'auroit pas dû s'écarter, mais ce Prince est bien avancé pour espérer qu'il puisse reculer sans obtenir quelque légère satisfaction. Vous sentez, Monsieur, que nous ne devons pas vouloir lui rompre en visière. M. de Rayneval vous expliquera à ce sujet nos motifs: M. le Rhingrave auroit pu vous les faire pressentir; j'ai traité plus d'une fois cet objet à fond avec lui, mais notre prévoyance ne coincidoit pas avec ses vues. J'imagine que la médiation des provinces impartiales est le seul moyen d'éloigner toute médiation étrangèreGa naar voetnoot1). Ce point de vue doit d'autant moins effaroucher nos amis, qu'il n'exclut point l'abrogation du Reglement de 1674. Ce point obtenu, j'estime qu'il peut se trouver les moyens de s'arranger pour le reste, parcequ'il est possible de brider le Stadhouder à l'aide des conseils qu'on lui associeroit, [de sorte] qu'il n'auroit exactement que l'honorifique de sa place. Il seroit intéressant, Monsieur, de savoir quels sont les droits originairement constitutifs du Stadhouderat. Je désirerois aussi que vous voulussiez bien nous dire quelles sont les modifications qu'on pourroit mettre à l'abrogation du Reglement. | |||||||||||||
38. - Rayneval aan VergennesGa naar voetnoot2). - 29 November 1786. -Conferentie op Zondag 19 November met Vérac, Van Berckel, De Gijselaar, Zeeberg en Salm: Je leur dis que la seule chose que le Roi désiroit étoit qu'ils lui confiassent les moyens qu'ils jugeroient propres à pacifier la République, afin que S.M. put les appyer avec pleine connoissance de cause auprès du Roi de Prusse qui prend un intérêt particulier au sort de M. le Prince de Nassau. Evidemment M. van Berkel, qui répondit le premier, étoit singulièrement prévenu contre l'objet de ma mission: il s'étoit imaginé que je n'étois venu en Hollande que pour leur arracher des sacrifices en faveur de M. le Stadhouder. Selon ce Pensionnaire tout alloit au mieux dans la République, et il | |||||||||||||
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ne s'agissoit que de laisser aller les choses pour qu'elles s'arrangeassent bientôt d'elles-mêmes, mais que si l'on vouloit tracasser la République, on ne feroit qu'augmenter la confusion et forcer ceux qui sont au timon des affaires de se retirer. Il étoit impossible de le ramener, et quand M. de Vérac le pria de se prononcer sur les trois points du commandement de la Haye, du Reglement et des patentes, il déclara qu'il n'y avoit aucune modification à admettre sur aucun des trois objets dont il est question. Tweede conferentie op Woensdag 22 November: Elle fut plus calme que la précédente. Messieurs les pensionnaires étoient revenus de leurs inquiétudes, et M. van Berkel avoit eu beaucoup de regrets de m'avoir mal compris. Il convient de prendre un parti, leur dis-je, si la République étoit isolée, elle agiroit avec son Stadhouder comme elle le jugeroit à propos, mais ce Prince est protégé par le Roi de Prusse, et S.M. a intérêt que ce Monarque ne soit pas mécontent. Enfin ils sont convenus que leur intention n'étoit pas de poursuivre l'abolition de la charge de Capitaine-Général, quoique M. le Prince de Nassau l'eût bien mérité. Hij deed hen beloven een memorie voor hem op te stellen waarin de aan den Prins op te geven voorwaarden zouden staan uitgedrukt. - Hierna achtte hij het tijd, Goertz te gaan bezoeken: Je lui dois la justice de dire qu'il s'est expliqué avec beaucoup de franchise et avec une disposition aussi conciliatoire que je pouvois le désirer. Il n'avoit pas, à dire le vrai, d'autre parti à prendre: sa lettre de créance avoit révolté les Patriotes, et son début n'avoit fait qu'aggraver le mal; je lui ai montré le port du salut en lui laissant entrevoir des moyens de conciliation propres à contenter le Roi de Prusse. Je lui dis que sans le désir du Roi de complaire à Sa Majesté Prussienne, il ne feroit pas même une insinuation aux Patriotes pour alléger le sort de M. le Stadhouder. Rayneval verzekerde hem dat noch het Stadhouderschap, noch het Kapiteinschap-Generaal zouden worden afgeschaft; dat de functiën van het laatste eenige wijziging zouden ondergaan. Van het haagsche commando zou de Prins alleen het zuiver militaire terug bekomen, niet het geven van het parool, en van het Kapiteinschap-Generaal niet het begeven van militaire posten: .... que M. le Stathouder se flatteroit en vain s'il espéroit emporter cet article; que la seule chose à laquelle il seroit peut-être possible d'amener les esprits, ce seroit un partage quelconque, mais que je ne pouvois pas même donner de l'espoir à cet égard. - Mon langage a vivement affecté M. le Comte de Goertz et je n'ai nullement essayé de le calmer, parcequ'il m'a paru convenable de l'accoutumer à voir les Patriotes réclamer les dépouilles du Souverain, et que si l'on veut bien se relâcher, ce sera une faveur et non un acte de justice. Quant au Reglement, le Ministre Prussien a fini par convenir de la nécessité de la réforme, et de donner les élections non aux magistrats mais aux bourgeois, sauf quelques modifications purement honorifiques en faveur de M. le Stathouder. | |||||||||||||
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Zaterdag 25 November hadden de pensionarissen hun memorie gereed, die Zondag ten huize van De Gijselaar besproken is in tegenwoordigheid van Van Berckel en van Paulus, ‘patriote aussi zelé qu'il est éclairé.’ Men is het vrijwel eens geworden, en Vergennes kan de memorie der patriotten, hier bijgevoegd, beschouwen als grondslag der thans te voeren onderhandeling. [De memorie komt overeen met het stuk bij Tollius II, 22 vv.]. - In de zaak van het parool en van de militaire posten geeft Rayneval den patriotten groot gelijk. Het laatste is den Stadhouder opgedragen bij resolutie van 8 Maart 1766: .... ce droit est un moyen infaillible de corruption et je le regarde comme plus dangereux que celui des Reglemens. Selon moi, les Pensionnaires feront plus qu'on n'oseroit leur demander s'ils donnent les mains à un partage. Ce partage sera vraisemblablement admis, sinon par M. le Stathouder, du moins par la Cour de Berlin; je juge ainsi par une conversation que j'ai eue dans cet instant avec M. le Comte de Goertz. Rayneval erkent de dringende noodzakelijkheid der door de patriotten voorgeslagen hervormingen, vooral in het militaire: J'ose insister sur cet article, Monseigneur, parce qu'il intéresse la sûreté personnelle des chefs des Patriotes, et que de leur sûreté dépend le maintien de notre système en Hollande. Si ceux-ci avoient le dessous, ou si la seule crainte ou le dégoût les détermineroit à la retraite, notre parti seroit sans chefs, sans conducteurs, et il y a apparence qu'il se dissiperoit comme la fumée. Ce seroit encore pis si demeurant à la tête des affaires et le Stathouder l'emportant sur eux, il leur arrivoit une catastrophe. La France seroit décriée sans retour et devroit renoncer pour jamais à avoir des adhérents en Hollande. Les chefs des Patriotes en secondant les vues de la France et en s'attachant à elle ont certainement leur vue personnelle, celle de gouverner leur Pays en assurant la prépondérance de la Province d'Hollande, mais j'ose dire que cette vue nous est nécessaire, parce qu'autrement nous n'aurions pas de point de ralliement: l'Angleterre influoit par le Stathouder, nous ne pouvons influer que par les Patriotes. Mon opinion personnelle est que Messieurs les Pensionnaires sont disposés à faire accorder à M. le Stathouder tout ce que la saine politique et le bon sens permettent de lui accorder, et qu'au moyen de cela vous serez en état d'apaiser la Cour de Berlin. Iets waar de vorige en ook de tegenwoordige koning van Pruisen steeds op hebben aangedrongen, is dat men den Stadhouder een Raad toevoege: Le Comité des Conseillers Députés sera précisément ce conseil pour ce qui concerne la Province de Hollande: il sera légal et constitutionnel, au lieu qu'un conseil particulier n'auroit jamais pu l'être sans une résolution des Etats-Généraux que l'on n'auroit probablement jamais obtenue. Op het punt der regeeringsreglementen willen de pensionarissen niet toegeven, en men verwacht hetzelfde van den Stadhouder. Nous sommes restés dans l'indécision sur cet article pour ne pas embarrasser la matière en comulant la forme avec le fond. Dès que nous serons parvenus à un résultat, je m'empresserai à vous le transmettre. | |||||||||||||
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Je finis cette énorme dépêche, Monseigneur, par quelques réflexions sur la position actuelle de ce Pays. La fermentation a fait des progrès effrayants, et si elle n'est pas bientôt arrêtée, il est à craindre qu'elle ne cause une explosion dont on ne sauroit calculer les conséquences. Ce sont les Patriotes eux-mêmes qui en sont les auteurs, parce qu'ils ont jugé ne pouvoir détruire l'influence ou plutôt le gouvernement anglo-stathoudérien qu'en soulevant les bourgeois. Ceux-ci se sont prêtés à l'impulsion qu'on leur a donnée parce qu'on ne leur parloit que de tyrannie d'un côté et de liberté de l'autre. Mais ces mêmes bourgeois sortent de la mesure dans laquelle on se flattoit de pouvoir les contenir, en sorte que leurs conducteurs touchent au moment de n'être plus les maîtres et de ne pouvoir plus les contenter. De là l'embarras extrême où ils se trouvent; ils craignent d'un côté de faire un accommodement qui ne satisfieroit pas les bourgeois, et de l'autre côté de n'en point faire et de laisser cheminer la fermentation. Je pense, Monseigneur, que le Roi les sauvera du naufrage dont ils sont menacés, en faisant agréer au Roi de Prusse les idées d'arrangement que j'ai l'honneur de vous transmettre. L'abolition des Reglements satisfiera les bourgeois, et la réduction du pouvoir du Capitaine Général satisfaisant les Patriotes, ils se hâteront de rétablir le calme dans toutes les parties de la République. Het volgende eigenhandig: Les chefs des patriotes se trouvent entre Scylla et Charibde, et si on ne les sauve promptement, ils échoueront d'un côté ou de l'autre, et notre système partagera leur sort. Cette réflexion, Monseigneur, n'a cessé de m'agiter depuis que je suis ici. Si vous approuvez les articles conçus il faut qu'ils s'exécutent sans perte de tems, parcequ'il est à craindre que de nouveaux incidents n'amènent un nouvel ordre de choses, et que les pensionnaires ne soient plus les maîtres de faire adopter leurs idées actuelles. La meilleure voie serait à mon avis que M. le Prince de Nassau disposât les choses de manière qu'il fut requis de faire évacuer les provinces de Gueldre et d'Utrecht, et que par une lettre sagement conçue le Prince rendit de son propre mouvement aux trois provinces à reglement la liberté de les revoir et de les réformer. Cette démarche calmeroit les esprits, surtout parmi les bourgeois, et faciliteroit beaucoup les dispositions de la province de Hollande. Ces mesures pourront être discutées en détail avec M. le Comte de Goertz, comme il est probable que l'on chargera ce Ministre de faire à M. le Stathouder les insinuations que vous proposerez à Berlin. | |||||||||||||
39. - Rayneval aan VergennesGa naar voetnoot1). - 29 November 1786 (particulier).C'est, Monseigneur, un terrible pays que ce pays-ci pour les hommes et pour les affaires. La roideur des pensionnaires a passé mon attente, et justifie pleinement les embarras et les indécisions de l'ambassadeur. J'ai lieu d'être convaincu que celui-ci n'a omis rien pour les bien | |||||||||||||
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disposer. Cependant avant que je les visse on m'avoit prévenu qu'ils manqueroient de confiance en moi. Une confidence de M. le Comte de Goertz m'a mis en état de juger d'où le coup pouvoit partir. Ce ministre m'a dit, sous le sceau du secret, que M. de Coetloury lui avoit fait insinuer qu'il avoit votre confiance, et que si lui M. de Goertz vouloit lui en témoigner de son côté, il faciliteroit et même effectueroit l'accommodement à faire avec M. le Stathouder. M. de Goertz ayant marqué de l'étonnement sur cette ouverture, M. de Coetloury pour l'appuyer a envoyé à M. de Goertz l'extrait de deux dépêches que vous avez adressées à M. de Vérac; elles portoient approbation des excursions faites par M. de Coetloury lorsque les patriotes ont en la minorité à Amsterdam. Non content de cette démarche, M. de Coetloury a vu M. de Goertz, lui a dit de ne prendre aucune confiance en moi ni en ma mission; que lui Coetloury étoit appelé à la Cour et qu'il ne tarderoit pas de revenir avec la caractère de ministre plénipotentiaire. Je ne sais si M. le Rhingrave a eu part à tout cela, tout ce que je puis dire est qu'il a montré beaucoup de zèle et de bonne volonté, qu'il est autant en mesure d'être nuisible qu'utile, et que je ne puis rendre qu'un bon témoignage de la conduite qu'il a tenue jusqu'à présent. J'ose même vous supplier d'en dire quelque chose dans les lettres dont vous m'honorerez. M. de Vérac mérite véritablement indulgence, parce qu'il est dans un dédale, et qu'il a été forcé de prendre la teinte patriotique, parce que la devise de ces Messieurs est: qui non pro nobis, contra nos. Il est vrai, je dois l'avouer, que cette teinte est trop forte, et vous jugerez facilement que cela me met fréquemment dans un grand embarras; mais enfin, Monseigneur, il faut être sur les lieux pour se convaincre qu'il est presqu'impossible à l'ambassadeur de France de n'être et de ne se montrer antistadhoudérien. Les pensionnaires sont actuellement sans ombrage à mon égard, je sais même que leur confiance ne me laisse rien à désirer; cela vient de ce que je me suis expliqué selon leurs désirs sur le mémoire que j'ose dire leur avoir arraché. Leur position est vraiment critique parce qu'ils se sont placés entre les aristocrates et les bourgeois, mais ils méritent tout appui de la part du Roi, parce que sa cause est essentiellement unie à la leur. Als de Prins soms afwachten wil welk gevolg er gegeven zal worden aan het voorstel van Amsterdam, zal hij zeker nog meer verliezen. - Nieuwe verontschuldiging voor de lengte zijner dépêches: .... je ne vous mande pas le quart de ce que j'ai dans la tête, car les affaires de ce pays-cy sont un océan. | |||||||||||||
40. - Goertz aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 14 December 1786. -.... Presque tous les membres des Etats de Gueldre sont inébranlablement décidés de refuser 1mo de faire sortir les troupes qu'ils ont dans la | |||||||||||||
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Province; 2mo de se contredire sur l'affaire de Hattum et d'Elbourg, disant qu'ils ont communément autant de troupesGa naar voetnoot1), et qu'au moment qu'ils s'en seroient dégarnis, ils auroient les mêmes troubles dans leur Province comme à Utrecht, et que par cette même raison ils veulent maintenir les Reglements aussi longtemps que les troubles présents dans la République durent, prêts à y faire des modifications quand le calme sera entièrement rétabli. Ils disent que le Prince Stadhouder est le maître d'accepter les conditions, mais que dès qu'il s'agiroit de celles de la Province, ils s'y refuseroient pour prouver qu'ils ne sont pas ses esclaves comme on les accuse. J'ai parlé à tous ceux à qui j'ai pu des trois principales familles des Linden, des Hekeren, et des Randwyck, qui tous tiennent le même langage; je les ai priés de penser aux suites, de considérer s'ils en ont les moyens, s'ils peuvent fournir au besoin de maintenir l'union dans la Province même, et tous assurent, les têtes chaudes, les modérées et les froides, qu'ils en ont les moyens, et qu'ils se soutiendront contre la Hollande, à moins qu'elle ne soit soutenue de Puissances étrangères, ce qu'ils espèrent que non, et qu'alors ils succomberoient au moins par la force et sans ignominie. Ils ajoutent que si le Prince veut rester avee eux, qu'ils maintiendront le Stadhoudérat dans ces prérogatives, et d'après tout cela le Prince devant choisir entre abandonner ceux qui lui sont attachés et accepter les conditions de ses ennemis, ou rester avec eux en conservant ses droits héréditaires, il n'y a presque pas à balancer, vu que les Patriotes et la France même ne se relachent pas sur les conditions par rapport à la Gueldre, que ce sera à ce dernier parti que le Prince sera obligé de tenir, et que par là toute intervention de la part de Votre Majesté devient infructueuse. C'est sur cet état de choses, qui me paroit immanquable, et qui rendroit ma commission, assez dispendieuse d'ailleurs, parfaitement inutile, que j'ose supplier Votre Majesté de me pourvoir de ses ordres. Les Gueldrois, j'ose très humblement l'assurer, sont proprement ceux qui dans ce moment empêchent l'accommodement, quoiqu'assurément on en accusera encore injustement le Prince. | |||||||||||||
41. - Bilfinger aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot2). - La Haye, 19 décembre 1786..... La contenu de ce PlanGa naar voetnoot3) ayant transpiré par l'indiscrétion des Patriotes et de la secretairerie de M. de Vérac, tout est dans une singulière fermentation. Les députés des provinces d'Utrecht et de Gueldre, surtout M. de Heekeren de Brantsenbourg, m'ont dit que non seulement ils abandonneroient le Prince d'Orange du moment qu'il voudroit renoncer au Reglement, mais que même leurs provinces consentiroient plutôt à une dissolution de la Confédération, qu'à l'esclavage dans lequel les entraineroit l'abolition des Reglements. Le Sr. de Brantsenbourg m'assura en outre que dans la province d'Utrecht tout s'acheminoit insensiblement à une révolu- | |||||||||||||
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tion, et que la chose la plus heureuse qui pourroit arriver pour le Prince seroit, si le Triumvirat dans ce moment-ci se permettroit d'aller en avant, et de dépouiller le Prince du reste de ses prérogatives; que cela achèveroit à réveiller la Nation. Craignant que tout ceci ne fut que le langage de la passion et d'un coeur ulcéré par le spectacle des maux de sa patrie, j'ai consulté sur ce point le Greffier Fagel qui confirma le tout et ajouta même que la Bourgeoisie n'ayant pris les armes que pour se procurer une participation au choix des Regens et une représentation du plat-pays dans les assemblées des Etats, et voyant que les vues des patriotes étoient purement monarchico-aristocratiques, elle étoit indignée de se voir trompée, et pourroit par conséquent devenir maintenant sa plus cruelle ennemie, d'autant plus que les subsides pécuniaires commençoient à leur manquer, vu le désordre constaté qui regnoit dans les finances de la Hollande. Le Greffier ajouta que la France, en voulant rendre la Province d'Hollande maîtresse absolue de la République, et réduire à rien le Stadhoudérat, jouoit mal son jeu; que cette même Province tournant un jour contre la France, il ne resteroit à celle-ci aucun contrepoids, qu' elle auroit peut-être trouvé dans le Stadhoudérat. Ce Ministre m'assura que la Cour de Versailles avoit beaucoup mécontenté la Nation, et en particulier le peuple de la Province d'Hollande, en défendant l'entrée des fromages, du hareng, et des poissons salésGa naar voetnoot1); que ce mécontentement alloit en augmentant de ce que cette Cour faisoit des Traités de commerce avec tant de Nations, et ne songeoit aucunement à celui à faire avec la République; qu'une guerre dans laquelle l'alliance de la France entraineroit ce pays, romproit infailliblement les liaisons actuelles.... Le Sr. de Rayneval m'a encore fait entendre que le Prince pourroit être perdu s'il n'acceptoit pas ses propositions. Je me suis abstenu de répondre à cette phrase, mais je suis intimement convaincu que le sentiment de compassion envers le Prince qui commence à prendre dans le coeur de la Nation, et la persuasion de son innocence, amèneront peut-être bientôt un autre état de choses, et épargneront à la malheureuse maison d'Orange la douleur de devoir se soumettre aux lois du plus fort. | |||||||||||||
42. - Frederik Willem II aan de PrinsesGa naar voetnoot2). - 20 December 1786. -Ma tres chere Soeur, J'ai reçu la lettre que Vous m'avés fait parvenir par Estafette; j'avois | |||||||||||||
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lieu de croire la conciliation plus prochaine que votre lettre ne le fait espérer. J'avoue que je ne vois pas pourquoi le Prince ne pourroit pas offrir aux Provinces de revoir les reglements, et d'y apporter des modifications; s'il est sûr du refus de celle de Gueldre on ne pourra pas la forcer malgré elle, et au moyen de cette démarche conciliatoire ou pourra peut-être obtenir des adoucissements aux articles qui concernent le militaire. Je ne vois en mon partieulier que ce seul moyen dont l'honneur du Prince ne souffre pas. Il faut se résoudre à des sacrifices si l'on veut parvenir à un accommodement, si l'on s'y refuse, le moment précieux ne se retrouvera plus, et je ne conçois pas trop alors comment je pourrois remettre vos affaires, malgré le désir que j'en ai. Ce n'est pas moi qui vous ai mis entre les mains de la France, je vous y ai trouvé, et actuellement il faut prendre les choses comme elles sont. | |||||||||||||
43. - De Prinses aan Frederik Willem IIGa naar voetnoot1). - 2 Januari 1787. -Vous demandez mon tres cher frère pourquoi le Prince ne pourroit pas offrir la revision des Reglemens aux Provinces qui en ont; daignez-vous souvenir que le Sr. de Raineval demande qu'avant d'y procéder le Prince commence par engager les Etats de Gueldre à faire sortir les garnisons de Hattem et Elbourg et à diminuer le nombre de troupes dans la province, deux conditions auxquelles s'accrocheroit la révocation de la suspension, mais non seulement pour le Prince mais surtout pour les Etats de Gueldre ces conditions sont inacceptables, ces derniers s'en sont déjà expliqués formellement, c'est ce que M. de Raineval et les patriotes savent aussi bien que nous. S'il ne s'agissoit que de s'entendre avec les Etats de Gueldre sur quelque légère modification ou interprétation du Reglement ce seroit autre chose, dans des tems calmes le Prince ne s'y refuseroit pas, mais cela ne regarde que lui et ces Etats; il ne peut s'engager vis à vis de personne, et dans le moment présent ce seroit ouvrir la porte aux plus grands désordres. Il ne me reste que de vous réitérer la prière de faire cesser la négociation entre MM. de Goertz, de Thulemeier et de Raineval. Une chose bien remarquable c'est que le Conseiller Pensionnaire d'Hollande, assisté des Sieurs van Berkel et Gijzelaer, a nié aux Chefs des corps francs d'Hollande l'existence de cette négociation. Les gazettes ont dévoilé ceci sans qu'on l'aie contreditGa naar voetnoot2). |
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