Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendDen Haag, 5 December 1747.Monseigneur, Je m'enhardis d'écrire à Votre Altesse Royale sur un point extrêmement délicat: et j'espère, monseigneur, que vous me pardonnerez la liberté que je prens. C'est du commandement de l'armée qu'il s'agit. Votre Altesse Royale sait les ordres que my Lord Sandwich a reçu sur ce sujetGa naar voetnoot2), et elle verra par les dépêches de My Lord Sandwich d'aujourdhui les difficultés qui se rencontrent sur ce sujet; difficultés que votre Altesse Royale aura certainement prévues, et sur lesquelles je crois avoir averti votre Altesse Royale pendant son dernier séjour icy, du veritable état de la question. Il s'agit à présent de trouver quelque expédient pour prévenir les mauvaises suites, et les fâcheuses conséquences qui s'ensuivront infailliblement de tout retardement dans les mesures à prendre. Le seul que j'aye pu imaginer jusqu'à présent est que ce point-là reste indécis, jusqu'à ce que le cas existe que les deux corps séparés, sur la | |
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supposition desquels mon raisonnement est bâti, soyent obligé de se joindre, cas qui peut-être n'existera pas, ou s'il existe, il sera accompagné de circonstances heureuses ou malheureuses et les unes comme les autres faciliteront alors les expédients, qui ne se trouveroient peut-être pas si facilement à présent. Je connois si parfaitement la manière de penser du Prince d'Orange sur ce sujet que j'ose assurer qu'il sera le premier en ce cas à trouver des facilités. Et j'ai vu, Monseigneur, que vous pensiez vous-même avec tant de grandeur et de distinction sur ce sujet, que je ne puis qu'être extrêmement mortifié de ce que l'on a suscité cette difficulté. Permettez-moi, Monseigneur, de parler net. Je soupçonne que my Lord Chesterfield a représenté la chose au Roy d'une façon à se faire donner les ordres tels qu'il les a envoyés à my Lord Sandwich, non pour le soutien d'une dignité que vous honorez tout autant qu'elle vous honore, mais pour embarasser et retarder la conclusion d'une convention sans laquelle les mesures pour la Campagne ne peuvent pas aller en avant; et par là forcer l'Angleterre et la République à abandonner leurs alliez et à faire une paix quovis modo: ce qui depuis longtems a été sa marotte. Je vous conjure, donc, Monseigneur, de parer ce coup mortel. La saison est déjà si avancée qu'il n'y a pas un moment à perdre. Et si l'on ne trouve pas de moyen de mettre fin à la convention, nous ne pourrons pas être assez tôt en campagne pour prévenir notre destruction soit par les armes ou par une paix forcée et honteuse. Personne ne peut mieux que votre Altesse Royale, et il n'y a qu'Elle seule qui puisse nous tirer de ce cruel embarras, si elle peut faire gouter au roi l'expédient mentionné ci-dessus; à moins qu'Elle n'en sâche un meilleur. P.S. Tout va si bien ici, et les affaires avancent si fort comme vous le verrés, Monseigneur, par les lettres d'aujourd'huy, qu'en vérité cela fait saigner le coeur de voir gâter le plus beau jeu que l'on ait encore eu depuis le commencement des troubles. Comment négociera-t-on à Aix, et quelle paix obtiendra-t-on, si la France peut seulement se douter, qu'il y ait la moindre différence d'opinion entre l'Angleterre et la République sur le point du commandement? |
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