André Leysen raconte sa jeunesse et sa collaboration
L'industriel André Leysen (o1927) n'est certes pas le premier venu. Capitaine d'industrie de haut niveau comme on n'en dénombre pas beaucoup à l'intérieur des frontières belges, il assuma un jour le rôle de sauveteur in extremis du principal quotidien flamand De Standaard, dont il est toujours le propriétaire. Causeur très affable, il semble avoir réponse à tout et n'hésite pas à faire connaître son opinion sur toutes sortes de sujets, et il est par-dessus le marché l'auteur de quelques livres où il commente les événements sociaux ambiants. Toutes ces raisons justifient donc que l'on prenne connaissance avec le plus grand intérêt de son dernier ouvrage Derrière le miroir - Une jeunesse dans la guerre.
On savait que les activités de Leysen pendant la guerre pouvaient prêter à questions. Il était encore un adolescent quand les Allemands occupèrent la Belgique. Mais ce qu'il a vécu de manière manifestement très consciente au cours des années d'occupation aurait largement valu à d'autres une lourde peine lors de la répression
André Leysen (o1927).
d'après-guerre. Heureusement pour lui, l'auteur a échappé à ce règlement de comptes et est devenu, en revanche, ce qu'on appelle communément une personnalité de premier plan. Pendant cinquante ans, il n'a pas donné de réponse publique à des questions concernant ses activités pendant la guerre. D'aucuns ont ‘utilisé’
Derrière le miroir, qui avait été annoncé comme une réponse franche, avec un empressement évident, mais même la campagne médiatique soigneusemenet orchestrée autour de la publication du livre n'empêche pas celui-ci de décevoir.
Dès les premiers mois de l'occupation, Leysen quitte son collège anversois pour la Deutsche Schule, l'école allemande, dans la ville sur l'Escaut, devient membre des Jeunesses hitlériennes, où il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie, et part pour l'Allemagne avec ses Jeunesses hitlériennes quand s'annonce l'heure de la libération. Dans un Berlin menacé, il devient le factotum de René Lagrou, grand collaborateur flamand qui représentait le ‘gouvernement flamand en exil’ dans la capitale