Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendDen Haag, 31 December 1745.......Si l'on tenoit le second fils du Prétendant, sous le nom de Ratclief, il ne seroit pas prudent de le faire mourir sous ce nom là. Les François trouveroient facilement quelqu'un à mettre à sa place. Si l'on pouvoit tenir ces deux messieurs, on ne sauroit les faire mourir trop publiquement; et de sorte que personne ne put jamais douter que ce fut euxGa naar voetnoot1). L'on éprouve à present en Angleterre combien un Prince comme le Duc est utile à la tête de l'armée. Il est très aisé de prouver que le Prince d'Orange feroit içi le même bien à la tête de l'Etat et de l'armée. ......Il y a deux mois et demi que Monsieur de Bentinck n'a pas été chés Mr. Trevor et il y en a beaucoup plus que Mr. Trevor n'a pas été chés Mr. de Bentinck. Mr. de Bentinck ne cherche point à l'éviter, mais il n'est | |
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pas naturel qu'il l'aille rechercher. Si vous étiés bien au fait des circonstances, vous penseriés, Madame, certainement comme Monsieur de Bentinck, c'est à dire qu'il doit, pour son honneur, laisser voir qu'il désapprouve les Anglois et leur ministre ici. Vous souhaités d'avoir des particularités là-dessus. Je vais vous en donner madame. Vous jugerés bien qu'elles doivent être ménagées: non que ce soient des choses secrettes; au contraire, elles sont très publiques ici, mais c'est qu'il ne conviendroit pas qu'elles se répandissent trop en Angleterre par ce canal ci. Mr. Trevor représente depuis cet été l'Angleterre comme un païs où la misère gagne de plus en plus. Il parle devant qui veut l'entendre du mauvais état des affaires en Angleterre. Il dit que le Roiaume a au roi de Prusse de grandes obligations. Qu'il n'y a des écervelés qui soient encore pour la Reine d'Hongrie, et pour la soit disant bonne cause. Il a offert de gager il y a une quinzaine de jours en présence de ministres publics, que le Duc seroit battu par les Rebelles. Il a dit il y a 8 ou 9 jours chés Monsieur de Randwick, alors président des Etats Généraux, en présence de témoins, qu'il ne savoit pas s'il étoit encore ministre public, parcequ'il ignoroit si le Roi étoit encore sur le thrône. Il a parlé dans ces derniers tems comme si tout étoit dans la plus grande confusion en Angleterre et comme s'il étoit prudent de sauver son bien hors du Roiaume. Dînant il y a peu de tems chés Mr. de Haren, Député au conseil d'EtatGa naar voetnoot1), il a regardé pendant longtems une carte des Provinces Unies, et fait plusieurs questions sur divers petits endroits reculés de la Province de Groningue. On en a été surpris, et on lui en a demandé la raison, et il a répondu, qu'il cherchoit un coin où se retirer quand tout seroit perdu en Angleterre. Lorsque la poste fut arrivée mardi au soir, le comte de Salmoux fut dépêché chés lui de la part d'une compagnie qui étoit chés le comte de GollowskinGa naar voetnoot2), pour demander des nouvelles d'Angleterre. Il répondit qu'il n'avoit jamais reçu de dépêches qui lui plussent moins. Cependant cette poste nous a appris la | |
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nouvelle que les Rebelles reculoient. On lui a demandé ce que c'étoit que cet embarquement de Duinkerque. Il a répondu qu'il étoit peut-être paié par des Anglois. Il ne dit rien de tout cela en secret. Il affecte au contraire de publier et de persuader partout que l'Angleterre est dans un très grand péril. Une partie de ce que je viens de rapporter a été rapporté il y a quelques jours dans un café, par des gens qui le traitoient hautement de Jacobite. On parle de lui publiquement d'une manière qui devroit faire de la peine à ses amis: mais ses intimes amis en sont eux-mêmes choqués au dernier point. Vous jugés bien, madame, que cela a beaucoup diminué les liaisons qu'il avait avec Mr. Ch(arles) et L(ady) M(argeret). Il n'y a pas jusqu'à l'amie de L(ady) M(argeret), qui dit qu'il mériteroit d'être chassé. Il a dit dans le mois d'octobre que si ce n'étoit la religion, le Roi ne seroit plus sur le trône. Vous jugés bien, madame, que cette lettre doit être brûlée. Il est bien difficile de penser que tout ce que dit Mr. Trevor vienne simplement de lui. Il est bien vraisemblable qu'il est chargé de répondre que les affaires de l'Angleterre vont mal, afin d'engager la République à faire une paix particulière avec la France, qui serve de prétexte aux Anglois pour en faire une, et pour rejetter toute la faute sur les Hollandois. C'est la conclusion que Mr. Tork a tiré ce matin des discours de Trevor tenus dans une circonstance choisie pour cet effet. On parle encore d'une neutralité, mais l'on soupçonne aussi une déclaration de guerre de la France contre la République. Il faut prendre patience. Le bruit a couru dernièrement que le Roi s'étoit sauvé d'Angleterre, et il y en a qui croïent qu'il étoit ici caché chés Mr. de Bentinck. Il y a quelques jours qu'un homme alla à onze heures du soir demander au portier de Mr. Trevor si cela n'étoit pas vrai. Il dit au portier que le Roi étoit caché chés Mr. de Bentinck parceque sa maison étoit la seule de la Haye où l'on put être en sûreté. Un particulier fort à son aise a demandé à une personne de ma connoissance s'il ne pourroit pas mettre ce qu'il avoit de précieux chés Mr. de Bentinck. Il l'a demandé parcequ'il croit que c'est la seule maison avec celle du Prince d'Orange qui ne risque pas d'être pillée en cas de soulèvement...... | |
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I don't know who is the correspondent of your newspaper writers. There is now and then something that is like the truth. But upon the whole, I must observe that they are ill-informed. Yet, their informations are such that I am sure they come from designing people, who have things publish'd to serve a turn. Very likely they are informed from London sometimes, and at other times by the secretarys of the petty Ministers here, who are all newsmongers, and who can never find depth enough, to satisfy themselves, in the most trifling and insignificant things that happen. I have nothing more to add to-day. You may take this whole letter for mine. |
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