Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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CCCVI.
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de luij que la République, le veut ménager avec tant de précaution? J'aij de la peine à croire que l'Angleterre fait tout cela sans avoir l'intention de le mettre en exécution...... Pour ce qui regarde l'usage à faire du plan ostensif, vous aurés bien compris par ma lettre à vous et à Hasselaer que l'intention ici n'est pas de rejetter ce plan, mais qu'on donne seulement en considération si après ce que Monsr. de St. Séverin a declaréGa naar voetnoot1), on ne doit pas ij faire du changement, et le proposer tellement qu'on voije par là qu'on ne cherche pas à traîner les affaires en longueur; et je crois que le plus ou le moins dépend de vous et de Mylord Sandwich, sans que Hasselaer puisse insister sur des ordres de la Conférence Secrette, qui certainement donneroit d'abord des ordres à rechanger le plan sur les idées, que la France a proposé dans l'entrevue de Liége. Car je suis persuadé que si les Provinces sçavoi(en)t qu'on en pourroit être quitte à ce prix, on l'embrasseroit ambabus ultris, et, en vérité, je ne m'étois pas attendu de ce qu'elle a proposée alors, puisque les affaires sont beaucoup déterioré depuis, tant à cause de notre perte de Bergen op Zoom, que parcequ'il n'y a aucune apparence que la campagne puisse s'ouvrir avec le moindre avantage de notre côté, mais bien au contraire. Et je ne puis pas me persuader encore que lorsque les conférences s'ouvriront, la France ne haussera pas ses demandes. Vous sçavés, mon cher Monsieur, que je suis aussi éloigné que personne de vouloir faire une paix séparée; mais quand je considère qu'à l'ouverture d'une campagne tout manque, que deux Provinces ne paijent absolument rien - - car la députation en Frise n'a rien effectué - -, que la Province de Zélande, avec les meilleures intentions, déclare qu'elle ne peut rien fournir après le cinquantième denier qui tire à sa fin, que l'Angleterre ne peut pas nous fournir de l'argent; je crois que c'est de notre intérest quand les François proposent des conditions, tant soit | |
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peu tolérables, de faire toutes nos instances auprès de nos Alliés, pour ij apporter des facilités, et pour nous préserver de notre ruine ultérieure. Je me trouve obligé de vous faire part d'une conversation que le Prince a tenu l'autre jour avec le Pensionaire et moij, en sortant d'une conférence militaire, et que je ne sçaurois qu'approuver entièrement. Etant frappé du mauvais état de nos affaires, il nous dit que selon lui, c'estoit le parti de la prudence et de la sagesse de chercher ensemble avec nos Alliés les moijens de sortir au plustost des troubles présents; mais que d'un autre côté nous devions tenir ferme dans tous nos préparatifs; que si deux ou trois Provinces vouloient se perdre, la Hollande seule devoit prendre des mesures pour soutenir les affaires et satisfaire à ce qu'il manque aux autres, et qu'ainsi on devoit trouver des nouvelles finances, si le cinquantième denier ne suffit point pour continuer du moins cette année à nous tenir en état. Aussi le Prince est-il résolu de renvoijer au premier jour Monsr. de Wartensleben à Cologne avec ordre de finir, s'il est possible, et de prendre six battaillons au service de l'Etat, contre les deux que prendront les Anglois. et de renouveller le traité des subsides pour un ou pour plusieurs années, comme on pourra convenir. J'étois déjà prévenu au sujet de Monsr. Belanger par une lettre de Mylord Sandwich à Keith, et j'en aij préaverti Wartensleben, qui ne manquera point d'en faire un bon usageGa naar voetnoot1). Outre cela le Prince m'a dit qu'il enverroit un ordre pour engager encore deux régiments de Saxen Weimar, un d'infanterie et un de cavalerie, par où vous voyés qu'on ne néglige pas les préparatifs nécessaires. Tout ce que je souhaite, c'est que pendant que l'on est occupé icij à faire de son mieux, on ne néglige aucune occasion de faire réussir la négotiation sur un pied raisonnable. C'est l'intérest de la cause commune, c'est celuij de vous, Monsieur, en particulier, non que je veuille que vous agissiés contre vos principes, mais, qu'en les suivant, vous nous donniés bientost une bonne paix et que vous en ayiés l'honneur. ......L'affaire du charpentier est tout autant que finie. | |
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L'homme en question aura son pardon le jour du baptême qui sera jeudi qui vientGa naar voetnoot1). A l'occasion de ce baptême je dois vous dire que j'aij eu le bonheur de réussir dans ma négotiation à faire offrir par le Duc d'être parain du jeune prince, du gré et au contentement des deux parties...... J'aij été frappé dans votre lettre des discours que Hasselaer vous a tenu, et surtout lorsqu'il vous a dit qu'il avoit la copie des pièces de Breda. Les conclusions que vous en tirés me paroissent évidentes. Il me semble qu'il mériteroit la peine d'examiner si ce Monsieur écrira des lettres en son particulier à Amsterdam, ce qui ne seroit nullement dans les règles...... J'aij eu des lettres de Monsr. votre frère, qui me marque jusqu'à présent on n'a pas encore été en état de luy donner une réponse favorable. Si vous pouviés en parler à Mylord Sandwich et le prier de nous aider en cecy, je crois que cela feroit le meilleur effet du mondeGa naar voetnoot2). J'en parleray encore ce soir, au Duc, et si votre frère est obligé de revenir, sans avoir rien fait, je crains infiniment que les mauvais intentionnés auront occasion d'en profiter. | |
4 April 1748.Après avoir fini ma lettre j'aij fait ce soir une visite au Duc, qui m'avoit fait dire qu'il souhaitoit de me parler. Le Duc m'a communiqué une lettre d'Angleterre dans laquelle on lui écrit que le Roi, apprenant le mauvais état de nos affaires, estoit porté à mettre fin à cette guerre, qu'il avoit appris par des canaux sur lesquels il croioit pouvoir conter, que la France cherchoit sérieusement la paix, qu'elle pourroit être persuadée à la faire en restituant réciproquement toutes les conquêtes; et pourvu qu'on accorde Parme et Plaisance à Don Philippe, avec la réversion en cas de mort du Roi d'Espagne, qu'elle laisseroit Final au Roi de Sardaigne et ne parleroit point du rétablissement de Dunquerque ni de Furnes, et ne feroit non plus difficulté sur l'article de la postérité du Préten- | |
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dant; que quoique le Roi souhaiteroit de faire la paix à des conditions moins onéreuses, cependant il les trouve acceptables et beaucoup meilleures que celles du Maréchal de Saxe de l'an passé et qu'à cet effet il charge le Duc d'en faire part au Prince d'Orange, pour sçavoir son sentiment là-dessus. Vous pouvés aisément deviner quel sera l'avis du Prince; ainsi je n'aij besoin que d'ajouter que le Duc m'a dit encore que cet avis de France estoit venu par l'Ambassadeur de Venise à Paris, à qui le Marquis de Puissieulx en avoit parlé sur ce ton, pour sonder l'Angleterre par le moijen de CapelleGa naar voetnoot1) à Londres. Le Duc m'a dit aussi qu'il avoit donné part de ceci à Milord Sandwich, pour qu'il sondât Monsr. de St. Séverin si ces ouvertures sont fondées, et qu'il a eu une conversation en gros avec le Maréchal Batthiani pour en écrire à sa Cour, ce qu'il a fait par un courier, avec des instances, pour que la Cour de Vienne ordonne à Monsr. De Caunitz de se rendre tractable. Le dernier point sur lequel le Duc m'a parlé estoit la barrière, que nous aurons dans la suite, et le dessein de l'Angleterre d'avoir garnison dans Ostende, en donnant des sûretés que le port ne servira que pour l'entrée et la sortie des troupes, quoiqu'il ne m'a touché ce dernier article qu'en secret. Je vous prie de ménager tout cecij et de me faire parvenir ce que vous en apprendrés de Mylord Sandwich. Je tâcheraij de faire en sorte que les préparatifs au lieu de ralentir puissent être redoublés, en considération du peu de fond qu'on peut faire sur les discours des François. |
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