aussi, importante, surtout au début du xviie siècle.
Provenant de sources diverses, l'argent affluait dans les Pays-Bas du xviie siècle, dans des quantités inégalées en Europe avant le xixe siècle. A tel point que le volume des paiements en nature devenait tout à fait secondaire.
En matière politique, la République annonçait déjà, tout en s'en écartant par certains côtés, le processus de formation de l'État moderne. Le pouvoir, convenablement organisé, réussissait à assurer la sécurité des citoyens, à soutenir puissamment les intérêts économiques, notamment dans le domaine des échanges commerciaux et de la pêche, et à maintenir l'ordre et la paix dans le pays. La collecte des impôts s'effectuait grâce à un système fiscal passablement moderne, ratissant large et comportant déjà des éléments de progressivité. L'État n'hésitait pas à s'endetter et la dette publique bénéficiait de la confiance des investisseurs.
Dans le cadre de l'assistance sociale, les personnes démunies étaient secourues non seulement en temps de crise mais de manière continue, comme cela se fait dans une société urbanisée, mercantile et individualiste. Le système d'imposition et l'aide accordée aux pauvres étaient, il est vrai, loin d'égaler les normes en vigueur dans l'État-providence du xxe siècle, mais ils devançaient très largement celles qu'appliquaient alors les autres pays préindustrialisés d'Europe.
Le système politique, bien que fort éloigné encore du suffrage universel, était tout de même déjà imprégné d'une idéologie antiabsolutiste et, dans la pratique, respectueux des droits de l'homme. Les Néerlandais se trouvaient dans une situation sociopolitique que, d'après les conceptions de l'époque, on qualifiait de réactionnaire mais qui, en réalité, contenait en germe les ingrédients d'une modernité précoce.
De Vries et Van der Woude font observer, en conclusion, que l'économie néerlandaise des xviie et xviiie siècles a joué un rôle de pionnier dans l'élaboration de ce qui s'appellerait désormais ‘la croissance économique moderne’.
Christiaan Berendsen
(Tr. U. Dewaele)
jan de vries et ad van der woude, Nederland 1500-1815, Balans, Amsterdam, 1995.