De Stijl 1 1917-1920

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De Stijl
Maandblad gewijd aan de moderne beeldende vakken en kultuur Redactie: Theo van Doesburg.
3^E jaargang. Februari negentienhonderdtwintig. Nummer 4.

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Reflexions III (fin).
Par G. Vantongerloo.

‘Oui! Mais je ne vois pas ce que c'est. Je ne vois pas ce que cela représente’, me disait-on en regardant un tableau où toutes les couleurs étaient en équilibre par l'unité. Par destruction du sujet et par construction de l'équilibre. Je dis: Mais c'est la construction de l'équilibre et l'unité. Vous semblez vouloir chercher le sujet, mais qu'importe le sujet. Si vous voyez une figure (sculpture) d'un Volendamois, vous êtes tout aussi capable de demander ce que c'est, si vous ne savez pas ce que c'est Volendam. Et cependant peu importe au point de vue d'art. Ce Volendamois s'appelle aussi Jean, il est pêcheur et Volendam est dans le nord de la Hollande. Est-il donc nécessaire de donner tous ces renseignements pour expliquer un Volendamois? Il faudrait alors aussi dire que les pêcheurs ont une façon spéciale pour s'assoir et qu'ils portent des culottes spéciales.

Mais qu'est ce que celà importe au point de vue du rendu de l'oeuvre? Si donc j'ai obtenu l'unité dans mon tableau, pourquoi faire alors une conférence? C'est l'unité et l'oeuvre est faite. Si je vous dis que ce Volendamois s'appelle Jean, est ce que cela vous avance? Et si je vous explique entièrement le sujet, est ce que vous comprendrez l'oeuvre? Pourquoi donc vouloir savoir ce qui importe peu?

S'il importe peu que le sujet s'appelle Jean, qu'il est pêcheur et Volendamois, qu'il porte une large culotte et un bonnet et si la construction de l'oeuvre importe, son rendu, alors le sujet est superflu. J'aurais tout aussi bien pu faire la construction d'autre chose, pourvu qu'il y a construction.

Déjà ici la destruction du sujet commence et ce n'est plus que la construction qui importe le rendu.

Maintenant reste à comprendre destruction et construction et vous aimerez l'unité.

Pour tous incrédules, je tiens encore à citer ce que dit Ernest Hello sur la goutte d'eau, la ‘vapeur’.

‘Imaginez le rire du XVIIIième siècle, si on lui avait parlé d'un chemin de fer. Imaginez la coalisation des hommes raisonnables, leurs plaisanteries et la satisfaction qu'ils auraient eue à se moquer! Imaginez la tranquillité de leur ironie, la bonne foi pleine et entière avec laquelle ils auraient raillé les fous, les fous qui auraient dit: Cela sera.

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Et les montagnes? aurait demandé le philosophe du XVIIIième siècle avec le plaisir insolent de l'objection qui se complaît en elle-même.
On les piercera, aurait répondu le fou. J'entends d'ici l'éclat de rire, le rire fou du philosophe.
Vous direz peut-être à la goutte d'eau que ce n'est pas elle qui transporte les montagnes, elle passe, il est vrai, à travers leurs flancs déchirés, mais ce sont les hommes, armés de leurs instruments, qui lui ont frayé sa route à la sueur de leur front.
La goutte d'eau vous répondra que cette circonstance agrandit son triomphe, au lieu de le diminuer. Sa route est faite d'avance, elle va venir et déjà les montagnes ont disparu. L'homme dit à la terre: Voici la vapeur. Retire-toi vite, elle est pressée.
L'homme est un héraut d'armes qui annonce au globe terrestre que le souverain va paraître.
L'homme qui nie est toujours content de lui. Le doute est le paradis de l'orgueil. Celui qui fait une objection s'admire toujours. C'est que l'objection est la moëlle des os de l'homme. Celui qui affirme, qui annonce, qui proclame, celui qui aurait dit: La vapeur traînera le feu et l'homme à travers la terre percée, celui-là sort de lui-même, cet homme se livre au transport. L'homme raisonnable, au contraire, reste en lui-même, il fait appel à son propre fond, il invoque ce qu'il sait déjà, il limite l'avenir à lui-même, il a tout avantage de la situation jusqu'au jour où la vapeur, traînant l'homme et déchirant le globe, lui montre de quoi il s'est moqué, - et le rieur tombe dans un ridicule sans nom! Et les masses énormes de matière, déchirées, soulevées, emportées, vaincues disent à la force légère, motrice, active, ardente, qui va passer: Voici que nous vous apportons, par notre faite, le magnifique témoignage de notre faiblesse.

Peut-être que tout ceci vous donnera foi dans l'art nouveau et vous évitera de confondre son but, qui n'est ni science, ni philosophique, mais l'art tout pur. Le devoir de l'artiste est d'aimer le vrai.

Encore un mot sur les complémentaires.

J'attire spécialement l'attention sur cette vérité pour éviter l'erreur de croire que, si on a fait l'unité de destruction et de construction, on a créé une oeuvre. C'est cependant vrai qu'il faut créer par l'unité de destruction et de construction, ou les deux complémentaires. Mais voici: Force et matière¹⁾ sont complémentaires, mais il y a dans matière aussi deux complémentaires. La matière contient le concret et l'abstrait. Tous deux subissent également la loi de destruction et de construction. Le concret est le visible, qui est le changeable de la matière. L'abstrait est ce que la matière a de plus absolu. Ce sont deux complémentaires. L'un donne, l'autre exécute.

Le concret contient la destruction et la construction pour conserver son existence et cela par la propagation, qui ne peut se faire que par destruction et construction. C'est sa continuité²⁾. Par la propagation le concret est exécutant.

L'abstrait contient destruction et construction. Il donne évolution et c'est ce que le concret reçoit et exécute.

L'abstrait contient destruction et construction pour conserver son existence d'évolution, qui ne peut se faire que par destruction et construction.

La Force contient également deux complémentaires: l'esprit et la pensée. L'esprit est abstrait, la pensée est concrète. L'esprit reçoit et donne et la pensée exécute.

Les arts sont égalements complémentaires.

1) Par ‘matière’ est compris la grande création. Pas de la matière ou l'objet.

2) Si non, il y aurait une fin à la création.

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BIJLAGE V VAN ‘DE STIJL’ 3e JAARGANG No. 4. KOMPOSITIE B (1919), PIET MONDRIAAN.

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La peinture est destructive.

La sculpture et l'architecture sont constructives.

La peinture contient en elle-même aussi deux complémentaires. Elle contient aussi destruction et construction.

Maintenant la couleur est destructive par rapport à l'objet. Mais une couleur peut être constructive et complémentaire par rapport à une autre couleur. Elle sera en proportion ou relativité de proportion.

Dans l'oeuvre picturale il faut les complémentaires de destruction et construction. Il faut détruire le côté capricieux, le changeable et construire la valeur absolue, l'invisible. Mais comme la couleur détruit toujours, elle détruit aussi la surface qu'elle occupe. Les futuristes ont détruit la surface par des lignes. La ligne aussi est destructive.

Le tableau qui est une surface, est un plan construit. Donc pour un tableau, la couleur et la ligne sont destructives par rapport au plan qu'elles occupent et détruisent. Il faut donc construire sur une surface des surfaces, par la couleur et la ligne et détruire la surface par la couleur.

La sculpture et l'architecture sont constructives et ont sur elles-mêmes aussi deux complémentaires et contiennent aussi destruction et construction.

Un volume est toujours constructif, mais la sculpture. qui est l'art du volume, contient destruction du concret et construction de l'abstrait.

Destruction et construction sont complémentaires, mais destruction doit être en proportion relative avec une destruction et construction en proportion relative avec une construction. Les surfaces, comme les volumes, sont constructives.

La destruction d'un volume, est le vide.

Si on veut détruire un volume, on peut aussi le faire par la couleur.

Les ouvertures et les taches de couleur détruisent le plan dans l'architecture.

Par l'equilibre, non symétrie, du vide et du volume, on peut construire. Le sculpteur dans son bloc de marbre commence par détruire. Il détruit le volume et construit des vides et la destruction ‘vide’ construit un nouveau volume. Il crée des vides et par la création des vides, il crée des volumes. Il construit maintenant le vide qui est destructif et aussi constructif, comme le volume qui est constructif, est destructif par rapport au vide construit. L'architecte construit des vides. Il ferme le vide par des plans. Le plan est constructif, parce qu'il contient support et fardeau.

Donc l'architecte construit les vides ou il ferme les vides par la construction des plans et il ouvre des vides par la construction des volumes ou blocs.

Donc la surface du tableau est détruite par la couleur et la ligne. Elle est défaite ou décomposée, déliée et doit être liée par le cadre, qui lie ou ferme ce qui a été ouvert. La sculpture et l'architecture qui sont constructives doivent être défaites et par ce fait complètées par la vide. Le volume est fermé. Le vide ouvre ce qui a été fermé.

Maintenant, dans la nature tout ce que nous voyons est détruit par la couleur Si on supprimait dans la nature la couleur, nous parlerions certainement de construction, car nous verrions alors que tout est construit dans la nature et que cette construction est détruite par la couleur. La couleur nous attire, mais elle détruit et nous empêche de voir le volume et la

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construction. Seulement, cette destruction et construction est l'unité de la création. C'est l'harmonie.

J'ai déjà dit que tout est complémentaire dans la nature, si donc on veut crèer, il faut connaître les lois des complémentaires.

Une couleur par rapport à une autre couleur, a sa couleur destructive et sa couleur proportionelle.

Le vide par rapport au volume est destructif.

La couleur est destructive par rapport au volume. La ligne est destructive par rapport au plan. La femme est destructive par rapport à l'homme. La nature est destructive par rapport à la végétation. Pour que la terre, ‘la nature’ porte des fruits, il faut que la semence qui est aussi de la nature, soit détruite par la nature, soit corrompue. Ainsi la nature se détruit pour se reconstruire, sinon elle irait à l'encontre de sa continuité et ceci n'est pas possible, car la végétation impose à la nature de détruire pour construire et c'est par là qu'elle est éternelle.

Ceci démontre que chaque chose créée est un avec la création et qu'il n'y a qu'une seule création et un seul créateur ou Force. Aussi avons nous la preuve, que la Force et le créateur ne font qu'un, parce que la création donne sa vie pour la répandre, semer et multiplier.

Personne peut ôter la vie à la création, mais elle la donne d'elle-même. Rien n'est forcé dans la création, tout vient à son temps. La création a le pouvoir de détruire et de construire, elle a reçu cet ordre de la Force. C'est la Force qui ordonne à la création et la Force et la création ne font qu'un. C'est l'unité de deux complémentaires.

Celui qui croit en la création, ne croit pas seulement en elle, mais il croit à la Force qui l'a créée. Et celui qui voit la création, voit son créateur. Et sans la destruction, la construction ne peut pas exister et sans la destruction, la construction ne peut rien faire, ni la destruction sans la construction. C'est par l'unité et la recréation de destruction et de construction mutuelles que tout existe. C'est disparaître pour reparaître. C'est la résurrection.