Briefwisseling en aantekeningen. Deel 2
(1976)–Willem Bentinck– Auteursrechtelijk beschermdFraneker, 7 oktober 1748(Dankt voor de vriendelijke bejegening, tijdens zijn verblijf in Engeland, van de zijde der gravin ondervonden). Je ne suis point surpris, madame, de la réflexion, que vous faites sur le travers, que certaines gens ont pris par rapport à des affaires, où ils sont intéressés plus que ce soit. Il n'est que trop ordinaire de se faire illusion sur ses propres intérêts, surtout lorsqu'à quelque prix que se soit on voudroit écarter des personnes, dont on craint le crédit et le mérite. Une ample conversation, que j'ai eu avec la Princesse, ne m'a que trop confirmé dans l'idée que c'est par ce motif qu'elle agit; jugez-en madame par ce trait de sa politique. Comme je lui disois, que je prévoiois que dans peu le Prince seroit obligé de faire dans plusieurs autres villes de Hollan- | |
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de les mêmes changemens, qu'il avoit fait à Amsterdam, elle me répondit, que ce seroit un très grand malheur, parceque les magistrats actuellement en place, étant les objets de la haine publique, le le peuple les éclairoit de trop près pour qu'ils pûssent se mal conduire, au lieu que si on leur en substituoit d'autres, plus agréable à la bourgeoisie, ils seroient plus en état de suivre leurs mauvais penchants sans qu'on y prît garde. Quelle étoit le sens de cette maxime singulière? C'est qu'on a dans ces personnes que le peuple ne sauroit soufrir des gens prêts à s'opposer à monsieur votre fils. Celui-ci n'est cependant point intimidé par de pareilles idées, qui lui sont très bien connues. Il m'a fait voir une pièceGa naar voetnoot1) qu'il a présenté à L.A.: il y expose avec beaucoup de fermeté tous les griefs, qu'il a sur le coeur; en vrai citoyen il y détaille toutes les réformes à faire dans le gouvernement; les conseils qu'il donne au Prince sont aussi salutaires pour lui, que pour le bien des habitans de ses provinces; et enfin il y témoigne avec cette hardiesse, qui sied bien à tout homme qui a la conscience nette, qu'il ne peut plus être tous les jours témoin des mêmes abus, qui ont fait mépriser la précédente régence. Le Prince paroit avoir senti la force de ses raisons et la Princesse en a été convaincue aussi, comme il paroit par la foiblesse de quelques remarques qu'elle a faites sur la marge de cet écrit. Dieu veuille qu'il opère quelque chose! Quoiqu'il en arrive, monsieur de Bentinck aura toujours la satisfaction de n'avoir pas la moindre reproche à se faire et de s'être conduit dans tous ces tems épineux d'une manière qui auroit fait honneur à un Romain qui auroit vécu dans les plus beaux tems de sa république. Au reste je ne désespère point de voirGa naar voetnoot2) la Princesse changer à son égard; le tems viendra, s'il n'est pas déjà venu, qu'elle se convaincra, qu'il est le plus ferme appui de la constitution présente; le Prince m'en paroit persuadé et il agit en conséquence. Ce qu'on a publié de l'espèce de violence, qu'on faisoit à Amsterdam est très différent du vrai. A la vérité, la bourgeoisie a supplié S.A. de ne point quitter leur ville avant que tout y fut terminé, et cela n'étoit-il pas juste? Quant à l'interruption qu'on est venu faire à son sommeil, ça étéGa naar voetnoot3) par l'imprudence de l'officier | |
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qui avoit la garde; il s'étoit mis en tête qu'il y avoit quelques mécontens qui vouloient parler au Prince quoique personne parut et ne pensat à paroitreGa naar voetnoot4). A mon arrivée ici je n'ai pas trouvé les choses dans la confusion où on les avoit dites. Le peuple est assez tranquille dans cette province et messieurs les régens continuent comme auparavant dans la fonction de leurs emplois. La commission que le Prince avoit envoiée pour écouter les plaintes de part et d'autre est repartie chargée des pleins pouvoirs nécessaires pour que S.A. règle tout à sa volonté. L'article des finances est ce qui embarasse le plus, on ne sait où prendre de l'argent. (Hij schrijft hierna over moeilijke persoonlijke omstandigheden van Trembley; over de koortsen, die in de Republiek heersen; over de belangstelling van de Prinses voor de gravin; hij zal haar later berichten over haar kleinkinderen en hun gouverneur). |
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