Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekend
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Sorgvliet, 14 November 1745.......(Duitsch en Italiaansch nieuws.) La France fait toujours les plus grands efforts, pour déterminer par la peur les membres du Gouvernement d'ici, à faire la paix, ou une neutralité avec elle. Je ne sai point quel est le but du départ de l'Abé de la Ville: mais il est sûr qu'on s'en est bien servi pour allarmer ici, et pour persuader que le Roi de France est très irrité contre la République... (Ook de Spaansche gezant spreekt van zijn aanstaande terugroeping.) L'ambassadeur a même été chés le Pensionaire lui représenter le danger où etoit la République d'une rupture avec la France et l'Espagne: qu'il seroit bon pendant qu'il en est tems que la République fit quelque démarche pour prévenir ce dont elle étoit menacée. Ce qu'il y a de bon, c'est qu'on n'a garde de parler de la sorte à ce très petit nombre de membres du Gouvernement que l'on sait penser assés fermement et assés sensément, pour regarder la guerre avec la France, comme un bien. Mr. de Bentinck a eu une longue conversation avec l'Abé de la Ville, quelques jours avant son départ pour Paris. Il ne lui a point tenu ces propos si bien arrangés pour les lâches. Ce qu'il y a de bon c'est que l'Abé de la Ville s'est mocqué dans la conversation assés clairement de la foiblesse du ministère Anglois, et du peu de capacité de ces bourgemaistres et de ces pensionaires de villes qui nous gouvernent...... ......Quand Monsieur de Bentinck reviendra, il trouvera que ses confrères aux Etats Généraux ont fait en son absence une belle démarche. Ils ont fait de très fortes représentations à l'Impératrice Reine d'Hongrie pour la porter à ne pas laisser ses troupes dans les Etats de l'Electeur PalatinGa naar voetnoot1), et à ne pas exiger de lui de fortes contributions. L'Electeur Palatin a demandé aux Etats Généraux de faire cette démarche; mais ce n'est pas là | |
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ce qui les a déterminés à la faire. Leur grande raison c'est que la France a appuié de ses menaces la demande de l'Electeur. Elle a déclaré aux Etats qu'elle s'en prendroit à eux, si la Reine d'Hongrie continuait à traiter l'Electeur Palatin comme elle fait...... Vous voiés, Madame, par cet échantillon comment la France traite ce Païs, et comment elle le traitera quand il n'y aura plus d'union entre les alliés. Cette menace est véritablement un affront: cependant on a obéi aux ordres de la France comme s'ils étoient la raison et la justice même. Vous pouvez compter sur la vérité de ce fait. Voici un soupçon formé par des gens malicieux, qui par malheur ne rencontrent que trop juste la plupart du tems. Ces représentations faites à la Reine d'Hongrie pour qu'elle ménage l'Electeur Palatin, pourroient bien n'être que ce qu'on appelle une querelle d'allemand. On fait de ridicules représentations à la Reine, afin qu'elle n'accorde pas ce qu'on demande pour pouvoir se plaindre d'elle et faire de ces plaintes la raison ou le prétexte de démarches que vous devinés bien. On compare un peu ces représentations à celles que certaine Puissance a faites pour porter à la paix avec le Roi de Prusse. |
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