Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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situation. Le Bode qui a aporté la lettre au Prince dans laquelle les Etats Lui donnent préallablement avis de la résolution qu'ils ont prise sur le StadthoudératGa naar voetnoot1), est encore icy attendant réponse. Le magistrat de la ville a écrit, et les Etats ont réitéré leurs instances, pour que le Prince leur laisse la garnison. S.A.S. haesite jusqu'aujourdhui sur ce qu'Elle veut faire. Je viens journellement donner les avis que je reçois de chez moij, et presser une réponse négative sur tout; mais en vain. La princesse Royale est de mon sentiment depuis que je l'ai instruite de tout, mais comme ce n'est que depuis hier, cela n'a pas pu opérer encore: nous verrons ce que cela fera demain. Le jour d'après la cérémonieGa naar voetnoot2) j'ai pris la liberté de demander une audience, et de dire au Prince que le peuple, tant icij que dans les autres villes et Provinces estoient extrêmement abbattu; que les ennemis du Prince faisoient courir des bruits fort désavantageux pour sa réputation, et que les alliez se plaignoient beaucoup de sa conduite; le tout fondé sur ce qu'on voyoit si peu de praeparatifs, de mesures, et de vigueur. J'ai prié le Prince de vouloir faire quelques démonstrations pour faire voir le contraire; et sur tout de faire camper l'armée, et faire marcher ses équipages, pour qu'on ne disoit plus que le Prince n'ira point en campagne, ‘mais qu'il voudra encore commander une armée du beau milieu de la Haye; ou faire une campagne de vieux Bois.’ - - N.B. je n'ai pas dit au prince mais entendu dire cecij - -. Après cela, j'ai prié le Prince de me dire, ce qu'il faut qu'on réponde à ceux qui tiennent les discours susdits. Il m'a répondu qu'il ne sçavoit pas ce qu'il auroit pu faire de plus qu'il n'avoit fait; que la gelée et le mauvais tems avoient retardez bien des choses; que les Anglais, Hannovériens etc. n'estoient pas marchez d'assés bonne heure, pour faire place à nos trouppes, qui devoient les suivre; qu'actuellement notre Cavallerie estoient encore coupée par des trouppes alliées; que le Duc auroit dû venir à la Haije deux mois plustôt, et faire des magasins pour pouvoir entrer en campagne avant les français; que | |
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nous estions le jouet de nos alliez qui nous mangeoient et qui nous faisoient mille impertinences par dessus le marché; que lui avoit envoijé ordre à nos trouppes de camper, et qu'il comptoit d'aller joindre l'armée, sitôt qu'il verroit qu'on pourroit marcher en avant, et entreprendre quelque chose, mais qu'il ne pouvoit pas quitter la Haije sans avoir réglé le comptoir général, pour que l'argent ne Lui manquât point; qu'il feroit marcher ses équipages, et que c'estoit là la réponse que je pourois faire à ceux qui tenoient des discours comme je les avois dit. Hier au matin j'ai eu une conversation avec la princesse, en présence de Verelst, sur la paix: je lui disois que pour avoir une paix il falloit faire tous les efforts imaginables, et des praeparatifs pour la guerre, comme si la France ne vouloit pas nous en donner aucune, et ne passe brouiller avec les alliez avant que de l'avoir. Elle me répliqua, que c'estoient là des beaux sentiments, mais qu'il falloit voir les choses dans la situation où elles estoient; que la République estoit si bas, et que ses alliez la maltraitoient si fort, qu'il n'y avoit plus moyen de soutenir. Je lui dis, qu'on fairoit mal de tenir un pareil langage, parce que, si la France en estoit informée, elle en tireroit profit, nous désuniroit, et nous imposeroit les lois les plus dures. Elle me répondit que nous parlions entre amis; moij que d'autres, et même à Sa Cour, estoient fort imprudents à cet égard, et que les discours de certaines gens éstoient considérez comme les mêmes qu'on tenoit à la cour et dans le Cabinet. Elle ne me demanda point de qui je parlai, et Verelst, qui est, comme je vous l'ai déjà marqué, absolument dans les mêmes idées que la princesse, soutint la princesse dans tout ce qu'Elle dit. Je lui en ai parlé, mais cela ne sert de rien; j'en ai averti le greffier, et je lui ai conseillé de parler au pèreGa naar voetnoot1), qui est du même sentiment. Le greffier est toujours ferme; il a parlé franchement et au Prince et à la Princesse. Je sçais que dans un entretien avec la princesse il Lui a raconté cette entrevuë à la campagne avec le feu vieux greffier, le feu pensionaire et vous: il en a pris occasion de dire qu'il estoit dans les | |
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mêmes idées et qu'il ne pourroit jamais prêter la main à quelque négociation séparée. Nous concertons pour prévenir que Haren ne soit point chargé de la moindre chose en particulier et pour empêcher les correspondences particulières; et moij, pour le faire partir...... P.S. On m'a dit hier au soir que le Prince a fait dire au Maréchal C.Ga naar voetnoot1) de Nassau de se garder de certains discours: je ne sçais si c'est là l'effet de ma conversation: mais je sçais bien qu'il n'est pas le plus coupable. |
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