Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermd
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en avant avec le prince Charles. Mais depuis tout a été culbuté à La Haye. Je suis persuadé, que le tour d'esprit italien et portugais convient aussi peu que l'espagnol au génie flamand. J'ai toujours appréhendé, que Botta ne profitât de l'esprit ardent de W. HarenGa naar voetnoot5) et (passez-moi le mot) de son étourderie pour achever de gâter les affaires. Je suis très fâché, que ce soit lui et Burmania de Vienne, qui soient consultés sur le parti à prendre dans l'affaire des Païs-Bas. Ni l'un ni l'autre n'ont assez d'indépendance pour oser donner un avis, qui ne cadrât pas avec celui des personnes, qu'ils croyent devoir ménager pour l'amour d'eux-mêmes, ni assez de connoissance du monde et des affaires pour savoir choisir les moyens les plus propres à faire réussir, ce qu'ils entreprendroient. J'espère, qu'on ira bride en main à La Haye et que l'envie de briller dans des mémoires écrits et de faire voir une précision et une subtilité déplacée ne fera pas diversion au grand but, que l'on doit avoir, qui est de finir au plutôt et le mieux, qu'on pourra, puisque sans cela nous sommes tous perdus. Je suis très fâché, que l'Angleterre ne contribue pas et ne veut pas contribuer aux fraix du rétablissement des places. Je désapprouve souverainement cette fausse et pernicieuse politique et cette oeconomie mal jugée et malentendue. Mais je ne conclus pas de là, que la cour de Vienne et la République doivent laisser leur frontière commune ouverte à la France, au hasard de mettre la République au premier trouble dans l'impossibilité totale d'être d'aucune utilité à l'alliance et de couper toute communication entre l'Angleterre et l'Allemagne. Souvenez-vous, monseigneur, où nous en étions l'hyver de 1746 à 1747. (Par parenthèse monsieur O.Z. Haren votoit alors dans les conférences avec RoosendaalGa naar voetnoot6) et Van der Hoop). En un mot, quand il arrivera, que l'une des trois puissances dont l'union fait leur sûreté commune fera quelque faute capitale contre son propre intérêt et l'intérêt commun, les deux autres ne doivent pas pour cela jetter le manche après la coignée, mais au contraire être les plus sages. Que seroit devenue l'Europe en 1688, si la cour de Vienne et la République n'eussent pas été plus sages, que ne l'étoit le gouvernement d'alors en Angleterre? Et dernièrement en 1747, que serions-nous tous devenus, si la cour de Vienne et l'Angleterre avoient retirés chacun ses troupes et abandonné la République à son mauvais sort, sans | |
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laisser le tems à ceux, qui travailloient pour la cause commune, de reprendre le dessus? Si l'on veut admettre et suivre ce principe, qui est certainement juste et vraie, on peut encore faire quelque chose de bon, mais si la mauvaise humeur doit gouverner et l'esprit de chicane fournir les moyens, je compte tout perdu. Quant aux subsides à donner à la Russie, je vous avoue naturellement, que je ne vois aucune apparence pour le présent de réussir. Je suis par bonheur arrivé assez à tems en ville pour en parler à CzernizeuGa naar voetnoot7) et il m'a promis de susprendre toute démarche provisionellement, sur ce que je lui ai fait comprendre, que ce seroit à pure perte et qu'il ne feroit qu'exposer sa cour inutilement. Je n'ai voulu entrer avec lui dans un détail sur les dispositions du ministère d'ici, qui me font juger ainsi, mais il en étoit déjà assez convaincu à ce qu'il m'a paru, parcequ'il en savoit par lui-même. Tout le monde a été à la campagne pendant les fêtes de la Pentecôte, de sorte qu'il n'a pu voir aucun des ministres. J'espère, que Richecour voudra bien aussi aller bride en main, quoique je doute, qu'il ose autant prendre sur lui, que Czernizeu me paroît déterminé à faire. Les réflexions sur les moyens etc.Ga naar voetnoot8) feroient ici le plus mauvais effet du monde. J'espère, que jamais on n'en aura connoissance ici. Pour moi, je n'en parlerai certainement point et j'espère, que le greffier ne les enverra pas à Hop. Je vous dirai, monseigneur, comme mon opinion très décidément, que je n'appréhende pas les mauvaises suites de la mort du prince de Galles, dont le caractère personnel étoit si vacillant, que je doute, que sa mort soit une perte. Et par les arrangements, qu'on vient de prendre pour la régence, on a pourvu, ce me semble, autant qu'il est humainement possible, à tous les inconvénients d'une minorité. Le ministère ici est à présent manchot. Dans ces circonstances il ne faut pas pousser une affaire, qu'on souhaite de voir réussir. Le duc de Newcastle pense très bien et sent aussi vivement que vous la nécessité de soutenir le système en Europe en donnant des subsides auxquels les autres ne veulent pas jusqu'à présent entendre. Mais vous verrez dans peu un changement dans le ministère. Granville sera employé et certainement il pense en grand sur les affaires générales et ne sera pas pour épargner un peu d'argent dans de grandes affaires. Le duc de Newcastle m'a permis et m'a | |
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même prie de parler à Granville, au chancelier et à Pelham sur ce point-ci en général. Mais leur absence pendant les fêtes ne me l'a pas permis. Et pendant que le bill de régence a été en déliberation, ils ont tous été si occupés, que toute autre affaire a été suspendue. Granville n'est pas encore de retour en ville. Quand j'ai eu occasion de leur parler à tous, je jugerai de ce que l'on pourra faire. Et il faut nécessairement, que - pour moi-même -, je sache sur quoi compter d'ici, sans quoi je serai toujours incertain et en risque de m'abuser moi-même et à abuser d'autres n'ayant pas dessein de rester sur le théêtre et d'être siflé par le parterre et étant très déterminé d'en descendre plutôt, que d'y faire le pierrot, comme je le ferois, si j'étois réduit à soutenir un système politique contraire à mes principes et dont je n'ai pas d'idée. Enfin, monseigneur, soyez sûr, que je ferai de mon mieux. Et du moins je saurai où nous en sommes. Ce qui est très nécessaire pour l'exécution du reste du plan. Je savois déjà par le duc de Newcastle lui-même tout ce que V.A.S. me mande de l'idée de cette cour touchant la SuèdeGa naar voetnoot9) et le parti que l'on pourroit tirer de LievenGa naar voetnoot10), parceque le duc m'avoit envoyé de son bureau toute la correspondance avec Guidicks, Williams et Keith depuis que nous nous étions séparéz. Mais je regarde cela comme des idées passagères, sur lesquelles on n'insistera pas, ni on n'ira en avant. Après demain je vai avec mon fils à Portsmouth. Et je compte de partir d'ici pour m'en retourner par le paquetboat, qui partira le mercredi 29 juin. |
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