Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdDen Haag, 7 januari 1750Je reçus avant-hier vos lettres de 27 décembreGa naar voetnoot1) et y répons d'avance pour être prêt à l'arrivée d'un courier autrichien, qui est attendu de Londres. Je commencerai par celle, que vous m'écrivés au sujet du prince Louis et mettra le deuxième article devant le | |
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premier, parcequ'il faut que je parle encore de celui-ci au PrinceGa naar voetnoot2). Il s'agit donc de l'intérêt de ce prince; j'ai été surpris, que vous fassiez à présent monter les revenus, qu'on lui donneroit ici, jusqu'à 5.000 florins d'Allemagne par mois ou 60.000 par anGa naar voetnoot3), après que par vos lettres du 2 décembreGa naar voetnoot4) vous avez demandé de pouvoir aller jusqu'à 50.000, ce que l'on a accordé, quoiqu'on sentit bien qu'on auroit de la peine à les trouver dans l'état où sont les finances, d'autant plus que, pour qu'il ne vienne pas sur des incertitudes ou sur des survivances, il faut donner en pension la valeur du régentGa naar voetnoot5) et du gouvernement qu'il ne peut avoir qu'après la mort de ceux, qui en sont encore pourvusGa naar voetnoot6). On est venu ici de fort bonne grâce jusqu'au 50.000 florins d'Allemagne que vous avez proposé, mais je ne vois nulle apparence de pouvoir monter plus haut et que je vous en dise mon avis en particulier, c'est que ces changemens subits feroient ici un fort mauvais effet et donneroient à parler contre le prince Louis et contre vous; on s'attendroit à voir encore continuellement hausser le marché, ce qu'on vous reprocheroit, parceque c'est vous-même, qui avez fixé la somme de 50.000 florinsGa naar voetnoot7). Pour le régiment le PrinceGa naar voetnoot8) comme vous le dites, avoit consenti, qu'ilGa naar voetnoot9) le gardât et il s'y tient encore. Quant au grade de maréchal le Prince n'avoit demandé que la reine le lui donnât qu'afin qu'il n'y eut point de disputes avec les autres généraux, qui pourroient être plus anciens que le prince LouisGa naar voetnoot10), je ne crois pas, que cet article fasse une difficulté. Je vois pourtant, que le princeGa naar voetnoot11) de Gronsfeld et monsieur De Back resteront d'avis, qu'il devroit être tout à fait détaché de la cour de | |
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Vienne; je ne puis pourtant en voir aucune raison, si ce n'est qu'on voulut rendre le prince Louis dépendant ici et pour ma part, c'est ce que je voudrois éviter le plus soigneusement. Je crois, qu'il doit être attaché uniquement par son coeur, ses sentiments et ses principes; le prince Louis ne doit pas avoir d'autres motifs d'action et si on ne pouvoit pas compter là-dessus, il ne seroit pas l'homme, qu'il nous faut; du moins je ne serois jamais pour un prince, qui seroit d'humeur de se rendre dépendant. Après cela chacun pense à sa manière. C'est là la mienne. | |
Le 8 janvierJe parlai encore hier au soir au Prince seul touchant le prince Louis. S.A. me dit, qu'elle souhaitoit que ce prince conservât son ancienneté au service de l'impératrice, sans y conserver le titre de maréchal, c'est à dire que s'il ne se trouvoit pas bien ici, il eut la faculté de retomber dans le même rang, qu'il quittera en venant dans ce païs ici, mais en même aussi, que la cour de Vienne ne puisse pas le rappeler pour le faire servir comme maréchal. Il verra par là combien on craint de le perdre; toujours faudra-t-il bien lui faire cet argument et valeat in quantum. Provenons à votre premier pointGa naar voetnoot12), savoir un acte public pour faire voir, quel est le but en demandant le prince LouisGa naar voetnoot13). Le Prince m'a dit là-dessus, qu'il ne pouvoit vous donner rien de plus positif ni de plus exprès, que les lettres qu'il a déjà écritGa naar voetnoot14), par lesquelles il demande au prince Louis de se charger de la conduite de tout le militaire (les termes de la lettre du Prince sont que le prince Louis veuille le soulager dans le militaire) et d'être le soutien de la Maison, en cas que le Prince vint à mourir pendant l'enfance du jeune prince et de la princesse Caroline. | |
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Que pour une résolution secrette au nom des Etats Généraux, la chose n'est pas dans les termes à pouvoir être portée dans une conférence, étant encore tout à fait secrette pour tous les membres, exepté le pensionnaire, le greffier et moi. Lorsque le prince Louis sera ici, le Prince croit, que l'on pourroit faire prendre quelque résolution par les Etats Généraux pour régler le pied sur lequel le prince Louis devroit être, en cas que Dieu disposât du Prince. S.A. m'a dit, que vous ne pouvez manquer de preuves pour votre justification, le pensionnaire et le greffier, qui sont personnes publiques, pouvant vous servir de témoins et la chose se faisant de l'aveu de la ville d'AmsterdamGa naar voetnoot15) voilà tout ce que je puis dire à présent sur le sujet du prince Louis. Pour l'affaire de la barrière je suis très fort de votre avis, que nous devrions prendre la résolution d'être les plus sagesGa naar voetnoot16, mais je vois, que tout le monde ne pense pas comme cela ici. Le Prince seroit le plus modéré, le greffier et le pensionnaire seroient bien aussi, mais monsieur HopGa naar voetnoot17) est trop porté à argumenter et lorsqu'il écrit il y mêle quelque chose de dur et d'aigre. Le comte de Gronsfeld a certainement dans le fond du coeur quelque antipathie contre la cour de Vienne, je ne sai, si c'est par sympathie avec le souverain sous lequel il est néGa naar voetnoot18), mais il parle d'un tout autre air de Berlin, que de Vienne et pour monsieur De Back, en affaires étrangères, il croit ce que croit l'église et son église c'est le comte de Gronsfeld. Monsieur Hop donc a mis sur le papier ses considérations sur la réponse de la cour de VienneGa naar voetnoot19), avec des réponses aux questions, | |
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que l'impératrice nous fait dans sa réponceGa naar voetnoot20). Les conservations, qui servent de préface aux réponses ne sont nullement propres à être produites ni vues à Vienne, aussi m'a-t-on répondu à cela qu'elles n'étoient que pour être communiquées à l'Angleterre pour la mettre au fait. Les réponses vous en jugerez vous-même, il faut pourtant, que je vous dise premièrement, que monsieur Hop ne les donne que comme des idées, qu'on enverra à monsieur Burmania et à vous pour en prendre ou laisser, ce que vous jugerez à propos et pour en employer ce qui pourroit servir. Considérations sur la réponse de la cour de Vienne. Les mesures, qu'il y a à prendre, doivent certainement avoir la sûreté commune pour objet et en vain voudroit on prendre ces mesures, sans qu'il y eut une harmonie parfaite entre les trois puissances. Nulle harmonie encore ne peut être durable, qui ne soit fondée sur l'équité et que l'on n'ait égard aux circonstances et à l'état actuel des chosesGa naar voetnoot21). On peut avouer ces généralités. Mais il importe de faire l'application de ces principes et de parler plus clair. Les puissances maritimes en ont donné l'exemple dans le mémoire de leurs ministres et elles s'étoient attendues à une réponse positive et détaillée de la cour de Vienne. L'équité exige l'accomplissement des engagemens, que les trois puissances ont ci-devant contractés ensemble. Tel est le traitté de barrière, que les puissances maritimes réclament et dont les fondemens se trouvent dévelopés dans la résolution de LL.HH.PP. du 27 août 1749. Il convient donc avant toutes choses, que S.M.I. s'explique sans détour, si elle reconnoît la subsistence de ce traité dans toutes ses parties. Cela étant les revenus des Païs Bas ne peuvent être employéz à l'entretien des troupes de S.M. au préjudice du subside promis à la République, au payement duquel les revenus les plus clairs doivent être employez. Mais on ne disconvient pas que les circonstances et l'état actuel des choses méritent aussi d'être pesez, pourvu que leur considération soit liée à la considération des engagemens et que les circonstances soient considérées de part et d'autre. | |
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La guerre a été très malheureuse. S.M.I. en ressent certainement les suites. Mais la République ressent-elle moins? Sur ce pied-là on répond à la première question, que la République ne peut renoncer au subside sans devenir incapable de pourvoir de son côté à la garde et défense des Païs-Bas, lesquelles cependant lui appartiennent de plein droit. Il y a plus. Elle ne peut se passer du subside sans devenir inutile à la cause commune. Pour faire cependant sa modération elle consent: 1o Que la subside soit causé avoir été interrompu après l'année 1743 jusqu'à l'année 1748 inclusivement. 2o Que les arrierages échus avant l'année 1744 soient payez en termes. 3o Que pour l'année 1749 et un petit nombre d'années suivantes le subside souffre quelque diminution, pourvu que S.M.I. se remette incessammant en train de payer; que les payemens à faire soient réglez de la manière la plus positive et qu'ils soient assignez sur les revenus les plus liquides et les plus suffisans de S.M. Et par rapport à la seconde question touchant le commerce: 1o On est très disposé à donner satisfaction convenable sur les plaintes véritablement légitimes. Il n'est pas possible de répondre là-dessus avec plus de précision jusqu'à ce que les sujets de plaintes soient nommez. 2o On veut apporter toutes les facilitez raisonables sur l'établissement d'un nouveau tarif dans les Païs-Bas, qui soit juste et équitable, sans qu'on ait dessein de traîner la chose. 3o On est prêt à accorder aux sujets de S.M. des avantages par rapport au commerce en général, sauf qu'ils ne soient pas nuisibles au commerce des sujets des puissances maritimes et que S.M.I. soit inclinée à leur en donner de pareils. Enfin les puissances maritimes croient devoir demander à leur tour quelles sont les idées de S.M.I. touchant le fonds nécessaire pour le rétablissement des placesGa naar voetnoot22). Je suis bien aise de vous avertir de ceci d'avance afin que vous soyez préparé avant de recevoir cette pièce. Du reste on ne communiquera pas à Reischach ce qui sera résolu et vous voyez que vous ne serez pas tenu d'exécuter les ordres littéralement. Je compte d'apprendre au premier jour la réponse de Coppenhagen et par conséquent quelque chose sur la possibilité de votre retour; le Prince vous souhaiteroit bien ici et voudroit pourtant bien aussi, que vous pussiez conclure l'affaire de la barrière. | |
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Je suis bien fâché de la disette d'argent là-bas et qu'il en soit de même ici; je n'ai communiqué cet article qu'au Prince seul avec la prière de n'en dire rien. Voilà une alliance bien gueuse. Adieu. |
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