A la redécouverte de Petrus Christus
Si la date de naissance du peintre Petrus Christus est inconnue, nous savons cependant qu'il excerça son activité à Bruges à partir de 1444. Il mourut dans cette même ville fin 1475 ou début 1476. Ainsi couvre-t-il précisément la période entre le décès de Jan van Eyck en 1441 et l'arrivée à Bruges de Hans Memling en 1465. Il réalisa ses oeuvres datées entre 1446 et 1457.
L'oeuvre de Petrus Christus n'est pas particulièrement vaste. Si neuf de ses oeuvres portent sa signature (dix jusqu'au siècle dernier), son nom tomba quasiment dans l'oubli après sa mort. Il ne fut redécouvert qu'au xixe siècle et fut jusqu'en 1970 considéré comme le successeur plutôt médiocre de Jan van Eyck. Plus tard, le courant s'inversa peu à peu en sa faveur et une nouvelle monographie de Maryan Ainsworth semble consacrer cette tendance.
A l'origine, l'ouvrage de Ainsworth n'est autre que le catalogue qui accompagne l'exposition Petrus Christus: Renaissance Master of Bruges organisée de la mi-avril à la fin juillet 1994 au Metropolitan Museum of Art à New York. Mais grâce à la foule d'informations nouvelles qu'il révèle, ce livre constitue une importante contribution à notre connaissance de l'oeuvre de Petrus Christus. Aussi est-il tout à fait justifié qu'il paraisse à présent en version néerlandaise et française.
De nos jours, des techniques photographiques de pointe permettent de mettre en évidence la signature d'une peinture sur bois. Ce procédé fournit des informations utiles quant au style et à la méthode personnels de l'artiste. Dans certains cas, elle permet en outre de confirmer ou d'infirmer des attributions discutées. Et à partir d'une analyse détaillée de l'évolution stylistique et technique de l'art de Petrus Christus (il apprit progressivement à maitrîser la perspective linéaire mathématiquement construite), Ainsworth découvre des points de vue nouveaux et remarquables sur la composition de son oeuvre.
Nombre de ses oeuvres furent également soumises à une analyse dendrochronologique surtout pour en établir la chronologie. La date d'abattage de l'arbre dont fut extrait le panneau de bois est déterminée à partir des anneaux de croissance du panneau. A l'exception de deux cas, ces dates correspondent en effet parfaitement à la chronologie plus générale d'Ainsworth.
Toutefois, l'écart le plus frappant concerne un tableau ‘attribué à Petrus Christus’ (Cat. 3): en effet, non moins de 75 ans séparent la date présumée de l'abattage de l'arbre et la date de la peinture. Et ce alors que l'écart normal était de dix à vingt ans. Cependant, ces disparités ne semblent aucunement inciter Ainsworth à réviser ses conclusions.
Par ailleurs, cette étude présente en outre le grand mérite de ne pas isoler les ‘scènes’ de leur contexte historique. Et Ainsworth y associe très explicitement les idées théologiques qui influencèrent l'environnement de Christus. Les compositions tout comme bon nombre de détails retrouvent ainsi la signification que le peintre et le public leur auraient attribuée. Citons par exemple les commentaires d'Ainsworth à propos de Madonna van den Droghen Boom (La Madone à l'arbre desséché, Cat. 18) et Heilige Familie in een huiselijk interieur (Sainte Famille dans un intérieur domestique, Cat. 20).
Dans son catalogue, Ainsworth commente enfin cinq dessins qu'elle n'hésite pas à mettre en