dominantes dans la création en cours, sans que ces tendances fassent l'objet d'une discrimination, d'une évaluation quelconque en vue d'un inventaire des nécessités. On ne compte plus aujourd'hui, par exemple, le nombre de pièces ‘mobiles’ ou ‘à parcours multiples’, le nombre de pièces ‘aléatoires’. Néanmoins, si l'on pose à leurs auteurs des questions touchant les raisons profondes de cette mobilité, de cette multiplicité des parcours ou de l'intervention du hasard, on n'obtient que des réponses vagues qui établissent que le musicien ne s'est imposé aucune discussion préalable capable de justifier son travail. Il agit en pur épigone, il imite dans le seul but d'être moderne ou, du moins, de paraïïre tel. En fin de compte, une telle attitude rejoint la position naïve par un autre biais que la précédente. Le risque pris par le compositeur est toutefois plus grand parce que son échec à moyen terme ne sera pas mis au compte d'une naïve tranquillité.
La troisième attitude, enfin, est celle qui pose les vraies questions, celles qui surgissent à un moment déterminé de l'évolution musicale et qui tentent d'apporter des solutions sans accepter aucune des pressions ambiantes, sans recourir à des idéologies esthétiques non discutées. Bien sûr, les grandes formes de salut, telles que la ratification de l'histoire, ne peuvent être inéluctablement promises aux représentants de cette attitude (trop de mystères enveloppent l'activité de créateur) mais, il est indéniable que, seuls, les musiciens qui auront été en mesure de résister à toutes les formes ambiantes de manipulation et de conditionnement, et d'imposer des choix directement liés aux nécessités du donné historique de leur art à l'instant de leur intervention, participent de manière effective à la tentative collective d'édifier des témoignages de leur époque.
La chance, mais aussi le mérite de Lucien Goethals est de se ranger dans cette catégorie de compositeurs qui refusent l'immédiateté pour elle-même. Depuis ses premières oeuvres, Goethals s'efforce d'approcher la réalité musicale avec discernement. Quand il a abordé les moyens électro-acoustiques, il était conscient de