Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdDen Haag, 20-25 oktober 1749Ga naar voetnoot1)Je suis fort en peine de ce que vous m'avez écrit sur votre séjour à Vienne, qui pourroit être beaucoup long, que nous n'avions tous attendu. Cela m'embarasse d'autant plus, que je ne sai ce que tout deviendra ici avant votre retour, si vous restez si longtems absent. Je n'ai eu encore aucune réponse de vous sur les lettres, que je vous ai écrit au sujet des personnes à qui j'ai affaire. Je souhaiterois pourtant, que vous me disiez, autant que vous le pouvez dans l'éloignement où vous êtes, comment vous jugez, que je me | |
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doive conduire et je vous manderai toujours pas à pas comment je fais. Je vous donnerai donc pour commencer une petite idée racourcie de l'état, où je me trouve et de la manière, dont je me gouverne. J'ai proprement à agir ici avec cinq personnes: le Prince, le comte de Gronsfeldt, le pensionnaire, le greffier et monsieur De Back. J'ai été fort content du Prince la dernière fois, qu'il a été iciGa naar voetnoot2). Il a fort bien entendu raison sur bien des choses, dont je lui ai parlé, mais vous savez, qu'il n'est pas ferme et qu'on le fait aisément changer. Il prend trop facilement les impressions, qu'on veut lui donner. Le comte de Gronsfeldt est l'homme en qui vous m'avez dit avant votre départ, que je pouvois avoir une entière confiance. Cependant, par tout ce que j'ai vu et vois encore journellement de sa conduite et de sa manière de penser, je ne me saurois fier à lui qu'à bonnes enseignes; il est tout cousu de mauvaises finesses: le Prince même m'en a parléGa naar voetnoot3). En attendant j'ai fait et fais encore continuellement tout mon possible pour les tenir bien ensemble et ai travaillé sous main à faire réussir quelque bagatelle, que Gronsfeldt trouvoit fort mauvais, que le Prince arretâtGa naar voetnoot4) et dont il m'avait parlé en termes, à mon avis, beaucoup trop violens; mais j'ai caché non seulement ses expressions, mais même son mécontentement, comme je ne lui ai pas dit à lui non plus, que ce qu'il trouvoit mauvais du Prince venoit du pensionaire et du greffier; celui-ci peut-être, pour prendre cette occasion de ne pas faire plaisir à Gronsfeldt et celui-là, parcequ'il cherche à épargner autant qu'il est possible comme de raison. Pour le pensionaire j'en suis tous les jours plus content. Je le trouve toujours droit et galand homme ferme et point emporté, écoutant très bien raison, sans préjugez, ni vues autres que le bien public; allant son grand chemin sans détour et sans chercher à faire sa cour, et je le vois dans les affaires hardi sans être témé- | |
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raire. Il souhaitte fort votre retour, car il m'a dit plusieurs fois, qu'il ne savoit que faire de vos confrères les nobles et surtout de TwickelGa naar voetnoot5), qui l'embarasse souvent. Le comte de Gronsfeld devroit selon moi être exact à se trouver aux assemblées des nobles et à celle de Hollande, 1o parcequ'il y est nouvellement entreGa naar voetnoot6) et a besoin de s'y stiler; 2o parceque de s'absenter pourra imaginer, qu'il croit faire plus d'honneur à ces assemblées, qu'elles ne lui en font et 3o principalement pour soutenir le pensionnaire, qui est nouveau et se trouve en tête des amis de son prédécesseur. Cependant, le comte de Gronsfeld n'y paroît que fort rarement. Je n'ai que faire de m'étendre sur le chapitre du greffier. Je dirai seulement, qu'il ne change ni ne changera jamais à son avantage; il sera toujours de plus en plus foible, indiscret, ami de tout le monde et très cousin de ses cousins, de sorte qu'il faut que je sois toujours fort sur mes gardes avec lui. Le dernier est monsieur De Back, toujours également emporté et violens. Il peste, il jure, que tout va au diable et ne propose jamais de remède, soutenant même, qu'il n'y a point. En ce cas je lui demande, pourquoi il ne prend pas le parti de se sauver le plus vite, qu'il peut, puisque c'est le seul, qui lui reste; à cela il n'a pas de réponse. Je vous ai déjà mandé, que l'affaire des pasquinades à Rotterdam avoit été traittée d'une manière, qui me semble fort suspecte. Il me paroît fort partial dans les affaires de cette ville. Gronsfeld et lui ramassent des contes de vetilles sur le chapitre des deux bourguemaîtresGa naar voetnoot7), que vous savez et vous produisent ces sornettes, comme de grands argumens et quand une fois il s'est échauffé contre quelqu'un, il est impossible de lui faire entendre raison. | |
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Il faut, que je sois perpétuellement à travailler sous l'eau et en cachette pour tenir Gronsfeld et De Back autant bien que je puis avec le Prince, pour les tenir en paix avec le greffier et pour empêcher ce dernier de faire de l'éclat et de sottises, car il n'y a que de très mauvais sang entre lui et les deux premiers. Je vous déclare, que je ne puis deviner combien ce beau jeu pourra durer, mais je vois clairement, que cela ne fera jamais de bon ouvrage ni qui ait aucune consistence. Le comte de Gronsfeld vous aura mandé ses nouvelles touchant l'affaire d'AmsterdamGa naar voetnoot8); pour moi je ne vous en dirai rien, parceque je n'en suis pas informé à fond et comme je vois Gronsfeld mistérieux là-dessus, qu'il n'en dit à peu près rien et s'en cache même au pensionnaire et à moi, je crois, qu'il craint, que quelqu'un ne vint à en partager le mérite, de sorte que je ne lui fais jamais de questions. Ce que je vous dis est si vrai touchant cette affaire, que quoique vous savez peut-être, que sur mon conseil on a fait venir le général CornabéGa naar voetnoot9) pour être le directeurGa naar voetnoot10); je ne l'ai jamais vu ni entendu parler de lui, si ce n'est que Gronsfeld me dit il y a quinze jours, qu'il étoit arrivé et que deux jours après Cornabé envoya chez moi par un domestique un chien, que vous aviez perdu. Conclusion: je fais tout ce que je puis, mais crains fort, que je ne puis pas grand'chose. Ainsi vous n'avez qu'à vous hâter, autant qu'il sera possible. Entre nous, je vous dirai encore une petite raison, qui doit vous faire presser votre retour. Votre séjour à Vienne ne peut qu'être couteux. Les affaires publiques, que vous avez à y faire ont la mine de ne vous y pas retenir fort longtems et lorsque elles seront finies on commencera à crier pour que vous reveniez et si alors vous y restiez encore aux dépens du public, cela pourra donner lieu à des reproches et faire un mauvais effet. Le 25 octobre. Je vous écrivis hier par la poste et n'avois que peu de chose à vous dire. Après avoir envoyé ma lettre, je reçus le vôtre du 14 avec la copie de celle que cous écriviez au greffierGa naar voetnoot11). J'en ai d'abord donné connoissance au Prince, mais je suis persuadé que ce projet de fournir 2500 hommes aux troupes impériales, ne peut plus avoir lieu. Si on l'avoit su avant la réduction, le seul moyen étoit de faire dire dans tous les régiments aux gens, qu'on renvoyoit, qu'ils pouvoient trouver service en tel endroit. Mais à | |
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présent ils sont tous partis; chacun tire d'abord de son côté et tâche de se placer le mieux, qu'il peut avant d'hyver, de sorte qu'on ne peut plus leur faire rien savoir. |
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