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Voici la Flandre
Chaque année, la Flandre est visitée par des milliers de touristes. Ils y engagent la conversation avec les gens flamands, ils y font la connaissance de la profusion de trésors artistiques, ils y assimilent le paysage et le charme des villes, ils y sont confrontés avec les problèmes économiques, sociaux et politiques et ils se demandent où en est la culture flamande actuelle.
Cette édition se veut en quelque sorte le reflet des souvenirs cristallisés dans la mémoire de l'étranger qui a visité la Flandre.
Si cet hôte étranger retrouve dans ces pages-ci quelque aspect de ses propres observations concernant la Flandre, nous estimerons notre but largement atteint car il saura alors que la Flandre est une réalité dans laquelle par son énergie, s'épanouit pleinement un peuple vital, destiné à contribuer largement à l'avenir européen.
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Paroles d'introduction:
La première introduction a été écrite par Son Excellence R.A. Van Elslande, Ministre de la Culture. Il met l'accent sur le fait que les étrangers qui désirent réellement connaître la Flandre doivent réussir à pénétrer au-delà de l'enveloppe qu'est l'aspect bruyant à la Breughel. Celui qui aborde ainsi la Flandre et les Flamands trouve un peuple doué de persévérance, d'hospitalité, d'activité et d'opiniâtreté. Ce peuple s'ouvre généreusement aux cultures et aux langues étrangères mais il continue obstinément à défendre sa propre cuiture. Il est inévitable que, dans une société internationale et européenne, notre culture dynamique et notre primauté démographique suscitent certaines tensions mais cette conscience ne contient aucun aspect agressif.
M. Paul Knapen, Président du Conseil culturel de la Flandre, introduit également ce numéro. Il est nécessaire, écrit-il, que le véritable visage de la Flandre soit montré à l'étranger. Jusqu'à présent, on s'est presque uniquement contenté de consulter à ce propos la presse francophone belge, celle-ci ne s'intéresse d'ordinaire pas à la Flandre ou elle altère à dessein la vérité. Il faut donc que celui qui n'est pas présenté ou qui l'est de façon fausse se présente lui-même: un peuple qui, à chances égales, veut promouvoir son développement dans le but d'occuper la place qui lui revient dans l'unification européenne et internationale tout en conservant ce qui lui est particulier.
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Histoire de la Flandre
Flandre, mon pays:
Carrefour de l'occident
(Histoire du début jusqu'à 1830) par le Dr. J. Demey, Lecteur à l'Université de Louvain.
La première mention faite des habitants du pays actuellement dénommé ‘Flandre’ date de 3500 avant le Christ: il s'agit d'agriculteurs de la Campine et de la Hesbaye. Trois mille ans après, les Celtes se sont établis dans ce pays, qui ensuite a été conquis par les Romains vers 50 avant le Christ. 450 Ans après, le pays a pourtant été occupé par les Francs. A cause de cette situation, nos régions sont devenues le carrefour d'influences germaniques et romaines.
Dans l'unité politique de l'Europe du Nord-Ouest, realisée par Charlemagne, notre pays est devenu un centre de Communications très important dans l'espace commercial allant de la Mer du Nord à la Russie. Lorsque l'Empire carolingien s'est disloqué (843), la partie flamande située à l'Ouest de l'Escaut a échoué à la France, le reste à l'Allemagne. Le pouvoir des propriétaires fonciers s'est pourtant accru et toutes sortes de principautés ont pris naissance: le comté de la Flandre, les duchés du Brabant et du Limbourg, la principauté de Liège, les comtés de Loon, du Hainaut et du Luxembourg et le marquisat de Namur. Les villes aussi - Bruges, Gand, e.a. - ont progressé en puissance et elles ont régné de façon relativement indépendante.
Au moyen âge, les Flamands ont donc vécu dispersés dans diverses patries sans aucune conscience nationale d'une patrie commune. Sous les ducs de Bourgogne et surtout sous Charles Quint (15e et 16e siècles) est réalisée l'Union personnelle des XVII Provinces et l'on a tenté d'étudier les différentes régions comme un ensemble. En vain pourtant, car les Etats-Généraux, corps consultatif national, disposaient de trop peu de compétence.
Dès lors (vers 1555) jusqu'à 1830 la Flandre est devenue un pion sur l'échiquier de l'Europe occidentale. Jusqu'à 1713, elle a réellement fait fonction de champ de bataille européen, également par suite des guerres de religion. Lorsque vers 1713 nous avons été cédés à l'Autriche, les frontières étalent une fois de plus artificielles et sans aucun arrière-fond naturel ou culturel. Nous sommes demeurés sous la domination autrichienne jusqu'à environ 1792, période du despotisme éclairé et de la réaction conservatrice; elle s'est terminée par une révolte générale qui a ouvert la route aux Etats belges réunis. En 1795 notre pays a été annexé à la France et nous sommes devenus citoyens français. La domination française a duré jusqu'à 1814. Les vieilles institutions ont été abolies et les principautés ont été remplacées par neuf départements (devenus provinces plus tard). Quoique le particularisme s'affaiblît, il n'y a pas encore eu question de sentiment national, ni de conscience flamande. A la chute de Napoléon, le Royaume Uni des Pays-Bas a été constitué (1814-1815). Le Nord et le Sud (Pays-Bas) sont pourtant devenus étrangers l'un à l'autre et même un despote éclairé comme Guillaume I n'a rien su changer à la situation vu la résistance de la bourgeoisie francisée et de l'autorité ecclésiastique en Flandre. Enfin en 1830 les dés sont jetés: le Gouvernement provisoire a proclamé l'indépendance de la Belgique. La bourgeoisie francophile avait décidé du sort de la Belgique: elle ne comprenait rien à la dualité ethnique du pays
et, au sein d'une structure d'état unitaire et francisée, la Flandre ‘inconsciente’ et ‘sous-développée’ a dû, durant tout un siècle, former une élite consciente sur le plan national. Cette élite-là a réalisé l'émancipation de tout le peuple flamand.
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Le mouvement Flamand: aperçu historique
(Histoire de 1830 jusqu'à présent) par le Dr. van Haegendoren, Conservateur des Archives nationales de Bruxelles.
La Belgique a été constituée comme un état strictement unitaire et sur le plan politique, la haute bourgeoisie complètement francisée après la période française l'avait en- | |
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tièrement en son pouvoir. Cette couche supérieure dominait aussi exclusivement l'économie du pays. La régression structurale de l'économie flamande et la concentration des grandes industries wallonnes en voie de progression ont paupérisé la masse flamande.
Pour le peuple flamand, ce régime beige a ainsi équivalu à une oppression socio-culturelle que la masse a subie avec résignation mais qui a provoqué une réaction auprès d'un certain nombre d'intellectuels. Cette réaction-là a donné naissance, au Mouvement flamand qui, dès le début, prétendait en majeure partie au maintien et au redressement de la culture et de la langue propres. Les principales figures ont été: J.F. Willems, père du Mouvement flamand (1793-1846) et A. Rodenbach (1856-1880), inspirateur du Mouvement flamand des Etudiants.
Vers la fin du 19me siècle, le Mouvement flamand s'est orienté vers l'émancipation universelle - donc aussi bien culturelle que sociale - des Flamands. Lodewijk de Raet (1870-1914) s'est avant tout efforcé de néerlandiser l'Enseignement supérieur en Flandre afin de former une élite unie.
Sur le plan politique également, le Mouvement a aspiré à supprimer, à l'aide des lois linguistiques, les résultats néfastes du retard et de la défaveur socio-culturelles des Flamands. Quelques petites victoires ont été remportées mais trop souvent elles n'ont été que symboliques. La vie politique beige est cependant demeurée principalement canalisée par les oppositions idéologiques qui s'appellent cléricalisme et anticléricalisme. Avant 1914, le Mouvement flamand a tout au plus réussi à sauvegarder notre existence nationale; cela mérite pourtant la plus haute appréciation puisque le régime beige n'a pas cessé de favoriser la francisation. Vers 1914 la lutte flamande a pu être menée dans la perspective d'une émancipation flamande totale. Les suites de la première guerre mondiale ont été très désavantageuses au Mouvement: les soi-disant ‘activistes’ ont essayé d'obtenir de la part des autorités allemandes la mise au point des griefs flamands mais la faute en incombait en partie aux mandataires belges. La barrière linguistique sociale a provoqué chez les soldats flamands, vivant au front, le Mouvement du Front exigeant l'autonomie pour la Flandre. Ce Mouvement du Front s'est ainsi rallié aux tendances européennes générales du temps concernant le droit à l'autonomie des petits peuples (principes du Président Wilson). A partir de 1919 s'est alors formé dans la vie politique belge un parti radical flamand représentant ces principes. Vers 1920, s'est effectué l'épanouissement d'un certain nombre d'institutions flamandes qui ont été la base de la vie nationale flamande.
Après 1930 et sur le plan politique ont été votées les grandes lois linguistiques basées sur l'unilinguisme des régions flamandes. Entretemps, les Flamands ont presque entièrement perdu la ville de Bruxelles, originairement ville flamande: son rayonnement restait et reste encore défavorable aux Flamands. Au fur et à mesure que le Mouvement flamand a gagné du terrain, la résistance des pouvoirs établis a grandi.
La deuxième Guerre mondiale a causé de nouvelles difficultés au Mouvement flamand. Quoiqu'il n'y ait pas eu question d'un nouvel activisme, les tendances autoritaires qui ont influencé toute l'Europe, ont également pris racine en Belgique: la Wallonie a connu la collaboration violente du Rexisme alors qu'en Flandre elle a surtout prospéré au sein du Parti radical flamand. Cette tendance autoritaire a été une erreur de principe et de tactique de la part d'un mouvement essentiellement démocratique. Après la guerre, les ennemis du Mouvement flamand ont affreusement abusé des erreurs que certains ont commises. Par une répression sauvage on a essayé de toucher la Flandre elle-même. On n'y a pourtant pas réussi. Un certain nombre de nouvelles institutions flamandes se sont formées. Les divergences de conceptions et d'intérêts régnant entre Bruxelles, la Wallonie et la Flandre ont constamment grandi et l'abîme spirituel s'est élargi.
Actuellement, nous pouvons signaler une conscience économique générale en Flandre, résultat de la néerlandisation de l'enseignement; la reconnaissance de la dualité belge doit être acceptée de plus en plus officiellement et elle a pénétré dans les esprits.
Le Mouvement flamand est loin de toucher à sa fin: les intérêts établis disposent encore d'une force totale mais la jeunesse recherche de nouvelles routes. Elle veut considérer le Mouvement flamand actuel comme le bouclier de notre existence et de notre intérêt nationaux au sein d'une Europe intégrée dans laquelle nous désirons occuper une place honorable quoique modeste.
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Mouvement social et economique en Flandre 1850-1960
par O. Vanneste & M. Zwaenepoel, resp. président et collaborateur scientifique du Bureau d'Etudes économiques de la Flandre occidentale.
Au cours de la deuxième moitié du siècle précédent, la Flandre a, elle aussi, été violemment agitée par les problèmes inhérents à l'organisation sociale et économique d'un nouveau type de société. Le déracinement de bon nombre d'agrariens et l'avènement d'un prolétariat industriel ont été de nouvelles données qu'on n'a pu conduire vers une synthèse que par une route bien longue. Vers 1850, l'activité agricole dominait encore fort l'ensemble des activités industrielles et artisanales. Le type d'entreprise industrielle ne semble s'être développé que dans les secteurs du textile, du métal, du oharbon, du verre, du savon et du papier. En plus, nous constatons un niveau très élevé d'activité parmi la population ouvrière (travail de femmes et d'enfants), en une moindre mesure pourtant au Limbourg et au Brabant.
L'événement économique le plus important de la 2me moitié du 19me siècle a été la crise de 1846-47. La pauvreté et la maladie ont submergé la Flandre. Le nombre d'ouvriers agricoles a rapidement diminué; les villes se sont étendues de façon démesurée et le travail à l'usine a constamment élargi son importance. Il faut pourtant souligner que, dans cette période, la Flandre est devenue la partie la moins industrialisée du pays, alors qu'au début du 19me siècle elle comptait encore autant d'ouvriers industriels que la Wallonie. Signalons comme lueurs d'espoir: le développement naissant de l'axe industriel Bruxelles-Anvers et l'expansion du port d'Anvers.
Sur les plans social et politique, la guerre mondiale de 1914-18 contribuera au percement définitif de toutes les forces latentes.
Au cours du 20me siècle la population flamande s'est accrue de façon massive. Aussi le morcellement continuel des industries agricoles n'a-t-il plus offert aucune solution et il a fallu recourir aux secteurs économiques. Des professions artisanales ont été transformées en professions industrielles; une augmentation importante de l'emploi se fait sentir dans le secteur tertiaire (commerce, approvisionnement et services); cette augmentation s'accentuera encore après 1918, la mécanisation et automatisation progressent, l'accroissement de l'administration étatique et des services parastataux se situent dans le même domaine. Au sein du groupement ouvrier s'est produite une révolution totale: l'ascendant des non qualifiés s'est trans- | |
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formé en un ascendant de qualifiés dans un laps de temps s'étendant sur deux générations.
Si au cours du 19me siècle la Flandre n'a pas entièrement suivi l'évolution des courants économiques du temps, on a réussi à se rattraper considérablement après les deux guerres mondiales. Seule la crise de 1930 a temporairement interrompu cette évolution favorable. Quant à l'adaptation de la Flandre à une économie et à une société contemporaines, on peut certainement considérer les années 1920-30 et 1955-65 comme les meilleures des cent dernières années.
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Beaute du pays et des villes
La Flandre occidentale: la chaleur du coeur
par Raf Seys.
La beauté de la Flandre occidentale est fort appréciée dans le monde. Bruges, la Lys, les Halles d'Ypres sont connus loin au-delà de l'Europe.
La Flandre occidentale est la seule province flamande qui touche à la mer; mais cette côte est plus qu'une plage estivale fort fréquentée: sa véritable beauté se découvre en marge de toute cette animation lorsque seul et luttant contre une brise forte l'on côtoie le bouillonnement des vagues et lorsqu'on gravit les dunes d'où l'on jouit d'une large vue sur les polders.
On a vue sur la région de Furnes avec ses villages et ses petites villes comme des joyaux: Furnes, Lo, Nieuport. On s'y souvient de la grande guerre 1914-1918 qui a sévi comme nulle part ailleurs dans cette région de l'Yser noyée d'eau.
Au Nord des polders s'étend la plaine brugeoise; elle est très riche d'histoire: citons Damme, Oostkerke, Lisseweghe.
L'intérieur de la province est une région industrieuse et touristiquement très belle. Houtland autour de Thourout est aussi riche en beautés naturelles que sa terre est pauvre; Wingene reçoit chaque année lors de ses fêtes de Breughel; Tielt vous présente ses Fêtes européennes. Roulers est le centre de l'intérieur, c'est la ville de Rodenbach, de Gezelle et de Peegie, l'esprit espiègle des habitants du ‘Nieuwmarkt’. Ici commence également le complexe actif du coin Sud-Ouest de la Flandre occidentale: Iseghem, Wareghem, Menin, puis le coeur: Courtrai, la ville de Groeninghe, la région du lin, le ‘Golden River’.
Plus à l'Ouest, les collines west-flamandes attirent de nombreux touristes. Dans cette région se trouve aussi la ville d'Ypres, connue à cause de son passé mouvementé et où au cours de la célèbre Fête des Chats la liesse bat son plein. Là, tout près des collines se trouvent les confins de la Flandre occidentale quoiqu'elle pénètre encore loin dans la France aussi bien en ce qui concerne les paysages, les villages et les villes que le peuple et la langue.
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Le spectre de la Flandre orientale
par Miel Kersten.
La Flandre orientale est momentanément une région spécifique de terres fertiles, de bois, de prés, de terrains industriels et de localités qui doivent en grande partie leur développement aux nombreux cours d'eau qui traversent la province en tous sens. Signalons en premier lieu l'Escaut qui coupe la région presque diagonalement, ensuite la Lys, qui se dirige vers le Nord-Est jusqu'à Gand, puis la Dendre, la Durme et les nombreux canaux et cours d'eau secondaires.
L'auteur appelle la région de la Lys ‘la poésie du silence et du recueillement’ qui se révèle le plus purement dans la célèbre région de Laethem-Saint-Martin et de Deurle où ont vécu, travaillé et rêvé tant de grands artistes flamands - nous pensons d'emblée aux expressionnistes. Gand forme le point final de la Lys, c'est une ville ancienne, fière et orgueilleuse de son passé; à présent, sa signification industrielle et culturelle est grande. Son beffroi, son église Saint-Bavon, ses béguinages et l'Agneau mystique de Van Eyck sont connus dans le monde entier. Le Sud-Ouest de la province porte le nom d'Ardennes flamandes'. Les villes d'Audenarde - connue pour son merveilleux hôtel de ville - et de Renaix sont les centres de cette contrée. Plus vers l'Est nous descendons dans la vallée de la Dendre avec son trio de villes typiques: Ninove, Grammont et Alost. Aux alentours, nous admirons de nombreuses petites églises romanes. Le coin du Nord-Est de la Flandre orientale s'appelle, non sans raison, le ‘doux’ pays de Waes, le jardin de plaisance de la province avec ses lourds polders et sa bruyère sablonneuse. La ville de Saint-Nicolas est la perle de cette couronne et possède non seulement la plus grande place du pays mais elle est aussi un centre industriel très actif.
Au Nord-Ouest enfin se trouve le ‘Meetjesland’ qui ne présente aucun aspect spectaculaire mais on y trouve des localités qui valent amplement une visite: Eeclo, Kaprijke, Waarschoot notamment. Ainsi toute la Flandre orientale est entourée de l'éclat d'un large sourire qui nous saisit plus que tout au monde.
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Anvers, perspectives variées et attachantes
par Emiel van Hemeldonck.
‘La ville d'Anvers reste le centre, le coeur économique et culturel de la province’, voilà ce qu'écrit l'auteur de l'article, mais cela ne vaut pas uniquement pour la province mais aussi en quelque sorte pour toute la Flandre: Anvers peut en effet, à juste titre, s'appeler la capitale de la Flandre. Ville aux églises (qui ne connaît pas la célèbre tour Notre-Dame?) et aux musées (nous pensons aux maisons Plantin et aux musées de Rubens), aux parcs et à l'attraction coloriée d'un immense jardin zoologique - ville surtout d"un des plus grands ports maritimes du monde, qui s'étend constamment et qui bientôt se sera emparée de tous les polders allant du Nord d'Anvers jusqu'à la frontière néerlandaise.
Le Sud-Ouest de la province fait également preuve d'une activité industrielle très grande, il a comme centres industriels bourdonnant d'activité Boom et Willebroek. Plus à l'Est s'étendent les exploitations foisonnantes d'horticulture autour de Malines, ville de légumes où la lourde tour Saint-Rombaut témoigne toujours d'un passé glorieux.
A l'Est de la ville d'Anvers s'étend la Campine comprenant les deux tiers de la province: région aride mais pittoresque de sable et de pinèdes: elle sacrifiera pourtant bientôt son aspect paisible à la voix puissante de l'industrie. On y trouve encore de petites villes charmantes comme Turnhout, Mol, Geel, Herentals et Lierre; le silence des vieilles abbayes de Tongerlo, d'Averbode et de Postel reste toujours une bénédiction pour le visiteur en quête de repos. Cette image rustique, légèrement teinte de romantisme, est pourtant peu à peu absorbée par le dynamisme turbulent de la métropole d'Anvers. Toute la province commence à montrer l'aspect captivant d'un centre nerveux et industrieux à l'intérieur d'un paysage paisible.
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Éloge du Brabant
par Pieter G. Buckinx.
Le poète flamand bien connu Pieter G. Buckinx fait en notre compagnie un voyage poétique à travers le paysage on- | |
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doyant du Brabant flamand. Nous y découvrons la ville de Bruxelles, située au centre, comme enchâssée dans une couronne de villes fières de leur passé glorieux: Diest, ancienne résidence des princes d'Orange-Nassau, où sont encore conservés de nombreux trésors historiques - Aerschot, situé aux bords du Demer avec sa tour Orléans, point de vue magnifique sur les collines brabançonnes et sur la plaine campinoise - Montaigu, (Scherpenheuvel) célèbre lieu de pèlerinage de Notre-Dame; là nous sommes tout près de la fameuse abbaye d'Averbode et de Zichem, le village d'Ernest Claes. Le voyage se poursuit vers Tirlemont, ville blanche qui possède, outre des témoins du passé, la plus grande raffinerie de sucre du pays. En passant par Hakendover et Zoutleeuw nous atteignons Louvain, qui a toujours prétendu à éclipser les autres villes flamandes; à présent, Louvain est célèbre à cause de son Université, fondée en 1426 déjà, et également à cause de ses bâtiments splendides. Nous visitons très rapidement la ville commerciale de Vilvorde, nous poussons jusqu'à Hal et nous nous trouvons au coeur du paysage de Breughel. Notre promenade dans Bruxelles dont l'histoire remonte au 7me siècle sera le point d'orgue du voyage. A présent, Bruxelles est une grande ville, débordant de lumière le soir, mais dans cette mer de lumière s'élèvent les vieux bâtiments, fiers témoins d'un passé éblouissant: l'hôtet de ville et les maisons environnantes, constituant dans leur ensemble une
des plus belles places du monde entier, puis la grande quantité d'églises et de palais. Mais notre temps actuel marque également Bruxelles: partout s'érigent des gratte-ciel blancs proclamant le triomphe du vingtième siècle, supplantant les vieilles rues et les vieux quartiers et prêtant à Bruxelles, lentement mais sûrement l'aspect d'une métropole.
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Le Limbourg: un paysage vivant
par Dries Janssen.
Le Limbourg est la province la plus orientale de la Flandre. Les richesses naturelles du sous-sol et l'excédent de la natalité ont provoqué au cours des dernières décades une explosion d'énergie: l'aride région agricole a évolué en une riche terre industrielle (au cours des cinq dernières années pas moins de quatre-vingts nouvelles industries ont été érigées). Au milieu de la bruyère se sont installés les puits et les cheminées de sept houillères: Genk, Beringen, Helchteren, Zolder, Houthalen et Eisden.
Il faut aller chercher au musée en plein air de Bokrijk les maisonnettes et les fermettes en terre glaise de jadis. Le Limbourg n'est pas uniquement le coeur industriel battant à un rythme vigoureux de la région de Genk: il y a aussi la vallée du Demer avec Hasselt comme capitale; il y a la plaine campinoise aux villes et villages étendus tels que Bree, Hamont et Peer; il y a le pays ondulant de la Meuse, de Maaseik à Maastricht; il y a également, au Sud, la Hesbaye, terre fertile et vallonnée avec Tongres, la ville la plus ancienne de notre pays, aux vergers printaniers fleurissants et aux tours romanes, aux églises et aux châteaux très nombreux; il y a aussi la vallée du Geer, célèbre pour ses cultures de champignons installées dans les marnières; il y a finalement le pays d'Outre-Meuse, la délicieuse région des Fourons, depuis peu réintégrée au Limbourg Le Limbourg signifie: la somme des forces émanant des mineurs, des fructiculteurs, des ouvriers industriels et des agriculteurs, un arsenal de families nombreuses et surtout jeunes - le quart de la population limbourgeoise n'a pas vingt ans - garantissant un avenir merveilleux. Les Limbourgeois en sont conscients, ils vous souhaitent la bienvenue dans leur province et, tout fiers, ils veulent vous montrer comme ils sont jeunes et riches.
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La culture actuelle de la Flandre
Points culminants de la culture Flamande jusqu'au debut du 20me siecle
par le Dr. M. De Vroede.
L'aperçu proprement dit de la culture actuelle de la Flandre est précédé d'un résumé concis du riche passé de la Flandre: qu'a-t-on produit alors qui soit d'un intérêt international?
Si nous parcourons l'histoire à grands pas, nous pouvons constater que chez nous également jusqu'au 12me siècle les ecclésiastiques ont été les propagateurs de la culture. La vie spirituelle n'a pourtant pas atteint un niveau fort élevé. Seule l'architecture, purement religieuse, a répondu aux normes internationales. A partir du 12me siècle, lors de l'avènement des villes, une culture laïque a pris naissance: les beffrois et les halles en témoignent encore. Dans ce temps-là nous avons également produit une littérature mondiale: le Roman de Renart, Jacob van Maerlant, Beatrijs, Jan Ruusbroec, Thomas a Kempis, voilà des noms à réputation universelie. Les arts en général sont allés vers un épanouissement brillant. Des perles de chansons populaires nous sont parvenues du 14me siècle, le théâtre en plein air a rayonné sur toute l'Europe occidentale, l'art des Rhétoriqueurs a continué à témoigner d'une vie effervescente jusqu'au 16me siècle. Au cours du 14me siècle, les arts plastiques ont pris leur élan vers un éclat énorme: Claus Sluter nous est toujours connu en qualité de sculpteur; nous admirons toujours le grand nombre de magnifiques miniatures et manuscrits datant du 15me siècle; au 15me siècle nous avons eu comme peintres Van Eyck, Jérôme Bosch; Breughel a vécu au 16me siècle et même le 17me siècle n'est pas un déclin car Rubens et Van Dyck ont joui d'une gloire européenne. Le 16me siècle a également manifesté la
supériorité flamande dans la vie musicale: Ockeghem, Josquin des Prés, Willaert, e.a. Au point de vue de la pratique scientifique également nos régions ont été brillamment représentées par Erasme, Vésale, Mercator, Ortelius, Dodoens, Kiliaan, Stevin, Plantin et Lipse. Au 16me siècle, nous avons fourni des tapis à toute l'Europe.
Mais à la fin du siècle se sont montrés les premiers symptômes du déclin. Au 18me siècle ce déclin a été complet. Vers 1770 un renouveau a essayé de percer mais la francisation de la bourgeoisie avait déjà commencé.
La réaction contre cette francisation a donné naissance au Mouvement flamand, mais il faudrait encore des années avant que la Flandre pût se réjouir d'un renouveau culturel: Conscience, Gezelle, Streuvels, Henry van de Velde, Meunier, Wouters, Ensor et Permeke sont des noms sonores dans la culture de l'Europe occidentale.
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La litterature
par Bernard Kemp.
Il est presque impossible de présenter sommairement la vie grouillante de notre littérature flamande depuis 1930. En ce qui concerne la prose, on peut, plus ou moins, discerner deux périodes: la haute conjoncture de 1930-40 et la seconde floraison vers 1950.
Une nouvelle génération s'est pourtant affirmée entre ces deux périodes. La figure de Gérard Walschap domine la première période; son chef-d'oeuvre ‘Houtekiet’ a paru en 1939.
D'auires prosateurs importants sont: Timmermans, Elsschot, Roelants, Zielens, de Pillecijn, Brulez, Teirlinck, Claes, Van Hemeldonck et Putman.
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La période intermédiaire comprend notamment: Gilliams, Matthijs, Demedts, Duribreux et Lebeau.
La guerre et l'après-guerre ont fait naîttre de nouveaux courants. Nous citons notamment Daisne, Boon, Claus, Carlier, Ruyslinck, Gronon, Rosseels et Germonprez.
Quant à la poésie, vers 1930-40 elle a surtout fleuri autour des revues à tendance vitaliste et esthétique telles que ‘De Tijdstroom’ et ‘Vormen’. P.G. Buckinx est le principal poète de cette période. Quelques autres noms jouissant d'une bonne renommée sont notamment Demedts, Verbeeck, Jonckheere. Deux autres groupes sont opposés à celui-là: les poètes à tendance nationaliste (notamment Moens et Veronocke) et les réalistes (notamment Daisne et Coole). Après 1945, nous trouvons les rénovateurs de la tradition (notamment H. van Herreweghen et J. de Haes). Bref, nous pouvons parler d'un éclat remarquable dont le point final n'est pas encore en vue.
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La musique
par le Prof. Dr. Floris Van der Mueren.
La vie musicale en Flandre a été très mouvementée et plus fertile qu'on ne puisse se l'imaginer. Après quelques siècles de silence, Peter Benoit a insufflé une nouvelle vie à la création musicale flamande. Il convient de lui juxtaposer Edgard Tinel. Ils se sont pourtant surtout limités aux domaines national et religieux. La recherche d'un contact européen a débuté avec des figures comme Gilson, De Boeck et Mortelmans. Leur art devient beaucoup plus subtil quant au sentiment et à la technique. Immédiatement après eux une autre figure importante fait son entrée dans le monde musical: le baron J. Ryelandt. Flor Alpaerts cependant a en quelque sorte donné le signal du renouveau complet qui a percé avec la génération de Meulemans: Meulemans lui-même, Van Nuffel, Van Hoof, De Vocht. L'opiniâtreté avec laquelle l'art orchestral a été mis en valeur est particulièrement frappante. De Jong et Poot ont contribué à cette évolution ainsi que Flor Peeters, le célèbre virtuose organiste.
Les ‘jeunes’ poursuivent actuellement cette tâche: Deroo, de Meester, Decadt, Legley, Roelstraete, Pelemans, Van Durme, Vander Velde, Louel, Vande Woestijne, Goeyvaerts... un grand groupe dont la plupart osent aborder l'expérience moderne. Leur oeuvre est moins connue parce qu'elle n'a pas reçu la notoriété qu'elle mérite, mais elle est et reste honnête, belle et digne d'être propagée bien au-delà des frontières.
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Le theatre
par Bert Van Kerkhoven, Directeur du Théâtre royal néerlandais - Théâtre national d'Anvers.
L'organisation de notre théâtre se trouve actuellement en pleine évolution par suite du procès général d'émancipation en Flandre. Il y a quelques années le théâtre professionnel flamand a été pour ainsi dire concentré à Anvers; mais pour l'instant, Bruxelles, Malines, Gand, Bruges et Courtrai s'affirment aussi: les soi-disant ‘théâtres de chambre’ ont percé; au cours de la saison 1965-1966, Gand aura une propre société et l'école de théâtre ‘Studio du Théâtre national’, qui existe depuis 18 ans, commence à porter des fruits mûrs.
Le K.N.S. (Théâtre royal néerlandais) d'Anvers et le K.V.S. (Théâtre royal flamand) de Bruxelles adaptent leur répertoire à un ‘public urbain’ moyen; en plus, ils sont tenus à jouer au moins deux pièces classiques et deux pièces flamandes mais les deux directions s'efforcent de garnir leur répertoire de pièces provenant de la production moderne. C'est ainsi que ‘Le Drame du Fukuryu Maru’ (Cousin) a pu être présenté en version intégrale même avant la France.
Quant aux propres auteurs de théâtre flamands ils reçoivent toutes les chances de s'affirmer. Il faut noter que le K.N.S. et le K.V.S. ont dû plusieurs fois prendre de plus gros risques pour des pièces flamandes qu'il ne soit justifié objectivement. Jozef Van Hoeck, Tone Brulin, Hugo Claus, Herwig Hensen, Staf Knop, Walter Eysselinck et Piet Sterckx ont tous été joués plusieurs fois. Les chances sont donc réelles mais - bien entendu - changeantes.
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Le cinema
par Ivo Nelissen.
En ce qui concerne la culture cinématographique, la Flandre est encore un pays en voie de développement. Quant à la production, nous ne sommes nulle part parce que le facteur économique s'avère être le handicap le plus grand. Le film est en effet une unité d'éléments économiques, techniques et artistiques telle qu'aucun ne saurait en être éliminé sans rendre l'ensemble impossible.
Il faut dire que des initiatives dignes de louange ont été réalisées comme par exemple le festival national du film à Anvers, mais les prix sont de loin insuffisants pour couvrir les frais de production.
Les possibilités d'entreprendre de grandes productions dépendront des subventions de l'Etat.
Quant à la distribution, - problème cinématographique également très important - elle est examinée de près par le haut conseil de la culture cinématographique.
On trouve assurément assez d'éléments techniques et artistiques en Flandre: nous possédons un Institut technique de la Radio et du Cinéma (2 années d'études) et un Institut national supérieur des Arts du Spectacle et de la Technique de Diffusion (4 années) et la section photographique et cinématographique de l'Institut supérieur Saint-Luc (3 années). Il est également réjouissant de constater que la plupart des cinéastes flamands n'ont pas voulu céder à un succès commercial facile, même dans les circonstances les plus difficiles. Une activité intense est également développée en vue de la formation d'un public qui réclamera des films de valeur. Tout révèle qu'en Flandre des tentatives sérieuses sont faites pour que se crée un nouveau climat dans lequel pourra prospérer la culture cinématographique flamande.
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La sculpture
par le Dr. Gilberte Gepts, Conservateur au Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.
La sculpture flamande actuelle représente une image réfléchie réduite de ce qui se passe dans les autres pays européens dans le domaine plastique. Nos sculpteurs ont difficilement accepté l'emploi de plans concaves et convexes au prix d'une dimension modelée de façon impressionniste, mais après 1948 ils ont fait table rase du passé et ils se sont laissé inspirer par leur imagination et leur sentiment. Aussi décerne-t-on chez beaucoup de jeunes un retour au symbolisme à origine religieuse ou magique. Il n'y a pas de séparation essentielle entre les tendances soi-disant figuratives et abstraites. De nouveaux matériaux sont employés et ils gardent leur valeur intrinsèque quoiqu'il faille dire que des excès exagérément brutaux sont d'ordinaire repoussés en Flandre. La production des jeunes adopte des formes très divergentes et de la façon la plus naturelle croissent et se juxtaposent les oeuvres figuratives et non figuratives. Nous pouvons noter comme principaux jeunes: Frans van den Brande, Gerard Holmens, Rik Poot, Reinout et Roel d'Haese, Oscar Landuyt (également
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connu comme peintre), Vonck, Cobbaert, De Buck, Vindevogel et Roger Bonduel. Leur esprit reste dirigé contre l'académisme, le nivellement et les banalités d'une avantgarde à la mode mais il lutte pour la sauvegarde de l'homme en tant qu'être pensant et créateur. Aussi ne faut-il pas douter de l'avenir de la sculpture flamande.
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La television
par René Bodson, Centre catholique de la Radio et de la Télévision de Bruxelles.
A vrai dire, depuis sa création, la télévision flamande a largement contribué à l'émancipation culturelle du peuple flamand et surtout de cette population jadis isolée et presque dépaysée vivant hors des grands centres. Pourtant la télévision a joué ce rôle par son existence pure et simple plus que par la personnalité et l'idéalisme de ses institutions. Des soucis idéologiques et politiques ont eu comme résultat le fait que nous voyons actuellement la télévision flamande comme une organisation bourrée de compromis nivelants et dépourvue d'animation enthousiaste et de vision grandiose.
En rapport avec le programme, il y a lieu de dire que la télévision flamande vit depuis des années au-dessus de ses moyens: une moyenne journalière de six heures d'émission dépasse les moyens financiers, culturels et techniques. Quant à ceux-ci, on s'attend prochainement à une amélioration sensible grâce à la construction du nouveau centre aux limites de Bruxelles. Pourtant la télévision est et reste très populaire.
L'ensemble de la matière à présenter se disloque en de petites subdivisions de programme ce qui amène un morcellement prêtant à la perspective globale un aspect de manque de caractère. En même temps l'attention est détournée des programmes plus adultes.
Malgré tout, la balance des mérites penche vers le côté favorable mais on doit urgemment tendre à la formation d'un cadre stable mais souple à l'intérieur duquel des gens de métier universels et libres de tous soucis autres que professionnels puissent travailler à une grande télévision.
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La radio
par Karel Hemmerechts, Secrétaire de la Direction générale de la Radio et de la Télévision belges.
La radio se rend surtout utile en Flandre dans les domaines de la langue, de l'humour et de la musique.
Quant à la langue, chacun considère à présent comme un fait évident que la radiodiffusion - à quelques exceptions près - se sert du néerlandais-standard par opposition à la radiodiffusion wallonne qui croit devoir attribuer au dialecte liégeois par exemple une place plus importante qu'auparavant.
Mais la radio dévore le talent créateur: les professionnels de la parole ne peuvent plus venir à bout de leur tâche et de plus en plus on doit faire appel à des collaborateurs d'occasion et permanents. Aussi la radiodiffusion ne saurait-elle qu'accomplir pleinement sa tâche dans la mesure où les générations d'auditeurs de demain apprendront à parler de façon naturelle et correcte.
Quant à l'humour, de plus en plus de gens savent apprécier l'humour de qualité et la radio peut s'enorgueillir du mérite de développer ce sens de l'humour raffiné, témoins notamment le programme à succès ‘Toast’ et les ‘causeries’ de Jos Ghijsen, Miel Cools et Louis Verbeeck qui, en plus, sont de spirituels virtuoses du Bon Usage néerlandais (A.B.N.).
La BRT soigne aussi particulièrement les émissions musicales et elle attache une importance primordiale aux émissions publiques. En 1963, 20.815 intéressés ont assisté à un concert public. Le Festival de Flandre qui occupe maintenant une place dans la série des manifestations artistiques internationalement réconnues forme le couronnement annuel de cet effort.
Ainsi la radio vit actuellement une deuxième jeunesse, une évolution favorable qui coincide heureusement avec la prise de conscience culturelle du peuple; la radiodiffusion veut absolument contribuer à cette prise de conscience.
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La peinture
par G. Gyselen
Vers la première guerre mondiale, la production artistique de nos régions a été dominée par l'expressionnisme. Laethem-Saint-Martin en est le port d'attache, plus tard il en sera le mot magique hypnotisant. Jusqu'à présent, ce courant, enrichi de nouveaux éléments, envoûte encore des peintres doués. La génération des animistes qui se manifeste vers 1930 a également été dominée par lui au cours d'un certain temps. Elle n'a pourtant pas renoncé à sa personnalité. Sa palette sensible et lumineuse qui nous rappelle parfois l'impressionnisme ou le déclenchement de l'univers imaginatif surréaliste caractérisent ses propres voies. Pendant mais surtout après la deuxième guerre mondiale de jeunes courants réclament l'attention. Quoique l'art abstrait ait pris racine chez nous déjà avant 1914, cette tendance ne gagne que de nombreux partisans vers 1950. Les abstraits froids, les tachistes et les non formels s'affirment. On suit avidement ce qui se passe au-delà des frontières. Beaucoup de jeunes peintres ne veulent pas être en retard.
Il est insensé de citer ici des noms d'artistes; ils sont trop nombreux et le temps ne les a pas encore irrémédiablement triés. Certains parmi eux se sont révélés comme de fortes personnalités. L'influence de l'expressionnisme a conduit à des réactions intéressantes soit à un éloignement de la langue formelle figurative soit à la revalorisation du coloris. Le surréalisme semble être un champ de travail à part où ne se manifestent que peu de grands peintres. Certains abstraits, probablement par leur contact avec le pop'art penchent vers un retour à la peinture figurative. La génération qui vers les années 50 a raffolé des abstraits atteint à présent l'âge mûr.
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L'architecture
par l'Ir. Frère Urbain, Directeur de l'Institut supérieur d'Architecture et d'Arts décoratifs Saint-Luc de Gand.
L'auteur traite le sujet de façon très nuancée; il nous fait écouter quelques voix dont l'autorité est reconnue; mais il accentue le fait qu'une part énorme de ce qu'on construit actuellement en Flandre témoigne d'un vide culturel au point de vue de l'architecture. Cela s'explique en premier lieu par un manque de doctrine concernant l'urbanisme, par les ambitions uniquement matérielles des grands propriétaires fonciers et des architectes irresponsables, mais aussi par la censure paralysante des administrations dont la compétence est très rarement proportionnée au pouvoir.
Quoique lentement, la solution commence à apparaître: le Flamand acquiert de plus en plus de goût et il doit et il va s'adresser exclusivement à des architectes compétents. La grande architecture actuelle existe déjà en Flandre comme expression d'un bon nombre de performances individuelles; elle attend pourtant la voix prophétique de l'esprit et de la conscience qui, comme un autre Ezéchiel, saura métamorphoser toutes les pierres de construction détachées et mortes en une architecture pleine de vitalité.
(adaptation par Hugo Brutin, Ostende)
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