Poésies(1995)–Charles Beltjens– Auteursrechtelijk beschermd Vorige Volgende [pagina 185] [p. 185] Pensées de nuit Nachtgedanken - Henri Heine Quand je pense, la nuit, à ma chère Allemagne, Une insomnie implacable me gagne; Je ne puis plus fermer mes yeux Inondés de pleurs soucieux. Le temps vient et s'en va comme une ombre éphémère; Voilà douze ans que je n'ai vu ma mère; Plus ils ont fui rapidement, Plus fort toujours croît mon tourment. O tourment, ô désir plus cuisant qu'une flamme! Ma vieille mère ensorcelle mon âme; Loin d'elle, j'y songe toujours, Priant Dieu de garder ses jours. Un amour si profond, dans ses lettres chéries, Tout bas murmure en phrases attendries! J'y vois combien, en m'écrivant, Sa chère main trembla souvent! Sans relâche ma mère obséda ma mémoire, Depuis douze ans qu'emporta la nuit noire; Douze ans, hélas! ont pu passer, Sans nous laisser nous embrasser! L'Allemagne jamais ne perdra l'existence, C'est un pays de force et de constance; Chênes, tilleuls du sol sacré, Toujours je les retrouverai. Ma pensée au pays cesserait d'être amère, Si quelque part n'y demeurait ma mère; L'Allemagne ne peut périr, Ma bonne mère doit mourir! Oh! depuis qu'en pleurant j'ai passe la frontière, Combien déjà m'a pris le cimetière De coeurs aimants, de chers amis! Quand je les compte, je frémis. [pagina 186] [p. 186] Et pourtant il faut bien que je sache leur nombre; Mon noir chagrin n'en devient que plus sombre; Je crois, dans la nuit sans flambeau, Que ma poitrine est leur tombeau! Mais voici, grâce à Dieu, qu'à travers ma fenêtre L'aube française en ma chambre pénètre; Voici ma femme aux yeux charmants, .... Adieu les soucis Allemands! [La Revue Belge 1-2-1889] Vorige Volgende