Briefwisseling en aantekeningen. Deel 1
(1934)–Willem Bentinck– Auteursrecht onbekendLoo, 19 Aug. 1745.Monsieur,
J'ai été bien aise d'apprendre par la lettre du sept du courant que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire, que notre ami commun d'outre merGa naar voetnoot1) pensoit encor à moi et aux circonstances où je me trouve; je ne disconviens pas absolument de ce qu'il vous marque, surtout quand à l'excellente maxime qu'il indique, mais en même tems il conviendra bien aussi, et vous tout de même, mon cher Comte, que si le feu est beau, il est de ceux qu'il faut jouer avec une prudence et une attention qui exige un plus habile joueur que moi, ou du moins d'excellens connoisseurs pour les consulter, et son conseil surtout ne pouroit que m'être très utile et agréable, car je sens bien que c'est un jeu purement d'hazard et dont la chance pour le fond du jeu aussi bien que pour ceux et celui qui le jouent est très incertaine. La Princesse qui vous fait bien ses complimens se souvient encor très bien de la conversation de la Maison du Bois dont vous faites mention, et quoique bien des circonstances soient changées et bien des événemens arrivé du depuis, cependant en gros, loin de nous faire changer d'opinion, elles nous ont plustôt confirmé dans notre façon de penser. Vous l'avez seu dès lors que sans vous presser de donner l'explication de certaines affaires | |
[pagina 134]
| |
passées nous vous avons laissé le maître du tems auquel vous croyez le pouvoir faire avec le plus de succès, et nous sommes toujours prêts à l'entendre quand vous le croirez convenir, persuadé que dans le fond vos intentions ont été et sont toujours bonnes. Vous vous souviendrai seulement qu'une conclusion que nous en tirâmes, c'est qu'ayant été dupé vous-même comme vous nous dites, et êtes d'intention de le prouver, vous deviez être moin surpris si cela nous arrivoit, n'ayant pas tant occasion dans l'éloignement d'éclairer la conduite des gens et d'approfondir la nature des choses et la façon dont on les traite. Quand à ce que vous dites que le tems et les événements ont opéré plus vite que vous ne l'aviez cru, quoique vous n'ayez jamais douté que les choses n'iroient de mal en pis, en laissant là ce qu'on pourroit remarquer sur le Cui bono d'avoir tant poussé à la roue pour bien des arrangemens dans une si triste perspective, je vous dirai qu'il me paroit bien que les événemens ont augmenté la confusion et causé de la crainte et de la consternation, mais que je ne trouve pas encor qu'ils ont fait succéder à ce premier mouvement de peur, cette union d'esprit et de sentimens, cet amour pour le bien public, ce zêle et cette fermeté qui seule sont capable de relever le courage abbattu et de faire prendre de mesures sages et de vigueur pour repousser ce danger qui nous menace de plus près que jamais; je n'ai jamais ajouté foi aux bruits de négociations clandestines de votre Province avec la France; mais en conciliant ce qu'une grande voyelle de votre Alphabet a déjà déclaré à notre ami d'outre-mer lorsque j'étois encore parmi vousGa naar voetnoot1), avec le dégout pour la Guerre augmenté par les catastrophes de cette campagne, je ne serois pas surpris que sous main ils tâchent d'acheminer les choses à une pacification qui sera certainement très désavantageuse et plattrée, et dans le repos de laquelle à l'exemple d'un vieux bâtiment qui croule sur ses fondemens, en un jour serein aussi facilement qu'en une tempête, notre République pourroit | |
[pagina 135]
| |
bien trouver sa perte aussi certaine quoiqu'un peu plus différée que dans l'agitation présente. Mr. SismaGa naar voetnoot1) m'a touché quelque chose en son tems de la manière dont il avoit contribué à faire échouer le projet du Comte de Regteren, il a même ajouté que le Pensionaire vouloit faire raport en Hollande de certaines choses qu'il avoit avancées. C'est l'unique foi qu'il m'a entretenu de promotion, que je range dans la classe de ces choses auquel on ne pense plus guerre. J'espère qu'avec l'approche de la saison de la chasse nous aurons le plaisir de vous voir ici. |
|