Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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Le Haye, ce 3 Nov. 1747.(Dit is de eerste brief geschreven sedert zijn ziekte.) Pour ce qui regarde. 1. les moyens que la République a de prévenir tout progrès ultérieur du côté de Breda, Willemstad, la Zélande; 2. les moyens de prévenir toute invasion ou attaque sur le territoire de la République durant l'hyver; 3. la disposition des quartiers d'hyver pour cet effet; et 4. l'ouverture de la communication par mer entre l'Angleterre et la République, je m'imagine que vous aurez en grande partie reçu les éclaircissements nécessaires par les différentes lettres de My Ld. Sandwich, et encore plus particulièrement par les relations envoyées par son Altesse Royale Monseigneur le Duc touchant la disposition des quartiers d'hyver faite pour couvrir les frontières de la République. Quant à un plan d'opération pour sa défense, il n'est pas possible de vous en envoyer. C'est une affaire purement militaire, dont le secret est l'âme, et doit rester renfermé dans le sein des généraux. Mais il me semble que vous pouvez être tranquille sur ce sujet, puisque l'affaire ne peut pas être en meilleures mains que celles où elle est; et j'ose répondre que le Prince d'Orange, bien loin de se refuser, se fera un vrai plaisir de coopérer dans tout ce qui lui sera représenté comme nécessaire pour parvenir efficacement à ce but. Le conseil de guerre tenu à SaeftingenGa naar voetnoot1) est une preuve suffisante que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir toute attaque par eau. Il est certain que nous en avons les moyens; ayant | |
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la force de la situation en notre faveur, avec des ressources maritimes, qui doivent rendre notre avantage par dessus l'ennemi si considérable, que toute entreprise qu'il pourroit faire sur cet élément, ne peut manquer, selon moi, de tourner à sa confusion. Je puis de plus vous assurer que nous sommes tous vivement frappés de notre danger, et détérminés à ne le pas augmenter par aucune négligence. La résolution de ce conseil tenu à Saeftingen est très fort approuvée ici, et a beaucoup servi à calmer les grandes inquiétudes où l'on a été pour la Zélande, et pour toutes les suites d'un malheur qui auroit pu arriver de ce coté là. L'amiral SchryverGa naar voetnoot1), qui est l'homme du monde le plus actif et le plus expéditif, et en même tems le plus zélé dans notre manière de penser, est allé à Amsterdam pour hâter tout ce qu'il faut pour l'exécution des mesures résolues dans le conseil tenu à Saeftingen. Et afin qu'il ne manque aucune information, le Prince d'Orange a - - comme vous le savez, my lord - - prié My Ld. Sandwich d'écrire au chef d'escadre Michell de s'informer de ce qui pourroit être requis de plus, ou de ce qui pourroit manquer dans l'exécution afin d'y mettre incessament ordre, et sans perte de tems. Quant au nombre effectif actuel de nos troupes; le moyen de les recruter; le nombre des troupes étrangères déja engagées; le nombre de celles qui restent à lever; la méthode proposée pour compléter l'augmentation de 3,000 hommes, je suis obligé, My Lord, de vous demander du délai jusqu'à la semaine prochaine, que j'espère de pouvoir sortir, et vaquer, comme auparavant, aux affaires publiques. Mais ayant gardé ma chambre, et étant à la campagne, sans avoir été qu'un ou deux jours en ville, et ayant fait pour cela des efforts sur moi-même, dont je me suis fort mal trouvé, il m'est impossible de vous satisfaire aujourd'hui sur ces points-là, comme j'espère de le faire dans peu de jours. Et je me flatte même que les éclaircissements que je vous enverrai alors, vous mettront l'esprit en repos. Quant au fonds proposés pour subvenir aux fraix de l'année courante et de l'augmentation résolue, | |
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je vous puis assurer, My Lord, qu'il n'y a ici aucun doute que le 50me denier ne fournisse abondamment et suffisamment à ces fraix; d'autant plus que toutes les autres Provinces suivent avec ardeur et alacrité l'example de la Hollande. En Gueldre même c'est le peuple et surtout le bourgeois et le rentier, qui forcent le Magistrat à mettre cette imposition. Chose très remarquable, et sans exemple, à ce que je crois. Je dois ajouter qu'en Hollande où la levée du 50e denier a déjà commencé à s'exécuter, cela va à souhait, et au delà de toute attente. Quant au nombre de troupes que la République se propose de mettre en campagne l'année prochaine, c'est un point qui n'est pas tout à fait décidé encore, mais dont la décision dépend en grande partie du nombre que l'Angleterre fournira: et si l'Angleterre vient jusqu'à 70,000 hommes, la République en fournira certainement jusqu'au même nombre. Je vous supplie, My Lord, non seulement comme Ministre, mais comme ami, de nous mettre en état d'offrir et de donner 70,000 hommes, en offrant le même nombre de la part de l'Angleterre. Vous ne sauriez croire l'effet que cela fera ici, combien cela renforcera les mains de vos amis, combien cela servira à soutenir les esprits, à fermer la bouche aux malintentionnés, à rafermir ceux qui sont dans le bon chemin à entretenir la bonne disposition où est le Prince d'Orange, à avancer la déclaration de guerre, et à engager généralement tous les membres du gouvernement à consentir d'abord et de bonne grâce à l'augmentation de notre contingent jusqu'à 70,000 hommes. Permettez-moi aussi de vous dire que si pendant que vous nous pressez de déclarer la guerre vous ne fournissiez pas pour le service de campagne un nombre de troupes égal à celui que nous offririons de fournir, cela fera un très mauvais effet ici, et donnera lieu à des objections sur la réalité des intentions de l'Angleterre, et sur son zèle pour la défense de la République, auxquelles il sera difficile de répondre, même pour les plus zélés, et les plus fidèlement attachés aux principes qui font l'union des deux Nations; de sorte que je vous recommande ce point-ci, comme étant de la dernière importance. Pour ce qui regarde le nombre de troupes requis pour la garnison de Maestricht et autres places apartenantes | |
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à la République, il n'est pas possible d'- répondre, précisément à cause que cela dépend de la position des armées en campagne. Ce nombre ne peut jamais être fort grand, puisque malheureusement il ne reste plus à la République que Maestricht, Venlo, Nimegen, Grave, Bois-le-Duc et Breda, outre les petites places frontières de la Province de Hollande. Et considérant la chose sous un point de vue militaire, il n'est pas possible qu'il puisse y avoir plus de deux de ces places à la fois dans le cas d'avoir besoin de garnisons. Rien ne prouve mieux la vérité de ce que je dis à cet égard, que l'expérience de la campagne passée, où nonobstant la supériorité et les succès de l'ennemi, il n'y a eu qu'une seule de ces places pourvue de garnison, savoir Maestricht. Les autres ont été litéralement gardées par les bourgeois, qui avoient soin de fermer et d'ouvrir les portes. Quant à l'état de notre marine, vous avez reçu par My Ld Sandwich la liste des vaisseaux que nous avons en commission. Il faut que j'avoue que c'est ici notre foible. Je ne fais pourtant aucun doute que le nombre des vaisseaux en commission ne soit augmenté, et j'ose répondre que rien ne sera négligé pour cela. Et ce défaut sera en partie réparé par nos armateurs, que je crois que vous verrez bientot en mer en très grand nombre et très bons. Pour ce qui regarde le nombre de vaisseaux que la République fournira pour joindre l'Escadre destiné pour le West, cela fait un article dans la convention qui est actuellement sur le tapis. Quant à la déclaration de guerre, je ne crois pas, my Lord, que vous puissiez provisionellement souhaiter rien de plus que la promesse solemnelle signée par le Prince d'Orange à cet égardGa naar voetnoot1). J'ose vous répondre qu'il a le pouvoir et la volonté de garder sa promesse. Je dois à cette occasion vous renouveller mes instances pour que du côté de l'Angleterre nous soyons renforcés de tous les arguments fondés sur des faits et sur des réalités, pour épargner au Prince d'Orange toutes les difficultés, qui se rencontreront dans l'exécution de sa promesse, si l'Angleterre ne se montre pas prête à seconder la République dans le tems que celle-ci mettroit le tout pour le | |
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tout, et à faire en campagne des efforts égaux au moins à ceux de la République. Je suis persuadé, après ce que j'ai entendu de la propre bouche du roi et connoissant la manière de penser et les vues étendues de Sa Majesté, qu'elle sera facile à persuader sur cet article. C'est un si grand point que d'engager la République dans une déclaration de guerre, qu'il n'y a presqu'aucune considération qui le puisse contre-balancer. Je suis persuadé, My Lord, que vous en sentez vous même toutes les conséquences, et que personne ne pourra mieux que vous les représenter à Sa Majesté. Cela répare tout le passé, et fixe et détermine à jamais le véritable système, assavoir celui que le feu Roi Guillaume a constamment et invariablement suivi, et qui a été le soutien de la liberté et de l'indépendance de l'Europe, comme il l'est certainement de la constitution présente de l'Angleterre. Quant au plan de paix à être proposé conjointement aux Alliés, le Prince d'Orange y consent de la façon que vous le souhaitez, et vous donnera ses pensées les plus secrettes et les plus confidentes sur l'explication du plan ostensible que l'on croit devoir être proposé à l'ouverture des conférences, pour servir de cannevas pour traiter. Je vous puis assurer, My Lord, que le Prince d'Orange et tous ceux qu'il honore de sa confidence souhaitent réellement et sincèrement la paix. Je sai qu'il y a des gens qui malicieusement débitent le contraire, et qui veulent faire croire que la guerre est nécessaire au Prince, pour soutenir son crédit, et se faire valoir; mais j'ose vous assurer le contraire; et affirmer que rien ne seroit plus conforme aux souhaits du Prince et de tous ses amis et serviteurs que de voir rétablir la paix sur des conditions tant soit peu sûres et telles que ceux qui l'auroient faite en puissent répondre à eux-mêmes, au public et à la postérité. Je vous proteste que ce sont mes sentiments, et que c'est dans ce but, et dans cette vue que je suis pour toutes les mesures les plus vigoureuses, persuadé que c'est le seul moyen de parvenir à une paix; car jusqu'à présent je ne suis point persuadé que ce soit le dessein de la France de nous en donner une du tout; et elle n'y viendra, selon moi, que quand elle verra l'union entre les Alliés si ferme, et si bien cimentée, qu'elle n'aura plus aucune espérance de la rompre, et de les désunir. Je serois très mortifié | |
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qu'il vous restât aucun doute ou aucun soupçon sur cet article; et je vous supplie, My Lord, de ne m'en cacher aucun. Vous me ferez grand plaisir de me fournir l'occasion de vous éclairir sur ce point important, et de vous prouver la vérité de ce que j'avance. J'espère que dans peu vous aurez satisfaction touchant l'indigne affaire de Berg-op-Zoom, à laquelle je ne saurois penser sans honte et sans confusion. Vous pouvez être persuadé que je ne négligerai rien de ce qui sera en mon pouvoir pour vanger notre honneur. Je suis très mortifié que cela n'est pas déjà fait, et que l'on n'ait pas encore rendu la justice due au public. Mais il faut que vous considériez le grand nombre d'autres affaires qui se présentent tous les jours, et qui n'admettent point de délai, outre les formes qui doivent être observées dans les affaires de justice, pour éviter l'air de partialité pour ou contre. |
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