Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendDen Haag, 14 November 1747.J'ai vu ce matin avec une très grande douleur, par les dépêches que Mylord Sandwich a reçuesGa naar voetnoot2), et qu'il m'a communiquées, que les affaires ne vont pas en Angleterre comme j'avois espéré, et comme j'avois lieu d'attendre après tout ce qui s'est fait ici depuis peu de concert avec vous, et sur vous principes. Je ne puis vous exprimer, Mylord, combien je suis déconcerté, et je vous proteste que si cela n'est pas bientôt redressé, je ne sai presque plus de quel bois faire flèche. Ce qui m'en fait le plus de peine, c'est que je vois que Mylord Chesterfield donne aux affaires générales le tour qu'il lui plaît. Et je sai si parfaitement de sa propre bouche sa manière de penser, et son système, que je suis sûr, en cas qu'on les suive, de voir la France nous donner la paix, du moins quelque chose qui en aura le nom sans l'effet, aux conditions qu'il plaira à Sa Majesté très Chrétienne. Il me semble clair et évident, que Mylord Ches- | |
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terfield est déterminé à une paix quovis modo, comme Mrs. d'Amsterdam et leur cabale ici l'étoient avant la Révolution. La paix nous est très nécessaire, j'entens aux deux Nations; et je n'ai que faire, Mylord, après tout ce que je vous ai dit et écrit, de vous répéter les assurances de la sincérité des intentions du Prince, et de tous ses serviteurs à cet égard. Mais il ne faut pas que ce soit une paix quovis modo. Il faut qu'elle soit telle que ceux, qui l'auront faite, en puissent répondre; et pour cela il faut les forces nécessaires pour soutenir les demandes que l'on jugera à propos de faire. Ici les choses sont sur le meilleur pied possible. Le Prince est disposé à souhait. Et je vois jour à exécuter tout ce que l'on pourroit désirer. Mais si l'Angleterre, qui a un intérêt égal au nôtre au soutien de la cause commune, et à obtenir une paix sûre et réelle, et non pas simplement de nom, et précaire, recule ou n'avance pas à pas égal avec la République, je ne prévois que ruine et destruction. Pardonnez-moi, Mylord, si je vous parle si naturellement. Mais je ne saurois m'empêcher de vous montrer la vérité. Le Roi m'a fait l'honneur de témoigner qu'il lui seroit agréable que j'allasse aux conférences qui se tiendront à Aix la Chapelle. Rien ne m'est plus agréable que d'avoir occasion de témoigner mon zèle, et mon sincère et fidèle attachement. Mais, Mylord, puis-je en honneur y aller, si je prévois que l'on y fera une paix forcée, et puis-je de sang froid me résoudre de prêter la main, ou d'assister à la signature de la perte et de la ruine des deux Nations? J'ai remarqué dans la lettre de Mylord Chesterfield à Mylord Sandwich que la déclaration par écrit du Pce. d'OrangeGa naar voetnoot1) ne plaît nullement à Mylord Chesterfield, sans quoi il en auroit témoigné un contentement tel qu'il convient à un Ministre anglois dans des circonstances pareilles à celles-ci, où une déclaration pareille est une affaire décisive, et dont les suites remettroient en Europe l'équilibre si longtems négligé, et presqu'entièrement oublié, quoi que ce soit le fondement de notre liberté, et de notre indépendance commune. |
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